Aller au contenu principal

AOP laitières : « continuer à enrichir nos pratiques »

Michel Lacoste, président du Conseil national des appellations d’origine laitière.
© C. Jahnich/Apap

« Aujourd’hui, la préoccupation majeure des Français, c’est de savoir si les vaches sortent, si elles ont accès à un pâturage, car là, ça veut dire moins de stress, une alimentation saine et naturelle et à la fin, un bon produit. » Voilà une nouvelle attente sociétale dont les filières laitières vont devoir tenir compte, selon Véronique Pardo et Noëlle Paolo, de l’observatoire Cniel des habitudes alimentaires (Ocha), intervenant fin septembre à l’assemblée générale du Conseil national des appellations d’origine laitières (Cnaol). La santé reste toujours la première attente des consommateurs qui exigent fraîcheur et hygiène, et qui s’inquiètent de la possible présence de résidus toxiques dans leurs aliments – d’où l’engouement pour le bio. Mais les conditions d’élevage arrivent immédiatement après : l’alimentation, le bien-être animal et l’environnement, « ce sont des facteurs d’inquiétude croissants pour lesquels les consommateurs ont envie d’en savoir plus ».

Recevoir le public, produire du contenu

Confrontées à ces attentes sociétales qui évoluent en permanence, les AOP laitières ont des atouts : elles apportent des garanties en termes d’origine, de fabrication et de goût. Selon Jean-Pierre Corbeau, sociologue, le concept d’AOP rassure parce qu’il fait référence à un paysage, il s’inscrit dans une dimension humaine et raconte une histoire. « C’est l’anti-simulacre, ce n’est pas du cinéma », résume-t-il. « Concernant le bien-être animal, l’AOP répond aux attentes, car on peut venir voir, mettre un visage sur le producteur… On montre, on devient crédible et ça, la grande distribution ne peut pas le faire », souligne le sociologue qui appelle les filières AOP à recevoir le public.

Avec l’effet croissant des mouvements vegan, des ONG et des associations comme L214, c’est aussi sur les réseaux sociaux qu’il faut occuper le terrain. « Face aux abolitionnistes, il faut produire du contenu sur les médias sociaux, car c’est là que tout se passeIl faut produire des images et raconter la réalité du métier pour contrebalancer le discours des militants », a conseillé Véronique Pardo. Certaines filières AOP ont pris des initiatives pour aller plus loin que leur cahier des charges. Depuis 2009, l’AOP Époisses a fait un important travail autour du développement durable et de la biodiversité. Son leitmotiv : répondre aux attentes sociétales… À condition que ce soit vecteur de développement pour la filière.

Douze filières AOP-IGP excluent les OGM

Dans les Alpes et en Franche-Comté, ce sont douze AOP-IGP laitières et 4 600 exploitations qui se sont associées avec vingt-huit fabricants pour mettre en place une démarche de certification des aliments de bétail pour exclure les OGM, et bientôt le tourteau et l’huile de palme. Conscient de l’enjeu, le Cnaol a réclamé plus de réactivités auprès des pouvoirs publics pour pouvoir rouvrir les cahiers des charges plus rapidement. « Nous devons rester dans une dynamique d’évolution, a martelé Michel Lacoste, président du Cnaol, les filières AOP sont en avance sur certains thèmes comme le pâturage, l’agroécologie, le bien-être animal ; nous devons être fiers du travail accompli, mais nous ne devons pas nous arrêter là. Il faut continuer à enrichir nos pratiques pour répondre à ces nouvelles attentes. »

Et le bien-être de l'éleveur ! ?

Dans la salle, les producteurs ont réagi lors de la table ronde : on exige toujours plus du maillon production à travers les cahiers des charges pour répondre aux exigences des consommateurs, mais qui se soucie de la qualité de vie des agriculteurs ? Oui au bien-être animal, mais quid du bien-être de l’éleveur ? « Les consommateurs sont attentifs aux astreintes et aux difficultés de votre métier ; le bien-être des éleveurs est aussi une de leur préoccupation, ils sont soucieux des questions sociales », ont assuré Véronique Pardo et Noëlle Paolo. Ainsi, autant l’intensification de la production et l’industrialisation des process créent de la méfiance, autant la modernisation des pratiques en agriculture est acceptée dans le sens où ça réduit la pénibilité.

Les plus lus

Vaches dans la prairie
Comment vont évoluer les coûts de production de la viande bovine en 2024 ?

Si les prix des gros bovins restent élevés, ils ne sont pourtant toujours pas rémunérateurs pour les éleveurs. Les coûts de…

Cotation du porc en  Allemagne, Production, classe E en €/kg
Porc : un marché en manque d’impulsion à la veille de Pâques 

Le marché du porc européen manque de tonicité à l’approche de Pâques.  

en arrière plan, une étable avec des vaches noir et blanche. Au premier plan, un chercheur en combinaison intégrale avec un masque de protection.
Grippe aviaire : ce qu’il faut savoir de la contamination humaine par des vaches

La situation sanitaire autour de la grippe aviaire inquiète aux États-Unis. Des vaches malades ont à leur tour contaminé un…

vue de haut, une carte de France dessinée avec du blé, du beurre, des oeufs, de la viande, du fromage, des pommes, des tomates, du soja, du saumon
Souveraineté alimentaire : quelles sont les fragilités françaises ?

Un rapport du gouvernement évalue la souveraineté alimentaire de la France et dévoile des zones de fragilité préoccupantes.…

infographie objectifs de la loi Egalim
Que mangent les enfants à la cantine, et qu’en pensent-ils ?

Les menus servis dans les cantines scolaires ne sont pas, en moyenne, conformes aux objectifs de la loi Egalim selon un…

bouverie en abattoir
Vidéo L214 chez Bigard : le ministère remet le contrôle vidéo en abattoir sur la table

L214 a diffusé une enquête filmée dans l’abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes (Côte d’Or), lors d’abattages halal. Le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 704€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio