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Porc : « la production baisse plus vite que la consommation » alerte Anne Richard d’Inaporc

La France est de moins en moins souveraine sur la viande de porc. Alors que les départs en retraite vont être nombreux chez les éleveurs de porc, la filière veut assurer une bonne transmission des exploitations, mais dénonce de nombreux obstacles.  

Deux porcs en gestation, élevage sur paille
L'interprofession Inaporc compte, avec sa démarche de responsabilité sociétale "Demain Le Porc", maintenir une production équivalente à la consommation française.
© Catherine Takougang

-3,9 %, c’est la baisse de la production de porc en France entre 2014 et 2024. Dans le même temps, la consommation n’a diminué que de 3 %. Cette baisse plus marquée de la production se traduit par un repli de 0,9 point du taux d’auto-approvisionnement, désormais à 98,9 %. « La production baisse plus vite que la consommation » alerte Anne Richard.  La France reste donc encore largement autosuffisante en porc, mais la tendance suscite des inquiétudes.

Lire aussi : Porc : la consommation progresse en 2024, qui en profite ? 

Baisse de la production de porc français 

En dix ans, la France a perdu 25 % de ses élevages de plus de 300 porcs, passant de 10 800 élevages en 2014 à 8100 en 2024.  Sur la même période, les élevages naisseurs ont diminué de 34 %, tandis que ceux spécialisés dans l’engraissement ont reculé de 17 %.

Lire aussi : Porc : l’Union européenne garde une place stratégique sur le marché mondial

Aujourd’hui, un tiers de la production est assuré par des éleveurs âgés de plus de 55 ans. « Dans dix ans, près de 2 000 exploitations pourraient cesser leur activité, s’il n’y a pas de renouvellement après les départs en retraite », prévient Anne Richard.

 «Dans dix ans, près de 2 000 exploitations pourraient cesser leur activité»

Difficile de recruter des nouvelles générations en élevage

« De nombreux jeunes décident de ne pas reprendre les fermes, en raison de la vétusté des équipements. Des reprises derrière des fermes non entretenues représentent un investissement colossal au vu des coûts très élevés des rénovations » explique David Riou, éleveur et responsable de la démarche RSO d’Inaporc.

Des solutions déjà en place pour maintenir la production

Pour répondre à la demande nationale et limiter les importations, des mesures sont déjà en œuvre. Les élevages ont augmenté leur taille, en intégrant davantage de truies pour compenser la baisse du nombre d’exploitations. En moyenne, une exploitation comptait 226 truies en 2020, contre 139 en 2010, soit une augmentation de 26,3 % du nombre de truies par élevage en dix ans. L’alimentation a également été optimisée afin d’augmenter le poids des porcs à l’engraissement. « Ces efforts restent toutefois insuffisants pour retrouver une autonomie complète » selon Anne Richard. « La priorité est de maintenir la production pour répondre à la demande nationale et ainsi empêcher un déferlement d’importations » indique cette dernière.

Lire aussi : Porc, volaille, agneau : les restaurants doivent afficher l’origine, comme pour la viande bovine

L’interprofession compte encourager les transmissions des fermes, en recensant les exploitations facilement transmissibles et en accompagnant les jeunes candidats à la reprise.

« La priorité est de maintenir la production pour répondre à la demande nationale et ainsi empêcher un déferlement d’importations » 

Des démarches administratives trop lourdes pour les éleveurs

 Les éleveurs pointent la complexité des démarches administratives, qui freine les reprises des fermes. « Il faut remplir au minimum 500 pages de dossier pour agrandir une exploitation, ce qui décourage bon nombre d’éleveurs », signale David Riou.  

 La profession revendique une simplification des démarches administratives

Pour retrouver une pleine autonomie en production porcine, la filière demande un allègement du cadre réglementaire. Parmi les principales requêtes adressées au gouvernement figurent :

  • Le relèvement des seuils déclenchant une enquête publique à 3 000 emplacements de porcs en production et 900 truies, contre 2 000 et 750 actuellement ;
  • La réduction des risques de contentieux après l’obtention d’une autorisation d’agrandissement, qui peuvent freiner ou bloquer les projets ;
  • Le retrait de l’élevage de la directive européenne sur les émissions industrielles (IED) dès sa révision en 2026. Selon Inaporc, « l’élevage ne peut être soumis aux mêmes règles que l’industrie ».

« Nous sommes encore sur des structures à taille humaine »

Anne Richard souligne que les exploitations porcines françaises restent de taille modeste, « Nous sommes encore sur des structures à taille humaine, avec trois à quatre personnes en moyenne », En France, une exploitation compte en moyenne 226 truies, soit environ 4,5 fois moins que la moyenne européenne, et 45 fois moins que celle des États-Unis. Par conséquent, les niveaux d’émissions y sont bien plus faibles que dans d’autres pays producteurs.

Lire aussi : ICPE : le gouvernement veut sortir l’élevage du « droit commun » et créer un « cadre réglementaire dédié »

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