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Exportation
La France touchée par la baisse des échanges internationaux de produits haut de gamme

En 2020, la balance commerciale agricole et agroalimentaire de la France est restée excédentaire, mais avec un solde positif en repli par rapport à 2019. La fermeture des débouchés en restauration dans de nombreux pays y est pour beaucoup.

La pandémie a perturbé les échanges agroalimentaires à l’échelle mondiale, plongeant certaines filières de certains pays dans des situations difficiles et présentant des opportunités pour d’autres. La France a connu dans ce contexte un repli significatif de la valeur de ses exportations courant 2020, avec une baisse globale de 3,4 % par rapport à 2019, principalement due à une diminution au moment du premier confinement, avril et mai 2020 (-15 %).

Les envois agricoles et agroalimentaires de la France ont atteint une valeur de 68,1 milliards d’euros en 2020. « Ces difficultés sont en partie liées à la nature des produits que nous exportons, majoritairement orientés vers le haut de gamme et destinés à la restauration qui est restée fermée la plupart de l’année », souligne Philippe Paquotte, chef de service analyse économique des filières de FranceAgriMer, lors d’un webinaire sur les performances à l’exportation des filières agricoles et agroalimentaires en 2020, le 17 mai 2021.

La balance commerciale de la France reste excédentaire en 2020, mais seulement de 6,1 milliards d’euros, soit -21 % par rapport à 2019. L’excédent vers les pays tiers a dépassé en 2020 les 10 milliards d’euros, mais le déficit commercial vers l’Union européenne (UE) s'est creusé de 15 % à 3,7 milliards d’euros. « L’année 2020 n’a pas été celle où la France a dans l’ensemble gagné des parts de marché par rapport à ses concurrents européens », résume Philippe Paquotte. La France reste le neuvième exportateur mondial de produits bruts et quatrième de produits transformés, des positions inchangées par rapport à 2019 dans ces classements.

Si la France a augmenté ses exportations de produits bruts vers les pays tiers de 7 % par rapport à 2019, atteignant un total en valeur de 5,6 milliards d’euros, ses envois vers les pays membres de l’UE ont chuté de 4,7 % pour un total de 9,5 milliards d’euros. Les exportations de produits transformés, hors vins et spiritueux, sont en légère diminution toute destination confondue.

Les vins et l’aquaculture à la peine

La filière vins et spiritueux a été très touchée par la crise, avec des envois en baisse de 4,1 % vers l’UE et de 15,2 % vers les pays tiers, pour des totaux respectifs de 4 milliards et 9,7 milliards d’euros (baisse totale de 13 %). « La filière vins et spiritueux est à elle seule responsable d’une grosse partie de l’évolution des exportations de 2020 », commente Philippe Paquotte. La France a exporté 1 milliard d’euros de moins qu’en 2019 en vins et spiritueux à cause de la fermeture de la restauration haut de gamme, mais aussi d’un contexte politique mondial compliqué par la mise en place par les États-Unis de droits de douane de 25 % en octobre 2019. En comparaison, l’Italie n’accuse qu’une baisse de 146 millions d’euros.

La crise a mis en lumière nos défaillances

La filière pêche et aquaculture a également subi les perturbations des échanges mondiaux, avec une baisse de 11 % de ses ventes en dehors des frontières françaises, principalement sur les produits de la pêche fraîche et de l’ostréiculture. Le secteur a éprouvé des difficultés logistiques pour ses envois de coquillages, notamment vers la Chine et Singapour qui sont d'importants clients. « Les huîtres ont connu quelques soucis au niveau des exportations vers l’Italie, car majoritairement réservées aux restaurants », précise Philippe Paquotte.

Des leviers identifiés pour accélérer

Les exportations vers la Chine ont été en hausse de 20 % en 2020 grâce à un accroissement des ventes de blé, d’orge et de viande porcine à la suite de l’épizootie de peste porcine africaine qui sévit toujours dans le pays. Le secteur des produits laitiers a renforcé son solde commercial positif, avec une augmentation de 7 % grâce à une diminution des importations. La filière de la viande a réduit la valeur de son déficit grâce à une baisse des importations liée à la fermeture de la restauration.

La filière fruits et légumes a, en revanche, aggravé son déficit commercial à cause d’une hausse de 3 % des importations. « La consommation de fruits a fortement augmenté pendant le confinement, tirée par les fruits exotiques, en majeure partie, importés. De plus, certains secteurs tels que celui des fruits à noyau ne sont plus capables de satisfaire la consommation nationale », explique Philippe Paquotte.

« La crise actuelle a mis en lumière nos défaillances et nous a permis d’identifier certains leviers tels que la logistique, mais aussi la digitalisation et l’innovation », estime Jean-François Loiseau, président de la commission internationale de FranceAgriMer et président d’Axéréal. La France doit tirer profit de ses atouts et de son savoir-faire en donnant la priorité à la qualité sanitaire de ses produits ainsi qu’au respect des cahiers des charges de ses clients. « Les pouvoirs publics doivent maintenant donner les moyens aux entreprises de se doter des meilleures technologies de protection et de conservation », ajoute-t-il.

L’un des principaux handicaps de la France : ne pas avoir assez pris en compte le rôle que peuvent avoir à jouer les TPE et PME. « C’est à nous maintenant de les accompagner dans nos missions à l’exportation, notamment la consolidation de nos parts de marché chez nos clients proches ou encore l’accès à de nouvelles zones telles que le Moyen-Orient », conclut Jean-François Loiseau.

Un « coup de maître » italien, avec son prosecco

La France a connu une diminution de ses exportations de champagnes vers le Royaume-Uni, perdant des parts de marché au profit du prosecco italien qui a connu de belles performances dans de nombreux pays d’Europe. « L’Italie a réussi un véritable coup de maître avec son prosecco, grâce à leur organisation en amont très forte », reconnaît Jean-François Loiseau. Les filières françaises peuvent s’inspirer de cet exemple en se dotant d’une organisation économique puissante en amont et d’un marketing qui fait connaître les produits sur la scène internationale.

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