Stratégie
Un succès surprise pour le lait de Lozère
Créé il y a quinze ans par la Laiterie Rissoan, le lait de Lozère connaît un succès grandissant auprès des consommateurs. L’entreprise envisage de déménager pour répondre aux nouveaux marchés.
Créé il y a quinze ans par la Laiterie Rissoan, le lait de Lozère connaît un succès grandissant auprès des consommateurs. L’entreprise envisage de déménager pour répondre aux nouveaux marchés.
Au départ, le lait de Lozère n’a pas été créé pour devenir une star du rayon crémerie des grandes surfaces ! « Il y a quinze ans, on a lancé du lait en brique pour passer notre surplus. On a eu l’idée de l’appeler “de Lozère” pour faire référence au terroir, mais on ne pensait pas que cela se développerait aussi vite ! » rappelle Claude Sepchat, le directeur du site de la laiterie Rissoan qui est propriétaire de la marque lait de Lozère.
De quelques centaines de milliers de briques au démarrage, le lait de Lozère s’écoule aujourd’hui à plus de 1,5 million de bouteilles par an et pourrait même atteindre les 2 millions de litres. Commercialisé dans près de 200 points de vente, il est particulièrement recherché par les consommateurs lozériens, mais aussi de plus en plus hors du département. « Jusqu’à présent, on vendait beaucoup sur Mende, mais on est de plus en plus sollicités par des marchés du sud de la France. Les gens recherchent des produits régionaux, et on bénéficie de cet engouement. La grande distribution notamment nous fait du pied. Le problème, ce sont les volumes : si on dit oui, il faut pouvoir livrer », précise le directeur.
La grande distribution nous fait du pied
La laiterie qui fête ses 70 ans est de taille familiale, elle collecte 5 millions de litres de lait par an auprès de 24 producteurs situés dans un rayon de 10 à 15 kilomètres autour du site, dont une moitié en Lozère et une autre en Ardèche. Chaque année, elle transforme 3 à 3,5 millions de litres de lait en fromages pasteurisés à pâtes blanche ou persillée, vendus sous sa marque. En 2017, la laiterie qui emploie douze salariés toute l’année (et jusqu’à 18-20 en saison estivale) a réalisé 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Quoi qu’il arrive, notre objectif est de nous développer, mais il faut étayer tout ça, il faut s’assurer », poursuit Claude Sepchat.
Trouver de nouveaux producteurs
La laiterie doit relever deux défis : trouver de nouveaux producteurs de lait pas trop éloignés et adapter ses moyens de production dans des locaux vieillissants. « Avec 5 millions de litres par an, on arrive en effet à saturation », estime le directeur. Or, recruter de nouveaux producteurs n’est pas si simple : dans le nord-est de la Lozère, comme partout en France, la filière laitière est plutôt en perte de vitesse et « ceux qui sont en activité sont déjà sous contrat », précise-t-il.
Tout en prospectant, la laiterie réfléchit aussi à déménager : coincé entre la route et le chemin de fer, l’actuel site ne peut être ni agrandi ni modernisé aisément. « Nous sommes en pourparlers avec la CCI de Mende et les communautés de communes pour nous implanter ailleurs, tout en restant en Lozère. Cela nous permettrait aussi de créer une ligne d’embouteillage et de produire sur site, car pour le moment, le lait de Lozère est conditionné à Auzances, dans la Creuse », explique le directeur.
En tout cas, pas question pour Rissoan de céder aux sirènes des grands industriels qui lorgnent avec envie sur la marque. « On veut garder notre identité sur le lait et continuer à surfer sur la vague des produits de terroir, prévient le directeur, mais on travaille aussi sur un autre marché : le bio. »
Une image qui plaît aux enseignes
Le lait de Lozère garantit une origine : il provient uniquement de fermes laitières situées en Lozère à 1 000 m d’altitude en moyenne. « C’est un produit qui marche bien. Pour les consommateurs, la Lozère, c’est la nature, la montagne et les petits producteurs. Ils y trouvent un bon rapport qualité/prix », indique Florent Goïorani, directeur d’Intermarché à Juvignac (Hérault). « On a référencé le lait de Lozère dès son lancement. C’est un produit qui fonctionne bien et qui correspond à une attente du consommateur. Le fait qu’il soit identifié lait de Lozère est très valorisant, car on est dans l’idée d’acheter localement. C’est aussi un lait qui sécurise », témoigne Jean-Michel Brun, directeur du supermarché Hyper U à Mende (Lozère).