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L’avis des industriels de la viande de porc
« Nous avons des craintes que les promotions ne soient pas assez attractives en janvier »

Paul Rouche, directeur délégué de Culture Viande.
© DR

Les Marchés Hebdo : La limitation des réductions de prix en promotion à 34 % du fond de rayon entre en vigueur le 1er janvier. Comment va-t-elle, selon vous, s’appliquer sur la viande fraîche de porc, et quels effets aura-t-elle sur la vente en grandes surfaces ?

Paul Rouche : Les distributeurs sont pris de panique, ils ne s’y attendaient pas si tôt. Mais ils ne prendront pas le risque de ne pas l’appliquer, de crainte de la DGCCRF qui ne manquera pas de les contrôler. On peut faire le calcul suivant pour des côtes de porc : un fond de rayon moyen de 7,50 euros le kilogramme sur le mois pour la côte et une réfaction de 34 % font 5,30 euros. Globalement, la côte et le rôti tombent à un peu moins de 5 euros. Ce qui nous préoccupe, c’est que les consommateurs ont l’habitude de promotions deux fois plus basses la première semaine de janvier. L’an dernier, il y avait des prix inférieurs à 2 euros ; c’était invraisemblable, nous en convenons. Nous avons des craintes que les promotions ne soient pas assez attractives en janvier. Certains consommateurs n’achètent la viande de porc qu’en promotion, quitte à ne plus revenir au rayon les semaines suivantes. Cette limitation de la réduction du prix est une grande première, qui risque de se traduire par moins de ventes.

LMH : Et le 1er mars entre en application la limitation des volumes en promotion de 25 %. Comment envisagez-vous cette nouvelle contrainte ?

P. R. : La filière porcine française écoule 56 % de ses volumes de viande fraîche en promotion, ce qui ne se voit nulle part ailleurs en Europe. C’est excessif, bien sûr, abusif, puisque le porc est devenu un produit d’appel en janvier et septembre. Il sert à faire rentrer les consommateurs dans les magasins. Mais passer de 56 % à 25 % des volumes, c’est compliqué. On va s’en rendre compte et on sera obligés de se réunir. Soit les distributeurs changeront de stratégie, par exemple en abaissant le prix du fond de rayon vers 5 euros et en le maintenant à ce niveau toute l’année, comme le font les hard-discounters. À ce moment-là, ils retrouveront des prix promotionnels attractifs, en dessous de 3 euros. Soit la filière en rediscutera. Les éleveurs vont peut-être réagir en voyant que l’offre est abondante et qu’elle va peser sur les cours, et qu’il faudrait dégager des volumes.

LMH : Voyez-vous des possibilités d’ajustement de la loi ?

P. R. : Oui, le texte précise que les dispositions s’appliquent à titre expérimental, d’une part. D’autre part, il prévoit que le gouvernement peut suspendre l’expérience si des difficultés se posent sur le terrain. Il y a donc deux garde-fous.

Propos recueillis par Sylvie Carriat

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