Le groupe Even se penche sur son eau
Par la convention signée avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, la coopérative laitière Even va amplifier ses efforts de R&D pour accroître ses capacités de recyclage et ainsi réduire sa consommation d’eau. Elle compte en faire un élément de différenciation sur le marché.
L’eau, le groupe coopératif breton Even en fait un usage quotidien très important. Principal actionnaire aux côtés des coopératives Triskalia et Terrena de Laïta qu’il intègre dans ses comptes (2,1 milliards de chiffre d’affaires avec une marque phare, Paysan breton), il transforme 1,5 milliard de litres de lait et consomme chaque année près du double en eau dans ses onze usines.
Ce sont précisément 2,9 millions de m3 prélevés dans le milieu naturel qu’il utilise, soit dans les formulations de certains de ses produits, soit pour des cycles de nettoyage fréquents. 3,4 millions de m3 – eau du milieu et eau du lait – sont ensuite rejetés chaque année. C’est sans compter les 15 millions de m3 dont les livreurs du lait Laïta (3 420 exploitations laitières) ont besoin pour abreuver les animaux et nettoyer leurs installations.
Pour l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, cette convention constitue le premier partenariat signé avec un opérateur privé de l’agroalimentaire. Objectif : « faciliter l’évolution des exploitations agricoles vers des productions plus favorables à la ressource en eau par l’adaptation ou la création de filières » (lire encadré). 16 millions d’euros vont être mobilisés sur trois ans (2016-2018) dans le cadre de cette convention, dont un tiers financé directement par l’Agence. « Une part significative » sera affectée aux travaux d’optimisation de l’usage de l’eau dans l’industrie, dit Even.
Les objectifs qu’Even appelle « l’éco-efficience des projets industriels » ? Établir un bilan net des consommations au sein des différents ateliers, développer des technologies de recyclage pour diminuer à la fois les consommations d’eau et les restitutions vers les milieux aquatiques, traiter et recycler les eaux d’évaporation, traiter les eaux blanches, régénérer les solutions de nettoyage en place (NEP). L’usage de l’eau de l’industriel varie évidemment selon les process.
Renforcer le recyclage
Le facteur « eau » est très important dans le séchage du lait composé à 90 % d’eau. Even fabrique 100 000 tonnes de poudres basiques et poudres formulées par an dans huit tours (bientôt neuf). Il est tout aussi important dans son usine de production de pâtes pressées cuites de type emmental (32 000 tonnes par an). Il faut en effet 10 litres de lait pour fabriquer 1 kilogramme de ce type de fromage. L’usage et les rejets en eau sont en revanche moins importants pour les produits humides que sont les fabrications de pâtes molles (20 000 tonnes par an) et l’ultrafrais (60 000 tonnes). « Nous devons travailler sur le meilleur usage de cette eau. L’idée principale, c’est de renforcer le recyclage de l’eau dans les usines pour l’utiliser plusieurs fois. Nous le pratiquons déjà, notamment pour nettoyer les camions de collecte. Nos équipes de R&D sont mobilisées, et l’expertise de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne sera utile. Il n’est pas exclu que nous fassions appel à des prestataires techniques extérieurs », explique Even. Aux termes de la convention, la coopérative compte bien mettre en avant ses efforts sur le marché par une différenciation de ses produits. « Nous avons déjà des demandes en ce sens », confie Even.
Réduire les rejets azotés et phosphorés en amont
Pour Even, la convention signée avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne est un prolongement de ses démarches environnementales, baptisée Passion du lait. Elle vise à renforcer « la performance économique et environnementale des exploitations » et leur « performance agronomique », en favorisant « l’alimentation de précision et la santé animale ». Elle revêt d’autant plus d’importance que 400 des livreurs de lait d’Even travaillent dans des bassins-versants en contentieux où la réglementation des pratiques agricoles est plus contraignante qu’ailleurs. Son industrie de la nutrition animale sera également mise à contribution pour réduire les rejets azotés et phosphorés et limiter le recours aux médicaments par l’usage de solutions alternatives aux antibiotiques pour les jeunes animaux.