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Ingredia et Prospérité fermière prennent le virage du lait différencié

En avril, Ingredia et Prospérité fermière ont lancé Via Lacta, la première illustration de leur stratégie de différenciation. Objectif : la valorisation de la production laitière par la RSE. Témoignage des dirigeants.

Le vendredi 21 avril dernier, Ingredia et Prospérité Fermière ont fait connaître Via Lacta, nom donné à leur nouvelle stratégie RSE et au lait écoresponsable produit à partir d’une collecte de lait issue d’animaux nourris sans OGM, avec une surface minimale d’herbe garantie et élevés sur paille. Ce sont ainsi 100 éleveurs de la coopérative Prospérité fermière qui se sont engagés dans la conversion de leur exploitation en 2016 pour arriver à produire un lait garanti sans OGM. Cette collecte concernera dans un premier temps 30 millions de litres de lait sur les 415 millions collectés par les 1 600 adhérents de Prospérité fermière.

Spécialisé à 95 % dans les ingrédients laitiers pour les industriels de l’agroalimentaire, le groupe commercialisera ce lait auprès de ses clients à partir d’automne prochain. « Nous allons commencer à démarcher nos clients à qui nous proposerons ces ingrédients pour créer des produits différenciants sans OGM, dans une démarche de RSE », précise Sandrine Delory, directrice générale d’Ingredia. Potentiellement, 150 éleveurs supplémentaires se sont d’ores et déjà montrés intéressés. Le périmètre pourra ainsi être élargi en fonction de la demande des marchés.

Les éleveurs intégrant cette démarche bénéficieront d’un prix minimum garanti de 300 euros pour 1 000 litres et d’une prime de 15 euros. Pour garantir le sans OGM, les producteurs de lait sont incités à se tourner vers une production locale à base de colza ou vers des cultures protéagineuses, entraînant un surcoût.

« Dans un contexte de crise, la construction d’un projet à forte valeur ajoutée comme Via Lacta sur l’ensemble de notre chaîne de valeur est une clé pour protéger le revenu de nos adhérents face à la volatilité de nos marchés », explique Gilles Desgrousilliers, président de Prospérité fermière et d’Ingredia. « Cette démarche a pour objectif de valoriser l’ensemble des actions engagées par la coopérative à tous les maillons de sa chaîne de valeur, du pâturage au produit fini », poursuit-il.

La valeur, pas les volumes

C’est en effet dans une optique de valorisation par la différenciation et non pas par une course aux volumes que la société a démarré ce projet. À la direction générale de l’entreprise Ingredia depuis 2015, Sandrine Delory et ses équipes ont travaillé à un virage stratégique. Alors que la coopérative Prospérité fermière et sa filiale Ingredia étaient engagées dans une stratégie de volume dans la perspective de la fin des quotas laitiers, elles décident de changer de direction et d’orienter dans une stratégie de valorisation par la différenciation. « Au printemps 2015, nous avons réalisé un audit auprès de nos salariés, de nos clients et de nos partenaires. Nous sommes arrivés à la conclusion en milieu d’année 2015, qu’il fallait se lancer dans une stratégie de différenciation. Le sujet a été débattu avec les adhérents, le conseil d’administration et les salariés pour avoir finalement leur accord officiel fin janvier 2016 », se souvient Sandrine Delory.

En fin d’année dernière, la stratégie de différenciation est avancée avec l’objectif de « mieux nourrir la planète » et débouchant sur un premier projet, celui de Via Lacta. « Notre objectif est d’apporter des ingrédients à nos clients industriels pour leur permettre d’innover et/ou d’améliorer leur rentabilité dans un cadre responsable », précise Sandrine Delory.

Pour l’entreprise, le projet Via Lacta ne pouvait se faire sans caution scientifique. « Nous voulions faire ce projet avec des preuves scientifiques, c’est dans les gènes de l’entreprise. C’est pour cela que nous nous sommes adossés à un nom internationalement connu, qui nous apporte cette caution, le WWF », indique la directrice générale. En mars dernier, l’entreprise, la coopérative et l’organisation internationale signaient un partenariat d’une durée de trois ans. Objectif : mettre en place des actions concrètes pour poursuivre les efforts engagés par Ingredia et Prospérité fermière.

Investissement dans de nouvelles protéines

L’entreprise veut valoriser ce travail à travers son activité principale : les ingrédients. Si Ingredia embouteille 80 millions de litres de lait pour la marque Candia depuis des années et commercialise également sa propre marque Prospérité, notamment dans les Gamm vert régionaux, « les ingrédients restent notre cœur de métier », insiste la directrice générale. La société est investie dans dix projets de recherche pour confectionner les protéines laitières de demain.

À la mi-2016, elle a engagé un investissement de 10 millions d’euros pour installer dans son usine à Saint-Pol-sur-Ternoise (62) un outil pour produire d'autres protéines « innovantes et différenciantes » dans sa gamme Promilk. Cet équipement lui permettra à la mi-2018 de proposer de nouveaux ingrédients à forte valeur ajoutée. Ingredia a mis de côté son projet de construire une tour de séchage en 2015, le projet ne correspondant plus à sa stratégie, mais elle a poursuivi son rythme d’investissement à hauteur de 10 à 15 millions d’euros, selon la directrice générale.

Un cahier des charges en test chez 100 éleveurs

Un groupe de travail composé de salariés de Prospérité fermière et Ingredia, d’éleveurs et conseillers laitiers a été constitué en octobre 2016 pour élaborer le cahier des charges « lait à l’herbe et garanti sans OGM ». Ce cahier des charges est ainsi testé au sein des exploitations de 100 adhérents pour les aider à répondre à trois critères de production : respecter une surface minimale de pâturage de 15 ares en herbe et une durée annuelle d’au moins 170 jours, proposer aux vaches laitières une alimentation garantie sans OGM et élever les vaches sur paille durant la période hivernale. Dans le cadre du partenariat avec WWF, l’organisation va accompagner la coopérative dans l’identification des aliments à risques afin qu’elle puisse communiquer auprès des fabricants d’aliments du bétail une liste d’aliments certifiés sans OGM.

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