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Viande
Pourquoi la viande bovine française pourrait-elle manquer ?

La décapitalisation du cheptel bovin se poursuit en France et en Europe, amenant à des risques de manque. La filière française pousse pour qu’éleveurs, industriels et distributeurs contractualisent leurs relations commerciales afin d’offrir visibilité et rentabilité à tous les maillons de la chaîne.

Depuis le début de l’année 2022, les abattages de bovins en France affichent une baisse de -4,8 % par rapport à l’an dernier. Cette diminution est observée un peu partout en Europe. « Une décrue de cette ampleur, c’est du jamais vu sur les dix dernières années », souligne Emmanuel Bernard, président de la section bovins d’Interbev. Cette baisse équivaut à un manque de 45 000 tonnes sur le marché.

Jusqu’à il y a peu de temps, une diminution de la production de viande bovine en Europe était compensée par la Pologne, mais ça n’est plus le cas aujourd’hui. « Les fonds européens ont permis une restructuration de l’agriculture polonaise à plusieurs niveaux », explique Emmanuel Bernard. L’élevage bovin laitier a bénéficié d’aides ayant permis au pays de diminuer son cheptel tout en maintenant la production de lait en volume. D’autre part, l’engraissement a été développé, limitant les exportations de broutards vers les autres pays européens.

Enfin, les surfaces de grandes cultures polonaises se sont accrues au dépend des surfaces liées à l’élevage bovin allaitant. « Le contexte géopolitique actuel en Pologne ne prête pas à l’exportation. Avec l’accueil de nombreux réfugiés ukrainiens, la demande en nourriture a augmenté en Pologne », ajoute Emmanuel Bernard.

Le résultat de la décapitalisation du cheptel

En France, « la diminution de production de viande bovine est le résultat de plusieurs années de décapitalisation du cheptel », qui a perdu 650 000 vaches laitières et allaitantes ces cinq dernières années, estime Emmanuel Bernard. Le phénomène est intimement lié au manque de rentabilité des élevages. La filière dispose néanmoins de plusieurs clés pour remédier au problème.

  • La France exporte de nombreux bovins vivants vers l’Italie et l’Espagne. Ce levier peut être actionné pour garder les animaux sur le territoire, les engraisser et les abattre en France.
  • Donner des garanties aux producteurs pour favoriser l’installation de jeunes agriculteurs, grâce à la contractualisation :
  1. Entre éleveurs et transformateurs, « comme ce qui est fait dans les filières avicole et porcine », précise Emmanuel Bernard. Les industriels s’engagent ainsi et garantissent des niveaux de prix.
  2. Avec la grande distribution, ce qui se fait encore trop peu aujourd’hui. « Certaines structures ont des abattoirs intégrés et ils ne se sont jamais engagés auprès des éleveurs. C’est une question de volonté qu’ils n’ont pas aujourd’hui », regrette Emmanuel Bernard.
  3. Avec la restauration (les chaînes telles que McDonald’s ou Burger King mais aussi les grossistes comme Metro ou Pomona). « La consommation hors domicile est un vecteur d’écoulement massif pour la production de viande, détaille Emmanuel Bernard. Il est certainement nouveau pour ces structures de réfléchir à ce point approvisionnements mais il est nécessaire qu’ils se rapprochent des éleveurs ».

Si les négociations pour la contractualisation étaient compliquées il y a quelques années, ce n’est aujourd’hui plus le cas car des outils sont disponibles aujourd’hui, tels que les indicateurs de coûts de production. « Les indicateurs offrent de la visibilité et vont permettre de répondre à cet enjeu de filière. Ils seront mis à jour en septembre pour qu’ils puissent tenir compte de l’inflation », conclut Emmanuel Bernard.

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