Bio : comment s'adapte la distribution spécialisée au recul de l’offre française
Alors que les distributeurs spécialisés bio renouent avec la croissance, l’amont agricole, lui, perd des producteurs. Ce qui nuit aux approvisionnements en produits bio français, notamment en œufs, volaille et produits laitiers et menace la dynamique de reprise des enseignes.
Alors que les distributeurs spécialisés bio renouent avec la croissance, l’amont agricole, lui, perd des producteurs. Ce qui nuit aux approvisionnements en produits bio français, notamment en œufs, volaille et produits laitiers et menace la dynamique de reprise des enseignes.
Après quatre années de repli, l’année 2025 confirme la reprise du bio. Depuis janvier, les enseignes spécialisées affichent une croissance globale de 5,5 %. À l’occasion du salon Natexpo, les Marchés ont rencontré trois acteurs de la distribution bio spécialisée : La Vie Claire, pionnier du bio depuis près de 80 ans ; Les Comptoirs de la Bio, réseau d’indépendants créé en 2012 ; et La Fourche, plateforme d’e-commerce fondée en 2018 et positionnée sur le bio à prix réduits.
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Toutes observent une reprise nette de la demande en produits bio, La Vie Claire et Comptoirs de la Bio enregistrent une progression de 7 % de leur chiffre d’affaires. De son côté, La Fourche affiche une croissance spectaculaire de 40 %, et indique se rapprocher de la rentabilité.
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Les MDD, moteurs de la reprise du bio
La fréquentation progresse en magasins, confirment La Vie Claire et Les Comptoirs de la Bio. De son côté, La Fourche identifie les marques de distributeur (MDD) comme premier levier de croissance, grâce à leur tarif inférieur aux marques nationales. Un constat partagé par La Vie Claire, dont les MDD totalisent 2 000 références sur 6 000 produits. La Fourche prévoit d’ailleurs d’étendre sa marque propre à d’autres segments, comme le pet-food, pour soutenir sa dynamique.
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Les fruits et légumes bio tirent les ventes
Les trois enseignes enregistrent une demande forte pour les produits tels que les fruits et légumes, le pain, les produits laitiers, mais aussi les alternatives végétales, dont les ventes s’envolent. « La demande est fulgurante sur le tofu » précise Nathan Labat cofondateur de la Fourche.
L’origine France bio, la priorité des approvisionnements
« Nous restons exclusivement sur un approvisionnement français et local tant que le surcoût ne dépasse pas 20 à 30 %. » indique Nathan Labat de la Fourche. Ce dernier explique qu’au-delà de ce pourcentage les ventes décrochent, car les produits ne sont pas du tout compétitifs. En il ajoute que : « Nous sommes les premiers à commercialiser une gamme complète de légumes exclusivement cuisinés avec des produits 100% France. » L’enseigne privilégie également l’origine France pour ses produits susceptibles d’être exportés en Europe.
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Au Comptoir de la bio, 98 % des légumes sont d’origine France et la viande est 100 % française « Dès qu’on peut acheter français, on le fait », insiste Cyril Cahuzac, directeur de l’offre et des achats de l’enseigne. Il précise que les importations de l’enseigne concernent principalement les aliments qui ne peuvent être produits en France comme les graines de chia, les noix de cajou…
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Chez la Vie Claire, 97 % des approvisionnement sont français. Pour les produits importés, l’enseigne interdit le transport aérien au profit du transport maritime..
Des pénuries qui s’accentuent en produits bio français
Toutes les enseignes se disent confrontées à des ruptures en œufs et en volaille bio. Ces tensions reflètent la situation préoccupante de l’amont. Selon l’Agence Bio, 2025 marque une première historique, avec plus de déconversions que de nouveaux entrants dans la bio.
Les distributeurs cherchent à sécuriser leurs approvisionnements français
Pourtant les enseignes affichent des perspectives de croissance pour les années à venir. La Vie Claire prévoit l’ouverture de 20 nouveaux magasins en 2026, portant son parc à plus de 345 points de vente. La Fourche souhaite, elle, étendre son service de livraison de produits frais à de nouvelles grandes villes comme Marseille. Mais cette dynamique d’expansion ne sera possible qu’à condition de sécuriser leurs approvisionnements. Les enseignes multiplient différentes stratégies, comme la diversification des sources sur les produits en tension, le recours accru aux achats en direct auprès des coopératives et la recherche d’alternatives pour limiter les risques de rupture.
Forte de sa longévité dans le secteur, la Vie Claire compte sur la fidélité de ses fournisseurs. L’enseigne espère ainsi rester leur priorité, notamment en cas de tension ou de rupture sur certaines productions françaises.