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Porc : l’Espagne reste au cœur du commerce international

L’Espagne conserve une place centrale sur le marché porcin européen et mondial. Porté par un prix du porc mieux valorisé et des ventes soutenues de pièces transformées, le pays arrive à maintenir une production rentable et une balance commerciale porcine excédentaire.

IFIP conférence SPACE
Lors d'une conférence au salon du SPACE, les analystes de l'IFIP accompagnés d'Amalia Cordero, analyste de 3trois3 (Espagne), ont présenté ont présenté une étude de cas sur la place de l’Espagne dans les échanges mondiaux de porc.
© Catherine Takougang

L’Espagne s’affirme comme le quatrième exportateur mondial de porc, représentant 11 % des échanges internationaux (hors commerce intra-UE et hors vif). Le pays exporte la moitié de sa production porcine. 

 

Dix ans de hausse des exportations espagnoles 

« Avec 52 % de ses envois destinés aux pays européens, l’Espagne parvient à mieux valoriser ses exportations sur le marché intracommunautaire » explique Christine Roguet, analyste de l’Ifip au cours d'une conférence au SPACE. En dix ans, ses exportations vers l’UE ont bondi de 716 %, atteignant 1,3 million de tonnes en 2024.

Les trois principales destinations du porc espagnol en Europe sont la France, l’Italie et le Portugal. L’Espagne y expédie surtout des découpes fraîches et congelées, notamment des pièces désossées et des jambons avec os. « Le volume des exportations des pièces désossées a doublé en dix ans », précise l’analyste.
Près de 10 % des exportations espagnoles vers l’UE concernent des produits transformés, principalement à destination de la France (34 %), du Portugal (14 %) et de l’Allemagne (12 %).

L’Espagne développe ses envois de porc sur les marchés tiers

Hors UE, l’Espagne a renforcé et diversifié sa présence. Les marchés tiers représentaient 26 % de ses exportations en 2013, 62 % en 2021 et 48 % en 2024.

Le pays reste très dépendant du marché asiatique, en particulier de la Chine, où il expédie surtout des abats. Mais avec les surtaxes chinoises appliquées depuis le 10 septembre dernier, « l’Espagne risque de perdre en compétitivité sur ce marché très concurrentiel », avertit Christine Roguet. Toutefois, l’Espagne exporte beaucoup d’abats aux Philippines et au Vietnam également.

Les envois de produits porcins espagnols transformés sont minimes mais bien implantés sur certains marchés comme le Japon, qui importe aussi beaucoup plus de découpes. La Malaisie et Taiwan sont également demandeur des découpes de porc espagnol.

 « En dix ans, ses envois vers ces pays ont été multipliés par huit» 

L’Espagne a aussi conquis des marchés stratégiques en Amérique du Nord, comme celui du Mexique, deuxième importateur mondial de viande porcine, mais également le marché canadien et celui des États-Unis. « En dix ans, ses envois vers ces pays ont été multipliés par huit » affirme l’analyste de l’Ifip.

Une balance commerciale espagnole en porc largement excédentaire 

« Le succès à l’export de l’Espagne se traduit par une balance commerciale en forte hausse », explique Christine Roguet. En 2024, l’excédent atteignait près de 8 milliards d’euros et plus de 2,4 millions de tonnes. À titre de comparaison, la France affichait la même année un déficit de plus de 600 millions d’euros et un excédent en volume inférieur à 100 000 tonnes.

Lire aussi : Agroalimentaire : pourquoi le solde commercial est-il si dégradé cette année ? 

Le porc espagnol monte en valeur sur le marché international 

Sur les dix dernières années, l’Espagne valorise mieux son porc que ses voisins européens. « Si les évolutions de prix entre les pays européens sont à peu près semblables au cours du temps, puisque c’est un marché interconnecté et très concurrentiel. L’écart de valorisation est notable entre l’Espagne et les autres pays européens sur la période de 2014 à 2021, où le prix du porc dans le pays était à 2,57 € par kilo contre 2,35 € par kilo en France et moins de 2 € par kilo aux Pays-Bas et au Danemark » indique l’analyste. 

« L’écart de valorisation est notable entre l’Espagne et les autres pays européens sur la période de 2014 à 2021»

Sur les marchés tiers, l’Espagne valorise aussi bien ses exportations grâce aux tarifs plus élevés de ses produits transformés, comme ceux issus du porc de race ibérique.

Une production qui reste la plus dynamique d’Europe

« L’Espagne est le premier producteur et abatteur de porc dans l’Union Européenne » selon Amalie Cordero, analyste de 3tres3. Le pays a abattu 53,5 millions de têtes, tandis que l’Allemagne en a abattu 44,5 millions et la France 21,9 millions de têtes en 2024.  Le porc pèse pour 18 % du chiffre d’affaires de l’agriculture en Espagne, contre 5 % en France. 

« La rentabilité est meilleure en Espagne qu’en France. Le coût de l’aliment y est élevé, mais compensé par des bâtiments et une main-d’œuvre bien moins chère. D’autre part la compétitivité de la filière espagnole et sa valorisation à l’export permet de mieux rémunérer les éleveurs » détaille l’analyste de l’Ifip.

 

Comparaison des performances des élevages espagnols et français 
 Prix aliment industriel, moyenne entre 2014-2023 ( €/tonnes)Prix bâtiment neuf NE,2023 (€/truie)Coût du travail en 2023 (€/h) 
Espagne ( ES)297593416
France (FR)2761039122,9
Ecart ES / FR7,60%-42,90%-30,10%

Des défis persistent pour la filière porcine espagnole

Toutefois la filière porcine espagnole reste confrontée à plusieurs défis semblables à ceux de ses voisins européens : « le vieillissement des éleveurs, des difficultés pour la transmission des exploitations, des controverses autour de l’élevage intensif, des nombreux risques sanitaires, la concurrence accrue à l’export et la fermeture potentielle de certains débouchés fortement rémunérateurs » énumère l’analyste de l’Ifip.

Lire aussi : Le porc européen plus compétitif que l’origine États-Unis, quel impact sur les exportations ? 

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