Coopérative
Lur Berri consolide ses activités dans un contexte difficile
Le groupe coopératif du Sud-Ouest a vu son exercice perturbé par une faible collecte de maïs, mais a retrouvé un niveau de production normal pour les palmipèdes. Il restructure les abattoirs de sa coentreprise Arcadie et se projette au grand export avec LFF.
Le groupe coopératif Lur Berri a enregistré un chiffre d’affaires de 1,458 milliard d’euros en 2018-2019 en hausse de 4 % pour un excédent brut d’exploitation de 118,4 millions d’euros, en recul de 2,9 %. « Il s’agit d’un exercice plutôt positif, dans un contexte difficile, on continue notre consolidation », commente Olivier Gémin, directeur général de Lur Berri qui tenait son assemblée générale le 6 décembre 2019.
L’exercice a été marqué par la faible récolte de maïs (du fait d’un climat difficile), avec des volumes en recul de 16 %, qui n’ont pas été compensés par ceux des céréales et oléoprotéagineux. À l’inverse, en palmipèdes, après deux années de crise, Lur Berri a retrouvé un niveau de production normal avec 4,385 millions de tonnes (Mt) de canards gras, contre 3,082 Mt en 2017-2018 et 1,731 Mt en 2016-2017.
La production provient à 74 % du Sud-Ouest, 10 % de l’Ouest et 16 % d’Espagne (via sa société commune avec le groupe espagnol Martiko).
Hausse de la production de palmipèdes avec Palmitou Ouest
L’ensemble de la filière palmipèdes et volailles de Lur Berri s’établit à 4,792 millions de têtes. « La production de Martiko est stable. L’évolution des volumes se fait par la reprise de Palmitou Ouest (amont de la société Alain François en 2018, ndlr) et le développement de la filière poulets », peut-on lire dans le rapport d’activité du groupe.
Palmitou Ouest s’est structuré par l’embauche de personnel et la contractualisation de la production. Sa reprise a ainsi permis à Lur Berri d’accroître ses volumes de l’ordre de 850 000 canards tout en renforçant sa stratégie de répartition des risques face à une épizootie.
Nous fournissons un million de volailles à LDC
En parallèle, le groupe coopératif a renforcé son partenariat avec le groupe LDC amorcé en août 2018 pour fournir son abattoir de Bazas (Gironde) en poulets standard. « Nous fournissons un million de volailles à LDC avec qui nous avons de très bonnes relations, ce volume devrait encore croître l’an prochain », souligne Olivier Gémin.
Sur le pôle alimentaire, Lur Berri poursuit la restructuration de ses différentes activités. Si Labeyrie Fine Foods (LFF), dont la coopérative possède 91,25 % des parts à 50/50 avec PAI, a vu son chiffre d’affaires croître de 2,29 % à 1,1 milliard d’euros, son Ebitda recule de 4,5 % du fait de « provisions sur des restructurations de différentes activités », explique Olivier Gémin, évoquant des « outils à adapter ou réadapter ».
« Nous sommes assez confiants sur le foie gras, même s’il est trop tôt pour faire le bilan de cette saison festive, mais la viande de canard a démarré beaucoup plus doucement », commente le dirigeant. En cause, la restauration hors domicile qui avait sorti les magrets et autres confits de ses cartes pendant la crise de grippe aviaire, et met plus de temps à revenir aux achats.
Perspectives de grand export pour Labeyrie
Autre élément ayant pesé sur le résultat de LFF, l’investissement de 15 millions d’euros en 2018 dans une nouvelle ligne de transformation de truites à Sarbazan (Landes) dans le cadre de sa coentreprise Aqualande. « L’outil tourne à plein. Le marché de la truite en France connaît un taux de croissance à deux chiffres », se félicite le directeur général de Lur Berri.
Numéro un en foie gras et saumon fumé en France, Labeyrie se projette aussi dorénavant au-delà des frontières de l’Europe. « Aujourd’hui, 50 % de ses ventes se font en Europe, nous sommes persuadés qu’elle a une capacité significative de développement en Asie et aux États-Unis », avance Olivier Gémin.
Lur Berri réfléchit aussi à de nouvelles activités pour ses adhérents agriculteurs via le développement de LFF, comme la mise en place d’une filière pois chiches et légumes secs pour la marque Blini, ou le développement d’un jambon de Bayonne haut de gamme à partir du porc Duroc. De « simples pistes de travail » sur lesquelles le dirigeant ne souhaite pas s’étendre.
Nous devons réduire le nombre d’abattoirs
Côté Arcadie Sud-Ouest, dont Lur Berri possède 45,22 % des parts, l’heure est plutôt à la restructuration. Si son chiffre d’affaires a crû de 2,6 % en 2018 à 426,3 millions d’euros grâce à son positionnement sur les produits de qualité, la société a décidé de restructurer son tissu d’abattoirs. L’abattoir de Mont-de-Marsan (Landes) va être fermé début 2020, celui de Montauban (Tarn-et-Garonne) est également concerné. Et ce ne seront pas les seuls.
« Les abattoirs multi-espèces régionaux ont très bien fonctionné pendant vingt ans. Aujourd’hui, il faut atteindre des seuils. Nous devons réduire le nombre d’abattoirs », explique Olivier Gémin. Et ce, d’autant plus qu’Arcadie Sud-Ouest subit depuis deux ans la baisse de valorisation des cuirs. « Cela se chiffre en millions d’euros et accélère la rationalisation », commente-t-il. Une rationalisation qui devrait se poursuivre tout au long de 2020.
Pour Lur Berri, le bilan 2019-2020 s’annonce meilleur que l’exercice précédent avec une « collecte en céréales bien meilleure, même si la collecte s’est prolongée un peu tard », se félicite son directeur général.
Développement de l’agriculture biologique
Lancée il y a dix ans sur l’activité semences, la démarche RSE du groupe est désormais appliquée à toutes les activités de Lur Berri, afin de mieux répondre aux attentes du consommateur. Une évolution qui passe notamment par plus de bio. La demande sur le marché en semences de maïs issues de l’agriculture biologique se confirmant, les 129 premiers hectares en bio ont été cultivés l’an dernier. Une surface qui passe à 350 dès cette année. Par ailleurs, dans le cadre de son partenariat avec le groupe espagnol Congelados de Navarra, 20 hectares de haricots gousses ont été cultivés en agriculture biologique. « Les bons rendements de la récolte 2018 ont permis aux producteurs de dégager des revenus par hectares satisfaisants », commente Lur Berri dans un communiqué.