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La journée CapVert fait le bilan de 12 ans de Patuchev et de REDCap

La Journée CapVert a célébré douze ans d’expérimentations sur des systèmes caprins plus autonomes, durables et adaptés au changement climatique, à travers les projets Patuchev et REDCap. 

Chèvre alpine au pâturage

« L’herbe et la diversité, ça se cultive ! » Les organisateurs de CapVert n’ont cessé de le rappelé jeudi 22 mai, à Lusignan dans la Vienne. La cinquième édition de la journée CapVert a rassemblé plus de 320 personnes - éleveurs, chercheurs, conseillers et jeunes en formation - venus célébrer douze années d’expérimentation autour des systèmes caprins durables. Deux dispositifs étaient au cœur des échanges : Patuchev, l’expérimentation système conduite sur la station Inrae de Lusignan, et REDCap, le réseau d’éleveurs expérimentateurs. Objectif commun : « améliorer les conditions de vie des éleveurs du point de vue économique, tout en prenant en compte le changement climatique » — un double enjeu rappelé dès l’inauguration et la présentation des dispositifs.

Des références coconstruites sur l'élevage de chèvres

Jérémie Jost de l’Institut de l’élevage

Jérémie Jost de l’Institut de l’élevage a souligné les fondements du projet REDCap : « Il fallait répondre à la crise du lait de chèvre avec des systèmes plus autonomes, moins chers et adaptés au changement climatique. » Sur la base de 120 élevages expérimentateurs en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, accompagnés par un réseau impressionnant de structures techniques et de formation, REDCap a permis de coconstruire des références concrètes sur la place de l’herbe dans la ration, les méteils grains ou les prairies multi-espèces

Lire aussi : Dix ans d’expérimentation Patuchev

Quant à Patuchev, mené sur la station de Lusignan depuis 2013, il a mis en œuvre trois conduites de troupeau : pâturant saisonné, pâturant dessaisonné et dessaisonné alimenté au foin ventilé. En se basant sur des prairies multi-espèces et multi-variétales, des rotations longues et diversifiées associant céréales et protéagineux, du foin séché en grange et de l’herbe pâturé, les trois troupeaux de 60 chèvres sur dix hectares chacun ont produit de 800 à 900 litres de lait par chèvre et par an.

Des innovations techniques testées pour l'élevage caprin 

Hugues Caillat de l’Inrae

Le système le plus performant ? Le saisonné pâturant, qui allie autonomie, production et rentabilité : « On est à 900 litres par chèvre et par an, avec moins de 350 kg de concentré par chèvre. Et surtout, une rémunération de 2,7 SMIC par unité de main-d'œuvre », explique Hugues Caillat de l’Inrae en rappelant que « l’herbe est un atout pour concilier performance économique, environnementale et sociale. »

Lire aussi : Patuchev allie autonomie et productivité grâce à l’herbe

Tout au long de l’expérimentation Patuchev, les innovations techniques ont été nombreuses : prairies multi-espèces sans azote minéral, réduction des traitements antiparasitaires via des plantes bioactives, reproduction sans hormones, pâturage précoce des chevrettes…

Une durabilité qui n'oublie pas de produire du lait

Geneviève Barat, éleveuse de chèvres dans la Creuse et conseillère régionale de la région Nouvelle-Aquitaine, a salué le rôle pionnier du projet : « Tous les objectifs de la feuille de route Néo Terra sont compris dans ce que vous faites ici : réduction des intrants, autonomie alimentaire, adaptation au changement climatique... » Une durabilité environnementale, économique et sociale et un travail partenarial également salué par la Draaf et par Samuel Bulot, éleveur bovin laitier bio de Côte-d’Or et président de l’Institut de l’élevage.

Lire aussi : Comment Patuchev parvient à faire du lait avec de l’herbe

Pour Mickaël Lamy, producteur de lait de chèvre du Maine-et-Loire et président de l’Anicap, la cohérence du travail mené est remarquable, mais les défis restent immenses : « L’élevage est parfois critiqué. Pourtant, dans les zones intermédiaires, l’élevage est la solution pour redonner de la valeur à des terres qui s’appauvrissent. » Le président de l’interprofession caprine a exprimé une alerte forte sur la capacité productive : « Il n’y aura pas de transition agroécologique tenable sans capacité de production. Si, demain, on a des systèmes hyper vertueux mais incapables de produire ce que nos concitoyens consomment, on fera le lit de l’importation. »

Diffuser les résultats et imaginer la suite

Atelier sur l'élevage des chevrettes lors de la journée CapVert du 22 mai 2025 à Lusignan

Avec un réseau solide, une base scientifique robuste et des résultats désormais reconnus, la filière caprine peut s’appuyer sur cette décennie d’efforts pour aller plus loin. L’heure est maintenant à la diffusion de ces pratiques vers le plus grand nombre d’éleveurs ainsi qu’à la construction d’une nouvelle expérimentation-système intégrant des solutions face aux controverses à venir sur l’élevage caprin : compétition feed-food, problématiques des chevreaux, longévité des chèvres…

Lire aussi : Patuchev montre que les élevages caprins peuvent faire du revenu avec de l’herbe

Désormais, il ne s’agit plus seulement de démontrer que l’herbe et la diversité d’espèces sont des solutions, mais bien de les faire essaimer. Car si l’herbe se cultive, les transitions, elles, s’accompagnent.

Panneaux en ligne

Les posters et panneaux présentés le 22 mai sont riches en infos et résultats. Ils sont à retrouver sur redcap.terredeschevres.fr/spip.php?rubrique122

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