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Qu’est-ce qui pourrait faire baisser les prix des bovins en Europe ?

Alors que toute l’Union européenne affiche des prix records pour ses bovins, un petit tassement s’est fait sentir en Irlande ces derniers jours. Mais pour amorcer une baisse en Europe, il faudrait des changements significatifs du côté de la demande et de l’offre. La progression des références de haché aux protéines végétales et les accords de libre-échange sont des signaux à observer.

rayon viande hachée
Au rayon viande hachée, de plus en plus de produits contiennent des fibres végétales face à l’envolée des prix du minerai bovin
© Virginie Pinson

Après avoir progressé de 42 % entre le début 2025 et le début du mois d’avril, le prix de la vache laitière irlandaise a marqué le pas en semaine 16. Une baisse qui est loin d’être drastique (-0,05 €/kg) mais qui donne néanmoins le signe d’un changement de ton du marché sur le pays qui a affiché une des plus forte et plus précoce hausse des prix, tirés notamment par la très bonne demande à la fois sur le continent et du Royaume-Uni.

Lire aussi : Pourquoi le cheptel bovin a-t-il tant reculé dans l’Union européenne en 2024 ?

 La demande s’est un peu tassée après Pâques et davantage de morceaux s’orientent vers les élaborés, rapporte la presse locale.

Prix des vaches lait en France et en Irlande

Des prix des bovins européens qui montent encore

 Pour autant, cette baisse en Irlande ne se répercute pas sur le continent puisque, fait rare, les prix irlandais sont plus élevés. La cotation de la vache laitière de réforme O irlandaise dépasse encore la Française de près de 25 %. Cependant, en Pologne les cours ont aussi baissé à partir de mi-avril, notamment à cause du jeu des taux de change entre le zloty et l’euro. Les prix des vaches françaises sont de nouveau passés devant les prix polonais. En France, les dernières cotations entrée abattoir sont encore toutes orientées à la hausse en semaine 18, avec de nouveaux records de prix battus pour les laitières, les allaitantes et les jeunes bovins.

Lire aussi : À 6,17 €/kg, le prix de la vache viande couvre désormais les coûts de revient

Les accords de libre-échange pourraient augmenter l’offre de viande bovine

Les États-Unis ont annoncé ce 8 mai qu’ils allaient signer un accord de libre échange avec le Royaume-Uni. Les modalités restent floues mais la presse britannique évoque un contingent de 13 000 tonnes de viande bovine qui serait exonérées de droits de douane. Le principal syndicat agricole britannique ne semble pas s’alarmer ; s’attendant à des garanties sur les moyens de production qui excluraient les hormones de croissance. Si cet accord se met en place, le Royaume-Uni, premier acheteur de bœuf irlandais, pourrait se détourner en partie de la viande de son voisin, relâchant la pression sur les prix. Néanmoins c'est la viande hachée qui manque dans l'Union européenne... comme aux États-Unis, dans ce contexte il est peu probable de voir le marché se calmer. 

Lire aussi : Quelle place pour le bœuf des États-Unis sur le marché mondial en 2025 ?

L’accord UE-Mercosur dans les rails

Dans le même temps, l’opposition politique à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur se fait moins entendre depuis l’élection de Donald Trump. Il pourrait être soumis au vote du Conseil à l’automne. L’accord obtenu en décembre dernier porte sur un contingent additionnel de 99 000 tonnes de viande bovine à droits réduits. 

Lire aussi : Mercosur : « je continue à me battre » déclare Annie Genevard

Des évolutions du côté de la demande en viande hachée

Dans toute l’Europe, le rayon viande hachée s’adapte à la hausse des prix de la matière première. Les abattoirs proposent davantage de haché « au bœuf », plutôt que « pur bœuf », où des fibres végétales (pois, bambou, canne à sucre…) sont ajoutées pour diminuer le coût matière. Selon les pays et les fabricants, la stratégie diffère, certains en jouent comme d’un atout sur les emballages. C’est le cas de Lidl aux Pays-Bas qui a lancé à l’automne une référence « hybride », avec 60 % de viande et 40 % de protéines de pois, promettant le même goût pour 33 % moins cher. L’enseigne veut augmenter de 60 % ses ventes de produits à base de protéines végétales en 5 ans. D’autres au contraire se font plus discrets, notamment en France. Mais les prix en rayon étant plus incitatifs, et l’offre de plus en plus présente, il est probable que certains consommateurs apprécient. De quoi soulager en partie la demande en viande bovine. 

Le poulet en embuscade

A suivre aussi, l'évolution de la demande de la restauration. Le pivot vers de la volaille va être plus complexe ces prochaines semaines à cause des cas de grippe aviaire en Pologne, mais n'en reste pas moins une carte à jouer pour certains opérateurs. Le dernier burger lancé par Mc Donald, le McCrispy®, est ainsi au poulet. Dans la restauration collective, les cantines notamment, les acheteurs se tournent aussi vers la volaille, ce qui entraîne d'ailleurs une hausse des prix. Car ils rapportent à la fois des difficultés pour sécuriser leurs approvisionnements en viande bovine, mais aussi des tensions budgétaires et des arbitrages nécessaires. A 18,73 €/kg, la moyenne mensuelle de mai de la viande hachée à 15 % de MG, roigine France, publiée par FranceAgriMer dépasse celle du roti de veau, est plus de trois fois plus chère que la cuisse de poulet UE.

prix de la viande hachée surgelée

Lire aussi : Les vaches allaitantes passent toujours plus au hachoir

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