Aller au contenu principal

BVP : « Exporter n’est pas un long fleuve tranquille en ce moment », selon Didier Boudy, président de la Feb

Pour Didier Boudy, président de la Fédération des entreprises de boulangerie (Feb), la hausse des prix de l’énergie est une menace pour les exportations des pâtisseries françaises vers le reste de l’Europe.

Didier Boudy, président de la Fédération des entreprises de boulangerie.
Didier Boudy, président de la Fédération des entreprises de boulangerie.
© Mademoiselle Desserts

La filière BVP française s’exporte particulièrement bien. Quels sont les produits qui rencontrent le plus de succès hors de nos frontières ?

Didier Boudy - Ce sont les produits de viennoiserie-pâtisserie qui s’exportent le mieux, et plus particulièrement les produits haut de gamme, car les croissants basiques sont maintenant fabriqués un peu partout dans le monde. Les entreprises françaises vendent des produits type croissant haut de gamme pur beurre. L’Europe est de loin la première clientèle de la filière boulangerie-viennoiserie-pâtisserie française, avec en tête le Royaume-Uni. Si la France est le pays le plus visité au monde, sa gastronomie fait partie des facteurs expliquant ce succès. Le petit-déjeuner de type baguette croissant café fait partie des rituels des touristes. Les entreprises françaises exportatrices leur proposent ainsi de retrouver chez eux les mêmes produits qu’ils ont connus en France.
L’export représente pour la filière boulangerie-viennoiserie-pâtisserie française 2 milliards d’euros, soit un quart de son chiffre d’affaires total. Les entreprises permettent de mieux valoriser leurs produits que sur le marché national. Bridor réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’export par exemple. Chez nous, à Mademoiselle Desserts, nous exportons aussi énormément. Neuhauser joue carrément la carte du poulbot. L’image de la France est très importante. En revanche, le pain ne s’exporte pas très bien. Sa texture aérée fait qu’il prend de la place, rendant le prix de son transport au kilo très élevé et donc peu intéressant.

À la tête de Mademoiselle Desserts depuis 2009, Didier Boudy a été trésorier de la Feb pendant de nombreuses années avant d’en être élu président en septembre 2021 par le comité directeur de la fédération. Il a succédé à Sébastien Touflet, directeur général de Touflet Boulanger, qui a occupé le poste pendant quatre ans.

Quelles sont les conséquences de l’inflation généralisée sur les ventes à l’export ?

D.B. - Entre la crise sanitaire, les variations de devises, et maintenant l’inflation, le marché européen de la boulangerie-pâtisserie est vite perturbé. Les hausses des prix des matières premières nuisent actuellement à la compétitivité de nos produits. Les prix des produits français ont déjà augmenté de 30 % et seront amenés à grimper encore pour faire passer les nouvelles hausses à venir sur la farine, le sucre et surtout l’énergie. Mais certains importateurs locaux n’accepteront pas toutes les hausses de tarifs. Les discussions sont particulièrement difficiles sur les viennoiseries pur beurre. Quelques acheteurs ont déjà arrêté d’acheter nos produits, mais heureusement, ce n’est pas le cas de la majorité. Même les prix du chocolat ont décollé à la suite des arrêts de lignes de production de Ferrero à cause des contaminations à la salmonelle qui a entraîné un énorme manque de disponibilités. Exporter n’est pas un long fleuve tranquille en ce moment. Mais de nombreux acheteurs entendent raison. Après tout, l’inflation n’est pas qu’en France et touche toute l’Europe, et même le monde.

En quoi les hausses du prix des énergies inquiètent la filière française ?

D.B. - Les hausses des prix de l’énergie pourraient être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous exportons des produits surgelés. Cette surgélation a un vrai coût. Nous attendons de voir comment les prix vont être plafonnés et comment les mesures annoncées par Élisabeth Borne vont concrètement se mettre en place sur le terrain. Il faut que ça aille vite. Les nouveaux contrats en électricité se comptent en dizaine de millions d’euros. Si les acheteurs n’acceptent pas les hausses, les répercussions seront terribles pour les entreprises. Certaines seront contraintes de réduire la voilure. Du côté de Mademoiselle Desserts, comme au sein de beaucoup d’entreprises, nous avons déjà des plans en cours et nous nous tenons prêts pour l’évolution de la situation. Il nous faut anticiper pour ne pas prendre de décisions au dernier moment.

Les plus lus

poules pondeuses en élevage au sol
Prix des poules pondeuses – Cotation réalisée le 14 août 2025

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés le lundi reflète les prix de la semaine précédente. La CPR (…

Chargement d'un camion de pomme de terre. Acheminement sur un tapis.
Pourquoi les prix des pommes de terre industrie ont-ils tant plongé cet été ?

Les volumes de pomme de terre primeurs pour l’industrie qui ne sont pas contractualisés ne trouvent actuellement pas preneurs…

poule rousse dans un champ vu de prés
Prix des poules pondeuses – Cotation réalisée le 08 août 2025

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés le lundi reflète les prix de la semaine précédente. La CPR (…

une silhouette de vache laitière dans laquelle on voit le drapeau allemand
L’Allemagne a perdu 90 000 vaches laitières en un an

Le nombre de vaches laitières continue de reculer en Allemagne, quoique à un rythme un peu ralenti.

brebis en bergerie
« En trois ans, on a perdu 617 000 agneaux ! » : comment la filière ovine veut enrayer la baisse de production

Les abattages d’agneaux reculent depuis 4 ans, mais la filière croit au potentiel et pousse à travailler au cœur de chaque…

viande dans un carton
Viande bovine : pourquoi notre déficit commercial s’est réduit de 10 000 t au premier semestre 2025

Les exportations françaises de viande bovine progressent au premier semestre, malgré le manque de disponibilité et les prix…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio