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Circuit court
La Fraiseraie agile face au Covid-19

La PME de Pornic a rapidement lancé de nouveaux conditionnements en glaces, pots individuels et bâtonnets, pour répondre aux problématiques de la crise sanitaire.

« On connaît La Fraiseraie pour ses longues files d’attente. Ce n’est pas bon par les temps qui courent, il nous fallait trouver une alternative », explique Alain Têtedoie, propriétaire depuis 2015 de l’entreprise artisanale de Pornic (Loire-Atlantique). Celle-ci produit à l’année 150 tonnes de fruits, 250 000 litres de glaces et des produits d’épicerie fine, pour un chiffre d’affaires global de 6,5 millions d’euros en 2019. Frappée par la fermeture forcée de ses douze boutiques et de ses trois kiosques à glaces, La Fraiseraie a fait preuve de réactivité et d’adaptabilité pour rebondir. Elle a ainsi proposé à la réouverture de ses magasins de nouveaux conditionnements plus en phase avec la crise sanitaire que les boules, des pots individuels operculés et des bâtonnets.

Cette offre nouvelle réduit le temps d’attente en magasin, limite les manipulations et peut même se consommer à la maison. Alain Têtedoie a acquis trois distributeurs automatiques pour davantage fluidifier le trafic dans ses points de vente et n’exclut pas d’en mettre davantage si l’expérience se révèle concluante. Le dirigeant a fait jouer son réseau local pour trouver en période de confinement une machine qui fabriquait des pots de yaourt et, auprès d’un maraîcher, une machine flowpack pour ensacher les bâtonnets.

Un drive pour vendre les fraises

Le confinement risquait également de compromettre les ventes en cueillettes, impossibles à assurer en période de crise sanitaire et importantes pour l’entreprise pornicaise. Encore plus avec la réduction des débouchés et l’arrêt de l’atelier de transformation durant un mois. « On avait de la fraise sur les bras, on voulait la vendre par nos moyens, sans intermédiaire », raconte Alain Têtedoie qui a monté sur ses sites de production de Pornic et de Saint-Julien-de-Concelles un système de drive sans commande. Le prix attractif de 7 euros le kilogramme de fraises pour une cagette de 2,5 kilogrammes au minimum a contribué au grand succès de l’opération.

On a touché une nouvelle clientèle

« On a touché une nouvelle clientèle. On a pu lui expliquer que l’on était producteurs de fruits. On investit sur l’avenir », se réjouit le patron. De nouvelles expérimentations sur l’offre et la façon de la distribuer pour la période estivale, qui concentre plus de 60 % de son chiffre d’affaires, sont en préparation. Il va ainsi lancer la vente à emporter sur sa crêperie de Pornic, réfléchit à la livraison à domicile et à des opérations drive sur les glaces. Car, Alain Têtedoie en est persuadé, « les entreprises qui feront preuve d’agilité rebondiront plus vite que les autres. Le consommateur, lui, n’attend pas ».

Il espère que ces solutions adoptées dans l’urgence porteront durablement leurs fruits. Ainsi, l’offre en produits glacés prêts à consommer pourrait intéresser des revendeurs de La Fraiseraie qui ne travaillent aujourd’hui que les produits cuits. La diversification de l’offre pourrait également constituer demain un atout dans la perspective du lancement d’une franchise. « On y réfléchit. Peut-être en créant une autre marque », indique Alain Têtedoie, convaincu que La Fraiseraie doit demeurer synonyme de circuit court.

Un projet pour « les 30 ans à venir »

L’outil de La Fraiseraie à Pornic est vieillissant. Alain Têtedoie est en passe de racheter un site agricole sur la commune pour bâtir un projet pour « les 30 ans à venir », dans la perspective de la transmission de l’entreprise à ses enfants, Typhaine et Pierre. Son idée consiste à réunir sur un même site « tout le concept Fraiseraie » et sa singularité : production de fruits, transformation et commerce dans le domaine de l'agrotourisme. Davantage mécanisé, l’atelier intégrera un laboratoire de pâtisseries, dont la vente est une des pistes pour fidéliser la clientèle à l’année. Le projet se veut durable sur tous les plans : écomatériaux, circuit court et adhésion prochaine à la démarche de production Demain la terre.

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