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Approvisionnement
Comment les filières alimentaires ont anticipé le second confinement

Les filières agroalimentaires ont tiré les leçons du premier confinement et assurent être prêtes pour répondre à la demande des GMS, malgré un bond récent des ventes. Mais les acteurs s’inquiètent pour les fêtes de fin d’année.

Les ventes de pâtes dans la grande distribution ont bondi de 18 % fin octobre © DR
Les ventes de pâtes dans la grande distribution ont bondi de 18 % fin octobre
© DR

Après avoir appris du premier confinement de mars à mai 2020, les filières agroalimentaires semblent être mieux préparées pour ce second confinement. Depuis l’annonce du couvre-feu, et d’autant plus depuis le début des rumeurs de confinement, les cadences de production des usines fournissant la GMS se sont musclées pendant que le dialogue entre tous les maillons de la chaîne de production s’est renforcé. « On trouvera dans les rayons des supermarchés tout ce qu’il faut sans difficulté dans les semaines qui viennent, si tout le monde reste raisonnable » dans ses achats, assure Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). « La chaîne alimentaire tiendra. Les industriels se sont mis à accélérer de nouveau les rythmes de production de pâtes et produits de base depuis le couvre-feu il y a deux semaines, et la distribution a augmenté ses stocks », confie de son côté Richard Girardot, président de l’Ania. « Nous avons tiré les leçons du premier confinement, et devons rester solidaires, comme nous l’avons fait au premier semestre. Les demandes en certains produits ont augmenté, comme les pâtes, le riz, les conserves, ainsi que les charcuteries, mais n’ont rien à voir avec ce que nous avons observé en début d’année », souligne Catherine Chapalain, directrice générale de l’Ania.

Les approvisionnements vers les GMS sont bien en place

De son côté, La Coopération agricole s’est montrée rassurante en assurant dans un communiqué « être en mesure de garantir l’alimentation des Français pendant cette période, forte de l’expérience du premier confinement ». Enfin, la filière meunerie française s’est elle aussi manifestée, rappelant être « au rendez-vous du consommateur ». L’Association nationale de la meunerie française indique dans un communiqué que les frontières intra-européennes restent ouvertes et la circulation du fret de marchandises est maintenue, permettant notamment l’approvisionnement des GMS en farine en conditionnement de 1 kilogramme. « Bercy a remis en place un espace de dialogue entre les industriels agroalimentaires et les distributeurs, comme lors du premier confinement », informe Catherine Chapalain.

La formation d’intérimaires face à l’absentéisme

L’Ania attire l’attention des industries agroalimentaires et des distributeurs sur deux points essentiels : la formation d’intérimaires pour travailler dans les ateliers de production, en compensation de l’absentéisme des salariés qui seraient cas contacts, mais aussi sur la difficulté d’approvisionnement en temps et en heure. « Les distributeurs doivent comprendre que les industriels peuvent subir des risques de désorganisation et doivent faire preuve de souplesse en n’appliquant pas aveuglément des pénalités logistiques en cas de retard », appelle Catherine Chapalain.

Fin octobre nos ventes d’œufs ont doublé

« Il y a eu un affolement fin octobre en magasin, où nos ventes d’œufs ont doublé », témoigne Pascal Lemaire, président-directeur général de Cocorette. « Mais la demande s’est déjà tassée depuis début novembre, tout en restant néanmoins 10 à 15 % supérieure à la normale », ajoute-t-il. Le rayon des œufs n’est pas le seul à avoir connu un sursaut des ventes, celui des produits surgelés a connu une première semaine de couvre-feu à +11 % en valeur. « De nombreux consommateurs se sont mis aux surgelés avec le confinement. Certaines entreprises du secteur sont à 20 % de croissance depuis le début de l’année », précise Bernard Gaud, expert en fusions et acquisitions du secteur agroalimentaire du cabinet Auris Finance. Le rayon épicerie salée n’est pas en reste et affiche +8 % sur cette même période. Les pâtes alimentaires affichent +18 % des ventes, les conserves sont à +8 %.

Envolée des ventes de charcuterie

Avec la saison de la raclette, les ventes de charcuterie se sont également envolées, mais « les entreprises du secteur et la distribution ont intensifié le dialogue dès que les chiffres d’hospitalisation ont commencé à grimper il y a une quinzaine de jours », selon Bernard Vallat, président de la Fict. Les discussions entre les maillons de la chaîne de production se sont resserrées dans toutes les filières, notamment pour les ovoproduits. « La première crise avait montré les limites de notre secteur avec des difficultés d’approvisionnement en emballages chez les industriels. Nous en avons tiré les bonnes leçons : aujourd’hui, toutes les sociétés sont en lien quotidien avec les centres d’emballage », exprime Maxime Chaumet, secrétaire général du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). À noter que le secteur halieutique ne souffre pas comme au premier confinement, les bateaux étant autorisés cette fois-ci à sortir des ports et partir en pêche.

Une inquiétude pour la fin de l’année

« Aujourd’hui, il n’y a aucun signe de problèmes, les approvisionnements vers les GMS sont bien en place, assure Bernard Gaud. Le souci de la filière, c’est le flou qui règne autour des fêtes de fin d’année. » De nombreuses entreprises sont en pleine production des produits alimentaires de la fin de l’année, s’ils ne l’ont pas déjà fini, mais les commandes tardent à venir. « Beaucoup n’ont pas conscience de l’enjeu économique que représente la période. Pour certains, décembre, c’est la moitié de leur résultat annuel. Rater décembre, c’est rater son année », conclut Bernard Gaud.

Les fournisseurs de la restauration « sous oxygène »

« Les PME qui fournissent la restauration sont dans une situation plus qu’alarmante aujourd’hui et n’ont pour la plupart pas la capacité à réorienter leurs productions », avertit Catherine Chapalain, DG de l’Ania. Bien que la restauration scolaire et dans les Ehpad fonctionne toujours, la restauration commerciale et d’entreprise est aujourd’hui sinistrée par la crise. L’Ania demande à l’État que les entreprises aient les mêmes mesures d’aides que les cafés et les restaurants. « Certaines sociétés ont perdu entre 50 et 80 % de leur chiffre d’affaires, et sont maintenues sous oxygène par le gouvernement », indique Pascal Bredeloux, administrateur en charge de la communication de l’Adepale. « Dans les rares cas où la réorientation vers la GMS est possible, elles perdent en volume et sauvent à peine les meubles », ajoute Bernard Vallat.

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