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Le statut des animaux en question

Nous sommes passés ces dernières années d’une demande sociétale en faveur de la protection animale à une réflexion sur le statut de l'animal. Cette dernière pourrait être de nature à remettre en cause la légitimité de l'élevage. Pour en débattre, le Cniel a réuni philosophes, anthropologues et éleveurs pour qui la relation avec les animaux est quotidienne.

© P. DUREUIL/CNIEL

Les relations hommes-animaux ont toujours été au coeur du métier des éleveurs. Ces derniers, dans leur quotidien avec les animaux, se sont toujours préoccupés de leur santé, de leur bien-être, de leur sensibilité, sans le formaliser. Car cela va de soi. Les éleveurs européens l’ont intégré depuis des décennies : du bien-être et de la santé des animaux dépendent la qualité de la production et la pérennité des exploitations agricoles.

 

 

SORTIR DE LA SEULE APPROCHE MILITANTE

Mais aujourd’hui, notre société pose la question de ces relations; l’urbanisation croissante éloignant les citadins du monde rural. On le voit de plus en plus dans la presse, dans les revendications d’ONG animalistes, et dans les propos de personnalités et d’intellectuels qui militent pour un changement du statut de l’animal voire pour un végétalisme généralisé. « D’un point de vue philosophique, on assiste à une mise en accusation de l’humanisme vu comme spéciste au profit d’un anti-spécisme prônant l’égalité de traitement entre les différentes espèces (hommes et animaux) », explique Véronique Pardo, anthropologue, directrice de l’Ocha, l’observatoire Cniel des habitudes alimentaires. Des figures extrêmement connues et médiatiques se sont ainsi engagées pour cette cause (Boris Cyrulnik, Matthieu Ricard,Yves Coppens, Peter Singer, Gilles le Boeuf, Léon Schweitzer…) dans le but notamment de modifier le statut de l’animal dans le Code civil (de bien « meuble » à « être sensible ») et par la suite, faire appliquer un droit de l’animal.

En effet, dans l’actualité politique et législative, le statut de l’animal est à l’ordre du jour. Malgré un arsenal juridique bien construit (Code civil, Code rural et Code pénal), des modifications ont été apportées par l’amendement 59 Glavany, adopté le 15 avril 2014, dans le cadre du projet de loi de modernisation et de simplification du droit. Celui-ci a ajouté une définition juridique de l’animal comme « être vivant doué de sensibilité », mais laisse les animaux soumis au régime juridique des biens corporels en mettant l’accent sur les lois spéciales qui les protègent. Et ce n’est qu’un début. « C’est mettre le pied dans la porte », a souligné Jean Glavany, laissant entrevoir d’autres changements législatifs sur le statut de l’animal.

 

LA PARTICIPATION DES ÉLEVEURS EST ESSENTIELLE

C’est dans ce contexte que l’Ocha a organisé fin novembre un colloque intitulé « Des animaux et des hommes, héritages partagés, futurs à construire ». Un colloque qui a réuni philosophes, sociologues, anthropologues, dresseurs, vétérinaires et éleveurs afin d’aborder dans un cadre plus général, les relations des hommes aux animaux en se soustrayant à la perspective strictement militante, strictement législative, strictement professionnelle.

« Nous sommes dans la problématique de l’homme dans la nature, de sa place, de son rôle de régulateur, du développement durable mais également dans la problématique de nourrir neuf milliards d’hommes. Le changement du statut de l’animal et notre perception des animaux n’est pas isolée, elle s’inscrit dans ce grand débat. Cela donne l’opportunité de resituer le débat dans un cadre plus général de la relation de l’homme aux écosystèmes. Il s’agit de déplacer ce débat sur la question plus globale du vivant et des spécificités culturelles et sociales, de développer plusieurs angles sur le plan intellectuel — anthropologique (alimentation), économique et philosophique — pour donner de la matière aux leaders d’opinion (presse, politiques…). Mais ce n’est pas tout. Il est essentiel que les éleveurs ne soient pas exclus du débat. Ils doivent apporter leurs connaissances et témoigner de leurs pratiques afin que la suite ne s’écrive pas sans eux par méconnaissance et que les normes de demain incluent les réalités du terrain », justifie Véronique Pardo. La table ronde tenue en fin de journée a été l’occasion de faire entendre leur voix.

Un colloque qui a apporté des réponses à la société moderne qui se pose légitimement des questions sur la bientraitance des animaux dans le cadre des élevages, mais également des animaux de compagnie et dans tout cadre impliquant des animaux au travail (chiens guides, sauveteurs, chevaux…). Le Monde et Sciences et Vie étaient partenaires de ce colloque.

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