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Porc : comment évoluent les importations chinoises en pleine guerre commerciale ?

Le marché chinois perd progressivement son statut de destination incontournable pour la viande et les abats de porc européens, brésiliens et américains. Mais le pays reste dépendant du commerce international pour son autosuffisance en porc. Désormais, Pékin préfère diversifier ses sources d’importation en produits porcins. 

Cochon Chine
À mesure que les expéditions de porc américain et européen se contractent, les flux commerciaux chinois se diversifient.
© Virginie Pinson

La Chine a importé 1,47 million de tonnes (Mt) de produits porcins sur les huit premiers mois de 2025, un volume globalement stable par rapport à la même période de 2024. Premier débouché mondial des abats, le pays a toutefois profondément modifié ses approvisionnements cette année, sur fond de surproduction intérieure, de droits de douane renforcés et de nouvelles barrières commerciales. Les abats représentent 52 % des importations.  

La Chine pénalise pour les principaux exportateurs de porc

Entre janvier et août 2025, l’Espagne est restée le premier fournisseur en porc de la Chine, avec 369 000 t importées, soit une hausse de 8 % sur un an. Pour l’ensemble de l’Union européenne, les échanges sur la même période ont légèrement progressé de 0,7 %, et atteignent 770 000 t. L’introduction de droits antidumping provisoires sur le porc de l’UE depuis le 10 septembre 2025 a ajouté une couche de perturbation dans les envois européens vers le pays. Ces droits varient entre 15,6 % et 62,4 %, pour la plupart des entreprises exportatrices, et sont appliqués à l’arrivée dans les ports chinois sous forme de dépôts sur marge. Ces mesures, largement perçues comme une représailles aux droits de douane européens sur les véhicules électriques chinois, ont rendu le porc européen moins compétitif ces dernières semaines et ont poussé les importateurs à chercher d’autres fournisseurs.

Lire aussi Porc : l’Espagne reste au cœur du commerce international 

Le porc des États-Unis et du Brésil touchés par les mesures protectionnistes chinoises

Les États-Unis deuxième exportateur de porc vers la Chine, ont expédié 212 000 t, soit une baisse de 14 % sur les huit premiers mois de l’année. Le Brésil, troisième fournisseur, a également vu ses volumes reculer de 31 % en glissement annuel, pour un total de 130 000 t. Aucun droit antidumping spécifique ne semble avoir été appliqué à la viande brésilienne, mais plusieurs facteurs expliquent ce décrochage : rejets d’expéditions ou retards sanitaires potentiels, concurrence accrue d’autres origines, et surtout montée en puissance de l’offre chinoise qui réduit le besoin d’importer.

D’autres origines renforcent leurs expéditions de porc vers la Chine 

 À l’inverse, d’autres pays ont fortement renforcé leurs positions sur le marché porcin chinois.  C’est le cas du Royaume-Uni, dont les expéditions vers la Chine ont progressé de 20 % pour atteindre 90 400 t. La Russie également a vu ses expéditions bondir de 233 % à 40 700 t. Avec le durcissement des conditions d’accès au marché chinois, cette recomposition des flux devrait se poursuivre en 2026 selon les analystes de ADHB.

Lire aussi : Porc : en Chine, la Russie profite de la guerre commerciale 

Un contexte de marché intérieur chinois morose 

La production de porc en Chine a atteint 43,7 Mt au cours des neuf premiers mois de 2025, en hausse de 3 % par rapport à 2024. L’USDA prévoit une stabilisation de la production en 2026, après cette croissance.

En revanche les prix reculent depuis juillet 2024, sous l’effet de la hausse des abattages et d’une demande plus faible. Après plus d’un an de forte rentabilité, qui avait favorisé l’expansion des cheptels et multiplié les promotions, le marché connaît désormais un repli marqué. En septembre 2025, le prix sortie abattoir s’élevait à 2,51 €/kg, soit environ 10 % de moins qu’un an plus tôt. Cette baisse devrait inciter les producteurs à réduire leurs effectifs pour le reste de l’année.

Les Européens et les Américains comptent conquérir d’autres marchés asiatiques

Avec un accès réduit au marché chinois, les opérateurs européens et américains réorientent une partie croissante de leurs volumes vers l’Asie du Sud-Est et de l’Est, notamment les Philippines, le Vietnam, le Japon et la Corée du Sud. Cette redistribution devrait intensifier la concurrence dans ces régions et accentuer la pression sur les prix. Contrairement aux découpes standards, les abats disposent de peu de débouchés alternatifs, ce qui risque d’accroître la vulnérabilité des filières exportatrices.

« Nous continuerons à exporter, mais à moindre valeur »

« Nous continuerons à exporter, mais à moindre valeur » disait Thierry Meyer, vice-président d’Inaporc, pour alerter sur le futur des exportations française et européennes.  Si la situation de marché reste aussi complexe avec la Chine, l’Europe pourrait éprouver des difficultés à exporter ses volumes de manière rentable, ce qui impacterait directement les marges à la baisse et ralentirait la production.

Lire aussi : Porc : la France assure ses débouchés au Japon, des discussions avec la Chine 

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