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Inflation
En liquidation judiciaire, un jeune entrepreneur bio témoigne

Covid, inflation, flambée des matières premières, les Ateliers de la Veggisserie subissent de plein fouet la conjoncture économique et sont placés en liquidation judiciaire, faute de trésorerie. Témoignage de Timothée Debièvre-Hellio.

Timothée et Audrey Debièvre-Hellio ont fondé les Ateliers de la Veggisserie en 2018.
Timothée et Audrey Debièvre-Hellio ont fondé les Ateliers de la Veggisserie en 2018.
© Ateliers de la Veggisserie

Les Ateliers de la Veggisserie, c’était une jeune entreprise normande prometteuse. Les deux fondateurs avaient développé une gamme de desserts, frais ou surgelé, bio, vegan, sans gluten et réduite en allergène, axée avant tout sur le goût et le plaisir. « Il y a un marché et une forte demande sur ces produits. Cette année, nous devions augmenter de 20 à 30 % notre chiffre d’affaires. L’an prochain, grâce aux commandes déjà engagées, nous visions au moins +40 % », confie Timothée Debièvre-Hellio, qui a fondé l’entreprise avec son épouse en 2018.

Le Covid, un premier choc

« Nous avons été très touchés par le Covid, car nous étions bien présents dans la restauration à emporter, notamment dans les TGV et les frigos connectés », se souvient l’entrepreneur. Ces débouchés se sont arrêtés brutalement avec la pandémie et n’ont jamais retrouvé leur potentiel, la carte des desserts des TGV ayant été depuis simplifiées et le télétravail ayant fortement limité l’activité des frigos connectés.

La flambée des prix des matières premières mine la trésorerie

Mais les jeunes dirigeants n’ont pas baissé les bras et développé leurs ventes au détail. « Nous avions une gamme vers les magasins bio, Biocoop et Naturalia, une autre vers la grande distribution, le groupe Casino surtout Monoprix et Franprix et devions nous développer au régional avec Carrefour et Super U », explique Timothée Debièvre-Hello.

« En moyenne, nous avons fait face à des hausses de +20 % ! »

Mais les conditions de production se compliquent à partir de la guerre en Ukraine et l’envolée des prix des matières premières. « En moyenne, nous avons fait face à des hausses de 20 % ! 80 % sur nos emballages cartons, 15 % à 80 % sur les fruits, 20 % sur le sucre », énumère le dirigeant, « les prix des pots en verre ont bondi de 35 %, mais les délais de livraison se sont aussi allongés, ainsi nous n’avons pas pu répondre à une grosse commande faute de contenants ! ».

S’en suit alors une course effrénée, acheter davantage pour faire des économies d’échelle et disposer de la matière première. En face, les clients, souffrant eux aussi de la conjoncture tardent à régler les factures. « Nous avons fait le choix de rogner nos marges et tenir nos prix, mais certains magasins les ont tout de même augmentés, c’est difficile en tant que petits producteurs de vérifier en magasin », soupire Timothée Debièvre-Hello. Résultats, des ventes qui s’effritent, reflétant bien les arbitrages en période d’inflation.

« Il y a un marché, on peut rebondir ! »

Avec une trésorerie exsangue, « alors que nous étions encore en mode start-up, avec des gros besoins en innovation », complète le dirigeant, la jeune entreprise a été placée en liquidation judiciaire cet automne.

On cherche un industriel de l’agroalimentaire, intéressé par nos recettes

« Nos partenaires ont cherché comment nous aider, ils savent qu’il y a un marché, on peut rebondir, mais nous ne pouvons plus produire à cette échelle. On cherche un industriel de l’agroalimentaire, intéressé par nos recettes, qui pourraient produire davantage de volume pour améliorer les coûts », conclue Timothée Debièvre-Hellio.

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