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CONJONCTURE
Une reprise sous tension pour l’Adepale

Même si le baromètre des PME de l’épicerie, des légumes préparés et des produits élaborés montrent un regain d’activité et d’investissement, des difficultés majeures demeurent ainsi que des problèmes de fond.

Difficultés à recruter et à s’approvisionner, et recrudescence des pénalités logistiques : ces soucis contrecarrent le regain d’activité des industriels de l’agroalimentaire affectés (certains le sont encore) par la mise sous cloche de tout un pan du secteur CHR (cafés, hôtels, restaurants). Le baromètre des PME de l’agroalimentaire de l’Association des entreprises de produits alimentaires élaborés (Adepale) mesure spécifiquement l’état des TPE, PME et ETI de l’agroalimentaire. Trois prises de température, en novembre 2020, mars 2021 et juin 2021, montrent une nette progression de la proportion d’entreprises confiantes pour la suite de leur activité et de leur santé.

Il y avait en novembre 2020, 41 % d’entreprises confiantes et aucune ne se disait très confiante. Près d’un quart des entreprises étaient inquiètes et 2 % très inquiètes. Mars 2021 montrait déjà une franche amélioration qui s’est confirmée en juin 2021 (72 entreprises ayant répondu entre le 11 mai et le 4 juin 2021) : un arrondi de 69 % d’entreprises confiantes, 10 % très confiantes, 14 % dans l’expectative, 6 % inquiètes et 1 % (soit une seule) très inquiète. Les prévisions de hausse de chiffre d’affaires expliquent pour partie cet optimisme global.

Des prévisions 2021 plus optimistes

Ainsi, en juin, le baromètre des PME a mesuré 45,5 % d’entreprises envisageant une hausse de chiffre d’affaires au 2e trimestre 2021 par rapport au 2e trimestre 2020, 30 % prévoyant une stabilité et 24 % anticipant une baisse (parmi celles-ci doivent figurer celles qui avaient vu leur chiffre d’affaires augmenter en grande distribution au 2e trimestre 2020). Les projets d’investissement refont surface avec ce regain d’assurance. Ainsi, 78 % en ont signalé pour le 2e trimestre 2021.

Ces chiffres ne peuvent refléter la variété sectorielle et statutaire des 600 adhérentes des six fédérations de l’Adepale. Cette association regroupe la plupart des fabricants de produits d’épicerie et de produits frais élaborés, à capitaux privés ou agricoles coopératifs, de nature industrielle à artisanale. Pour autant, le baromètre mesure correctement l’évolution des portefeuilles et de la vitalité d’entreprises d’échelon régional ou national.

Il faut motiver l’employabilité, faciliter l’accès à nos entreprises

Le sondage de juin fait aussi ressortir deux facteurs contraires à la reprise : le recrutement et l’approvisionnement. Alors que les portefeuilles se remplissent et que l’investissement repart, 71 % des entreprises signalent des difficultés à recruter (12 points de plus qu’en mars 2021) et 79 % peinent à s’approvisionner (10 points de plus qu’en mars 2021). « C’est quand même désolant », a lâché à propos du recrutement Pascal Bredeloux, président des Entreprises du traiteur frais, en présentant le baromètre à la conférence de l’Adepale le 24 juin. « Il faut motiver l’employabilité, faciliter l’accès à nos entreprises », a-t-il commenté, estimant que la difficulté d’embauche est grandissante, en dépit de la levée de la menace sur les contrats courts en agroalimentaire – activités saisonnières. « Il y a des filières de recrutement à mettre en place », a-t-il souhaité.

Quant aux difficultés d’approvisionnement, « ça va grandissant, a-t-il constaté. Et beaucoup de catégories sont touchées ». En dehors des denrées, l’emballage connaît des hausses de 10 à 20 % sur le plastique, de 20 à 60 % sur le carton. Le métal est aussi en train de grimper.

Dépendance aux aléas climatiques

L’Adepale n’a de cesse de rappeler la dépendance des activités des caprices de la nature. Cette dépendance est particulièrement nette dans les fruits et légumes. L’année 2021 apporte une démonstration, par ses manques et ses hausses tarifaires. « On arrive au bout d’un système », a déclaré Olivier Morel, président de l’Unilet, interprofession des légumes transformés.

Le tableau qu’il a dépeint est celui-ci : des rendements qui stagnent, soumis aux aléas climatiques croissants ; des prix de détail en baisse par rapport à l’inflation – surtout des surgelés ; un nombre d’usines qui ne peut plus absorber les excès de production ; une valeur ajoutée laminée par la guerre des prix en distribution ou récupérée par la distribution (Olivier Morel fait référence au dernier rapport sur la formation des prix et des marges) et la transition agroécologique à financer. Il y a encore à faire sur ce dernier point, même si, comme il l’a souligné, la France est en avance sur le bio (5 % de légumes bio) et la certification environnementale (40 %).

On voudrait que les pouvoirs publics nous entendent mieux

Selon l’Adepale, la conjoncture reste aussi difficile pour les entreprises encore confrontées à une restauration hésitante ou mal en point. « Les entreprises qui fournissent la CHD sont 77 % à avoir perdu plus d’un quart de leur chiffre d’affaires, a souligné Pascal Bredeloux. Il faudra une reprise importante et soutenue pour contrecarrer ça. » En moyenne sur l’Adepale, le débouché de la restauration représente 20 % du chiffre d’affaires. « On voudrait que les pouvoirs publics nous entendent mieux », a-t-il glissé. S’ajoute aux difficultés de reprise la recrudescence des pénalités logistiques. Pour nombre de distributeurs, le moratoire s’est bien arrêté à la fin 2020.

Un choix de société à trancher, selon le président de l’Adepale

« Souhaitez-vous un retour à la loi Galland ? » A la question d’Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, le président de l’Adepale, Jérôme Foucault a admis : « Nous estimons que le système qui fonctionnait avec des marges arrière était plus vertueux. » Il a poursuivi : « Par la sécurisation, en partie de nos marges, de celles des distributeurs et des agriculteurs on créerait une inflation relative dans l’alimentaire […]. Aujourd’hui, l’inflation est portée par les dépenses contraintes. » Au cours de la conférence de l’Adepale, Jérôme Foucault a comparé les quelques centimes par unité de vente consommateur nécessaires aux dépenses d’accès à la 5G qui attendent les foyers. « On a là un vrai choix de société qu’il faut trancher », a-t-il philosophé.

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