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Politique économique
Ambitions et mesures du plan de relance pour l’agroalimentaire

Renforcer la souveraineté alimentaire de la France, accélérer la transition agroécologique ou encore améliorer la compétitivité des IAA en baissant les impôts font partie des objectifs de France Relance.

France Relance, tel est le nom du plan de 100 milliards d’euros présenté le 3 septembre par Jean Castex : « un plan massif pour retrouver dès 2022 le niveau de richesse d’avant-crise », selon le Premier ministre. Financé à hauteur de 40 % par l’Union européenne, ce plan comprendra 30 milliards d’euros dédiés à accélérer la transition écologique et 35 milliards pour réarmer l’industrie de la France, parmi lesquels 1,2 milliard visant spécifiquement les filières agricoles et agroalimentaires jugées stratégiques.

« Transformer la crise en opportunité », voilà ce que vise le gouvernement, a assuré Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, lors de la présentation du volet agricole le 3 septembre. Un volet découpé en trois axes prioritaires : la reconquête de la souveraineté alimentaire, l’accélération de la transition agroécologique et l’adaptation de l’agriculture et de la forêt aux changements climatiques.

100 millions d’euros pour le plan protéines

« L’enjeu de la souveraineté et indépendance alimentaire française est primordial », a déclaré Julien Denormandie. « Est-ce normal que nos élevages soient nourris aux tourteaux de soja brésilien ? À l’évidence, non ! », exprime le ministre. Pour y remédier, 100 millions d’euros sont alloués à un plan protéines attendu de longue date, auxquels s’ajouteront des fonds issus du programme d’investissement d’avenir (PIA). À travers ce plan, le gouvernement veut doubler les surfaces en plantes riches en protéines et faire de la France un leader de la protéine végétale en alimentation humaine à horizon 2030.

On cible les abattoirs des territoires en difficulté

Le monde animal n’est pas oublié. Une enveloppe de 250 millions d’euros est annoncée pour moderniser les filières animales. « Les demandes des citoyens sont fortes, mais nous sommes confrontés à la réalité du terrain, beaucoup d’abattoirs territoriaux ont une marge économique qui ne leur permet pas de faire de tels investissements », admet Julien Denormandie. Un plan de 130 millions d’euros visera à moderniser les abattoirs. « On cible les abattoirs des territoires en difficulté », précise le ministre. En parallèle, 100 millions d’euros seront dédiés à l’élevage pour améliorer la biosécurité et le bien-être animal.

Permettre à chacun de manger des produits frais français

Pour accélérer la transition agroécologique, le gouvernement mise sur le renforcement du bio et de la Haute Valeur environnementale (HVE). Un budget de 60 millions d’euros supplémentaires est annoncé pour le plan de restructuration des filières agricoles et alimentaires et le fonds Avenir Bio. Pour encourager les agriculteurs à s’engager dans la voie de la certification HVE, que Julien Denormandie compte défendre au niveau de l’Union européenne, un crédit d’impôt à hauteur de 76 millions d’euros va être créé. Avec l’objectif de certifier 4 000 exploitations supplémentaires dans les deux années à venir.

« Permettre à chacun de manger des produits frais français », telle est l’une des missions que s’est confiée le nouveau ministre de l’Agriculture à travers ce plan dont des mesures ciblent spécifiquement la restauration collective. 50 millions d’euros vont être alloués aux cantines scolaires des petites communes pour leur permettre de s’équiper et de former leur personnel. Un coup de pouce visant à leur permettre de remplir les objectifs fixés par la loi Egalim. L’objectif annoncé : aider 1 500 communes. Une enveloppe de 80 millions d’euros est également prévue pour amplifier l’émergence de projets alimentaires territoriaux (PAT), avec l’objectif fixé d’au moins un PAT par département d’ici à 2022.

Par ailleurs, via l’opération « 1 000 restaurants durables », dotée de 10 millions d’euros, et menée avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le plan prévoit d’aider 1 000 restaurants situés en particulier dans les communes rurales de moins de 20 000 habitants à développer ou à adapter des activités de restauration durable.

Des mesures transversales accessibles aux IAA

Et l’industrie agroalimentaire (IAA) dans tout ça ? Ce secteur industriel a été jugé stratégique et les IAA sont éligibles à l’enveloppe de 100 millions d’euros dédiée, sous forme d’un appel à projets, déjà lancé, au soutien à l’investissement dans des secteurs stratégiques pour la résilience de notre économie. La fabrication de produits à base de nouvelles sources de protéines végétales, d’ingrédients et additifs ou encore d’emballages alimentaires à base de biomatériaux est notamment visée. TPE, PME et ETI du secteur pourront aussi bénéficier de la baisse des impôts de production (notamment sur la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), annoncée par le Premier ministre, et qui pourrait alléger les charges des IAA de 3 milliards d’euros, selon les calculs de l’Ania. Les IAA sont concernées par d’autres mesures transversales ciblant : la rénovation énergétique de TPE/PME (200 M€), la décarbonation de l’industrie (1,2 Md€) ou encore la mise à niveau numérique des TPE, PME et ETI (385 M€).

Un plan bien accueilli par les professionnels

« J’appelle tous les Français et les entrepreneurs à avoir confiance », a lâché Jean Castex le 3 septembre en conclusion de la présentation de France Relance. Après les 470 M€ déboursés pour soutenir l’économie durant la période du confinement, ce plan de relance a reçu un bon accueil du côté des instances professionnelles agricoles et agroalimentaires. L’Ania a salué les ambitions de « ce plan de relance historique » y voyant « un signal fort donné à toutes les entreprises de l’alimentation », alors que la FNSEA déclarait : « les attentes affichées figurent bien dans le plan, à une hauteur autorisant l’ambition ». « Le plan de relance répond en grande partie à l’impératif de sortie de crise pour les filières agricoles et agroalimentaires depuis la pandémie de Covid-19 », a commenté La Coopération agricole, estimant toutefois qu’il faudrait « aussi préparer l’après-crise », et d’appeler à l’instauration d’un fonds pour la transition agroécologique.

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