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La Bretagne se convertit au lait bio, un peu moins à la viande bio

© DR

L’année 2016 aura été particulièrement atypique en matière de conversions ou d’installations en productions laitières en Bretagne. Ce sont près de 180 exploitations laitières qui ont démarré leur conversion l’année dernière, avec un volume de lait attendu en 2018 de près de 36 millions de litres de lait supplémentaires.

En 2016, le cheptel breton de vaches laitières biologiques avait déjà progressé de 17 % par rapport à 2015, pour une production laitière biologique qui dépasse les 130 millions de litres. Et ce volume supplémentaire est largement attendu par les opérateurs qui ne craignent pas de retournement de marché et restent confiants dans le potentiel de la demande. « La consommation augmente plus vite que la production. Les opérateurs recherchent de la matière », explique Goulven Oillic, coordinateur filières, restauration collective, études et développement économique au sein d’Initiative Bio Bretagne.

La situation va changer cette année, les conversions attendues en 2017 et en 2018 seront probablement largement moindres.

Des conversions laitières ralenties en 2017

« Même si nous n’avons qu’une vision du premier semestre 2017, il reste représentatif de l’ensemble de l’année, puisque les demandes de conversions se réalisent en même temps que les demandes d’aides de la Pac. Nous pensons que les conversions devraient diminuer largement pour atteindre environ cinquante fermes », explique Stéphane Boulent, conseiller spécialisé en élevage en agriculture biologique à la chambre d’agriculture de Bretagne.

Les conversions devraient diminuer largement

Ce net ralentissement n’est pas attribué aux problèmes de financement des aides et aux annonces estivales du ministre Stéphane Travert quant au budget de la Pac, mais davantage à un attentisme et à une crainte des producteurs face à l’arrivée massive de volume laitier sur les marchés dans un an. « Le problème des aides semble peu influer sur leur décision de se convertir. En revanche, ils s’interrogent sur les effets sur le marché des volumes importants qui vont arriver dans un an. Même si, du côté des opérateurs, la situation ne les dérange pas, au contraire, ils proposent pour certains des primes à la conversion », précise Stéphane Boulent.

La production avicole bio progresse

Dans la production avicole, les conversions ont également progressé de manière significative tant en volailles de chair qu’en poules pondeuses. « En volailles bios, les projets émergent en vente directe et en circuit court, surtout. Mais les conversions ont quand même été importantes. La Bretagne a compté 200 316 volailles de chair en 2016, un nombre en progression de 48 % », précise Goulven Oillic, qui relativise cette évolution par un point de comparaison faible.

En poules pondeuses, Initiative Bio Bretagne note une reprise de la croissance. Alors que le nombre de poules pondeuses bios en Bretagne n’a progressé que d’environ 2,5 % entre 2012 et 2015, ce chiffre a augmenté de 14,8 % à 1,224 million de têtes l’année dernière. Le département des Côtes-d’Armor concentre 65 % des élevages, suivi du Morbihan. Initiative Bio Bretagne relativise néanmoins cette progression puisque la « Bretagne a perdu des parts de marché au profit d’autres régions qui développent la production, bien qu’elle rassemble 28 % des poules pondeuses bios françaises en 2016 ».

Peu de conversions en gros bovins

Enfin en production bovine biologique, les éleveurs bretons poursuivent leur conversion à un rythme peu soutenu mais continu. Le cheptel des vaches allaitantes biologiques n’a par exemple progressé que de 1 % entre 2015 et 2016 pour atteindre 5 716 têtes certifiées biologiques.

Les mesures agroenvironnementales et climatiques viennent en concurrence avec le bio

Pour les observateurs, deux paramètres jouent en la défaveur de la production bovine biologique. « D’une part, la Bretagne a mis en place des aides liées aux mesures agroenvironnementales et climatiques, qui viennent donc en concurrence avec l'agriculture bio et, d’autre part, le différentiel de coût de production entre le bio et le conventionnel est très élevé, en comparaison par exemple avec des vaches laitières », note Stéphane Boulent.

Sans pic important, les conversions restent pour autant d’actualité, à l’heure où les opérateurs sont toujours en quête de matières premières. « Il faut penser que les vaches laitières actuellement en conversion pourront aller à la réforme pour les trois quarts d’entre elles en bio en 2020 au plus tôt », tient à souligner Goulven Oillic.

Repères

180 exploitations laitières en conversion en 2016

Le cheptel des vaches allaitantes en hausse de 1 %

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