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Jean et Lisette, la biscuiterie de toute une filière

Atypique, le projet associe la coopérative Corab, la minoterie Bellot, l’industriel Léa Nature, un entrepreneur, et le distributeur, Biocoop. La biscuiterie vise les 7 millions de paquets produits en 2020. Reportage en Charente-Maritime.

La ville de Saint-Jean-d’Angély et le département de la Charente-Maritime avaient subi un traumatisme en 2013 avec la fermeture de la biscuiterie Brossard. Fleuron de l’industrie agroalimentaire locale, celle-ci avait employé dans ses belles années jusqu’à 700 salariés. Le 3 octobre 2018 flottait un vent de renouveau sur le territoire avec l’inauguration d’un outil industriel dans le même secteur d’activité.

Fabricant de biscuits bios, l’usine Jean et Lisette présente la particularité d’être née de la volonté d’une filière locale et d’acteurs nationaux. On retrouve au capital de la société un entrepreneur, Maxence d’Audiffret ; une coopérative céréalière, la Corab ; la minoterie Bellot ; l’industriel Léa Nature et un distributeur, Biocoop, via sa filiale d’investissement Défi bio. Des partenaires en terrain de connaissance puisque la Corab, Bellot, Léa Nature et Biocoop sont déjà associés (avec Bio Planète, Cereco et l’UDCA) dans Silo Bio Ouest, un outil de stockage de 5 000 tonnes qui fait face à la nouvelle biscuiterie.

7 millions d’euros dans une usine de 2 400 m2

Le projet de biscuiterie a été lancé en 2011 par Édouard Rousseau, alors président de la Corab, dans une logique de circuit court et de coopération amont aval. Comme le souligne Charles Kloboukoff, président-fondateur de Léa Nature, « se donner la main de l’amont à l’aval est assez inédit dans le pays, le faire à l’échelle d’un territoire est encore plus beau ». Cette dynamique collective se concrétise dans une usine de 2 400 m², entrée en production en juillet, un an tout juste après le démarrage du chantier de construction. L’investissement se monte à 7 millions d’euros, dont plus de 1,7 million de subventions, émanant de l’Union européenne via la Région Nouvelle-Aquitaine, de l’État, de la communauté de communes des Vals de Saintonge et de l’Agence bio via le Fonds Avenir bio.

Nous utiliserons le moins d’ingrédients possible

Le président de Jean et Lisette, Maxence d’Audiffret, ingénieur centralien de 36 ans, a conçu avec ses partenaires un outil destiné à « innover sur les biscuits à partir de la qualité des matières premières. Nous utiliserons le moins d’ingrédients possible, le plus possible sourcés en France ». Le blé bio écrasé par la minoterie Bellot provient exclusivement du Grand Ouest. Une partie de l’approvisionnement sera demain locale puisque la Corab a travaillé avec la biscuiterie à la plantation de 100 hectares de blé biscuitier. Pour la Corab, qui collecte 8 000 tonnes de grains bios auprès de 150 producteurs, les volumes destinés à Jean et Lisette « pourraient atteindre 500 à 1 000 tonnes », indique Laurent Proux, président de la coopérative.

Une marque propre en 2019-2020

« Nous avons mis en essai des variétés correspondant aux problématiques techniques de la biscuiterie », ajoute-t-il. Les deux lignes de production de la biscuiterie sortent 10 000 paquets par jour d’une dizaine de produits différents. Le nombre de références montera à trente l’an prochain sous la forme de cookies, fourrés, tartelettes, nappés… L’outil travaille à 70 % sur des références Léa Nature existantes, ce qui a facilité son démarrage. Les premiers produits seront commercialisés sous les marques du groupe charentais, Jardin bio en GMS et Bisson dans le circuit spécialisé bio.

Jean et Lisette lancera à l’horizon 2019-2020 sa propre marque et les produits pour Biocoop. L’outil pourrait aussi travailler en sous-traitance pour d’autres acteurs. Les réflexions sur les gammes et les circuits de distribution sont en cours dans « une logique de complémentarité avec nos actionnaires », note Maxence d’Audiffret.

Prêts à assumer deux ans de perte

Les partenaires vont d’autant plus prendre leur temps que le modèle économique reste fragile. « Très concentré et très standardisé, le métier demande de fortes capitalisations. Notre outil souple, capable de s’adapter à des besoins variables, est un réel pari », observe Charles Kloboukoff. « Nous sommes prêts à assumer deux ans de perte pour arriver à l’équilibre en 2020 », prévient-il. Biocoop est justement arrivé sur le projet tardivement, en mai dernier, pour le sécuriser. « Nous pouvons apporter une brique dans l’équilibre économique de ce projet. Il faudra pour cela produire des séries importantes », précise Jean-Pol Kerjean, directeur technique de Défi bio.

Biocoop « va regarder quels sont ses besoins non satisfaits », poursuit-il, en évoquant les pistes du vrac, d’encas pour le goûter, du snacking ou encore d’un biscuit à base de blé local et de chocolat équitable. La production devrait avoisiner les 5 millions de paquets en 2019 et 6 à 7 millions en 2020. Une extension du site sera alors envisagée avec l’introduction de nouvelles technologies. Maxence d’Audiffret prévoit un chiffre d’affaires de 6 à 7 millions d’euros à horizon trois ans. La biscuiterie a démarré avec quinze salariés, dont plusieurs ex-Brossard. Elle en emploiera vingt-deux en fin d’année avec la constitution d’une seconde équipe et trente un an plus tard.

Le premier transformateur sur Val Bio Ouest

La biscuiterie Jean et Lisette est la première entreprise de transformation à s’implanter sur Val Bio Ouest, le pôle de la filière bio en Poitou-Charentes, créé en 2014. Elle y rejoint Silo Bio Ouest, implanté sur le site dès 2011, l’antenne nord d’Interbio Nouvelle-Aquitaine, le Gab 17, une agence Ecocert, le siège de la Corab et la SARL Plus que bio, importateur de chocolat cru arrivé sur le pôle en janvier dernier. Alors que Silo Bio Ouest va prochainement s’étendre, d’autres projets en transformation sont annoncés.

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