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Interprofession
Comment l’Anvol veut régénérer la volaille française

Longtemps attendue, la jeune Association nationale interprofessionnelle de la volaille refaçonne, maillon par maillon, la filière volaille. Selon un modèle qui devrait perdurer. Explications de ses représentants.

© P. Le Douarin

Gilles Huttepain, vice-président de la Fédération des industries avicoles (FIA), s’est attardé sur le retard en investissements de la filière avicole française au cours d’une conférence de presse organisée par l’Association nationale interprofessionnelle de la volaille (Anvol) le 18 février à Paris. C’était cinq jours avant ouverture du Sia, où l’interprofession de la volaille de chair représente toutes ses composantes : les différents comités par espèce – poulet, dinde, canard à rôtir, pintade, caille, pigeon – ses organisations syndicales et professionnelles ainsi que ses maillons successifs des couvoirs aux metteurs en marché.

Créer un comité de liaison avec les ONG et les consommateurs

L’Anvol est née en avril 2018 et a été officiellement reconnue en septembre de la même année. Et son besoin en investissements est considérable au regard de ses 6,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel : 2,7 milliards d’euros, à investir en cinq ans. L’Anvol est aussi, a rappelé Gilles Huttepain, « le lieu privilégié pour discuter avec les associations de consommateurs et les ONG ». Un point important, car les investissements prévus iront essentiellement à l’élevage, à hauteur de 2,3 milliards d’euros, pour construire et transformer les bâtiments.

Bien-être et santé des volailles

Or, la directrice d’Anvol, Anne Richard, rappelle qu’un éleveur investit pour quinze ans. Il s’agit donc de construire des bâtiments d’élevage standard qui garderont la faveur des consommateurs. Car si le plan de filière élaboré par l’Anvol prévoit 15 % de croissance de la volaille label Rouge et 50 % de croissance en bio, l’élevage standard restera majoritaire. Aujourd’hui, 62 % des poulets produits en France – pour ne prendre que l’espèce dominante – sont élevés selon le mode standard. Les améliorations à apporter sont l’isolation thermique, la ventilation, les entrées de lumière naturelle, des sols sains, des perchoirs, etc. Anne Richard, qui dirige aussi l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), affirme que ces améliorations sont bénéfiques à la santé des volailles et qu’elles facilitent la réduction des traitements antibiotiques.

À ce titre, l’exposition de la volaille française a déjà diminué de moitié entre 2011 et 2017. La tendance ne peut que se poursuivre. D’ici à 2 ans, 95 % des producteurs devraient être engagés dans la charte d’engagement sur l’usage raisonné des antibiotiques.

Indicateurs de surcoût

L’Anvol « réfléchit à des indicateurs de surcoût d’aménagement et de coût de construction », a-t-on appris auprès d’Anne Richard pendant la conférence. Elle s’engage dans le respect de l’animal et de l’environnement. La filière vient d’adopter deux nouvelles applications mobiles qui permettent aux organisations de production d’évaluer et d’accompagner les éleveurs dans l’amélioration de leurs pratiques au quotidien. L’une, nommée Eva et accréditée Cofrac, est sur le point d’auditer la totalité des éleveurs en ce qui concerne la responsabilité sociétale et environnementale (RSE). L’autre application, nommée Ebene et inspirée des protocoles scientifiques Welfare Quality et Awin, vise à améliorer le bien-être animal avec l’agrément des ONG Welfarm et CIWF.

La nouvelle interprofession, née des états généraux de l’alimentation, devrait s’efforcer d’optimiser les budgets techniques et scientifiques. Elle vise aussi à mettre en valeur tous les travaux et les métiers de la filière sur les réseaux sociaux, à créer un réseau de connaisseurs pouvant prendre la parole devant le grand public, et à anticiper les crises. Cette transparence complète les actions de promotion que pilote l’Association de promotion de la volaille française (APVF).

L’Anvol va aussi « créer un comité de liaison avec les ONG et les consommateurs », précise Anne Richard. Une autre partie du budget vise à renforcer le maillon des couvoirs, quant à la performance et à la biosécurité.

Il en va de l’équilibre matière

Enfin la spécialisation des abattoirs et l’adaptation des outils de transformation sont des postes essentiels d’investissement. L’effort vise à reconquérir les secteurs de la restauration et de l’industrie alimentaire, fortement importateurs. Il en va de l’équilibre matière : les filets sont bien présents dans les linéaires et il s’agit de mieux valoriser les cuisses. Si l’Anvol doute des capacités de l’État à soutenir le secteur, l’interprofession a bon espoir d’obtenir l’étiquetage obligatoire de l’origine des viandes de volaille dans la restauration, sur les sandwiches, dans les salades et autres produits élaborés. Le but est de passer de 33 % à 23 % de volaille importée.

Le contexte est à la croissance de la consommation de volailles. Tous circuits confondus, la consommation a augmenté de 3 % entre 2016 et 2017 et encore de 2,7 % entre 2017 et 2018. Une croissance passant surtout par les découpes et élaborés de volaille.

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