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Labeyrie se remobilise sur le site de Came

C’était le 26 avril dernier : le site Labeyrie de Came (Pyrénées-Atlantiques) était l’un des derniers abattoirs de canards à foie gras du Sud-Ouest à rendre les armes face au virus H5N8. La direction du pôle terroir de Labeyrie et celle de sa maison mère, la coopérative Lur Berri, expliquent cette fermeture tardive par les mesures de biosécurité déjà en place.

Les 240 salariés s’étaient réunis pour un grand repas sous chapiteau, organisé par leurs syndicats. L’activité d’abattage a repris à la fin août. Cette fois une dégustation de tous les produits Labeyrie attendait les salariés au complet, à l’initiative du comité de pilotage du projet d’entreprise de Crea 2020. Pendant les quatre mois d’arrêt dans l’unique abattoir de Labeyrie, la direction du groupe, l’encadrement et les diverses « communautés d’intérêt » de Crea 2020 ont voulu que le premier employeur des Landes sorte renforcé de la plus virulente attaque d’influenza jamais connue.

On a tous des amis, des frères ou des cousins éleveurs

Emmanuel Chardat, directeur industriel terroir de la filière canard, se vante d’un « personnel particulièrement vigilant », déterminé à faire barrage à une influenza future. « On a tous des amis, des frères ou des cousins éleveurs », a-t-il expliqué à quelques journalistes, le 31 août, pendant les journées portes ouvertes des nouveaux bâtiments d’élevage, organisées par Lur Berri.

La mobilisation à Came avait commencé au lendemain de la fermeture du 26 avril. Chaque salarié s’était vu proposer un catalogue de formations. Chacun pouvait choisir ses activités : travailler dans une autre unité du groupe au profit de CHSCT, valider ses acquis, s’investir dans un groupe de progrès (qualité, sécurité, ergonomie, développement commercial, etc.), ou tout simplement se reposer ou s’occuper d’un proche. Pendant ces quatre mois, chacun est resté suspendu à l’information continue sur l’intranet du combat de la filière contre l’influenza.

Trois zones d’élevage

Le lavage-désinfection des équipements de transport des canards est un acquis important de la crise de cette année. Deux transports se distinguent : la livraison à l’abattoir et le transfert des canards prêts à gaver vers une salle de gavage. Depuis l’influenza de 2016 à Came, un tunnel de lavage automatique des camions de canards à abattre a été accolé au tunnel de déchargement. Il remplace l’aire de lavage préexistante. À la fin août 2017 a été rajoutée une arche de brumisation désinfectante sur la voie de sortie. Le chauffeur prend soin, avant de charger les caisses vides – dûment lavées et désinfectées – de vérifier leur état. De son côté, l’opérateur de l’usine jette un œil sur la propreté du camion. Les contrôles sont enregistrés.

Un poste d'ingénieur filière créé

Le procédé de lavage-désinfection des caisses, chariots et camions, de Labeyrie a été testé par l’Anses et la DDPP qui l’ont jugé fiable à 100 %. Il aura coûté 1,6 million d’euros, dont 300 000 euros rajoutés en 2017. Quant aux camions de transfert des canards d’un élevage à l’autre, ils sont lavés et désinfectés dans une station de lavage établie en copropriété avec un transporteur. Cette station se trouve à Hagetmau (Landes), à l’intersection des trois zones d’élevage qui divisent désormais le périmètre de Lur Berri. La distance à parcourir au sein de chaque zone a été divisée par 2, tombant à 32 km en moyenne.

Au cours de cette crise, un poste d’ingénieur filière a été créé. Il est occupé par Séverine Laban, agronome, présente depuis plus de six ans chez Labeyrie, qui a beaucoup fait pour la qualité des foies gras à l’usine. C’est elle que Labeyrie avait détachée au profit de l’interprofession, le Cifog, pour travailler collectivement à la biosécurité de la filière. Elle entretient le fil d’actualité de Crea Terroir en allant voir toutes les semaines l’éleveur Augustin de Gouberville, un des premiers à s’être équipé avant le H5N8 du modèle de bâtiments Armonia 5S conjuguant toutes les nécessités : biosécurité, économie, confort… Compatible avec l’élevage en bande unique et l’éventuelle claustration. La filière Labeyrie en veut une centaine d’ici à la fin de l’année : c’est trois fois plus qu’aujourd’hui, mais les éleveurs et établissements financiers semblent motivés.

Les salariés du site de Came, de leur côté, repartent sur de nouvelles bases. Deux exemples : des référents « sécurité » pour chaque atelier et un atelier d’éveinage des foies gras plus convivial et confortable : travail en îlots de quatre, systèmes d’élévation des clayettes et autres dispositifs astucieux.

Moins de canards à abattre en 2017

Quatre opérateurs sont à l’accrochage des canards, contre cinq en temps normal, ce jeudi 31 août. Posément, ils en accrochent 250 pendant leur demi-heure à ce poste, soit 500 par heure. Au lieu de traiter 2 300 canards à l’heure, l’abattoir n’en traite que 2 000. En une journée seront abattus non pas 15 000 canards, comme avant les influenzas de 2016 et de 2017, mais plutôt 12 000 à 13 000. Pour l’ensemble de l’année, cette influenza se traduira par une perte de volume de 25 % (en tenant compte de l’arrêt subi). Ce ne seront pas 3,1 millions de canards abattus pour l’ensemble du groupe Labeyrie, mais 2,4 millions. La direction espère recouvrer ses volumes normaux en 2018.

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