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Œufs : le CNPO demande d’« alléger les procédures d’installation des élevages pour atteindre l’autonomie alimentaire »

L’interprofession des œufs revenait, lors de sa traditionnelle conférence de presse annuelle, sur la nécessité de doper la production française pour répondre à une consommation dynamique sans s’appuyer sur les importations. Pour ce faire, les acteurs en appellent à une simplification administrative.

elevages de poules pondeuses en plein air
Les nouveaux poulaillers qui seront construits seront du code 2 ou du code 1, volaille et plein-air, pour répondre aux attentes des consommateurs
© Réussir Volailles

300 nouveaux poulaillers d’ici 2030, soit un million de poules pondeuses supplémentaires par an, c’est l’objectif que la filière œuf avait annoncé en juin dernier. Objectif confirmé ce jour en conférence de presse, mais nuancé, « il faut deux ans entre le projet de poulailler et le début de la ponte », explique ainsi Yves-Marie Beaudet, président du CNPO et lui-même producteur d’œufs.  

« Le Space a créé un bel effet boost, et nous avons eu beaucoup de candidats déclarés à partir du mois de novembre»

« Le Space a créé un bel effet boost, et nous avons eu beaucoup de candidats déclarés à partir du mois de novembre. On sent que la dynamique prend, mais les démarches administratives sont longues, on manque aussi de main-d’œuvre chez les constructeurs » ajoute le président. « On lance d’ailleurs un observatoire de la construction des nouveaux projets, qui va aussi suivre les coûts de construction » précise Alice Richard, directrice du CNPO. 

Lire aussi : Œufs : « les grossistes se saisissent de la transition vers l’alternatif »

Une production d’œufs qui a stagné en 2024

La production d’œufs a reculé de 0,4 % en 2024 comparé à 2023, « car il y a une vague de travaux sur les poulaillers en cages aménagées pour les transformer vers l’alternatif », explique Yves-Marie Beaudet. La production reste 2,5 % sous son niveau de 2021, « c’est l’après grippe aviaire », justifie l’éleveur, qui précise que les importations d’œufs coquille ont progressé de 20 % l’an dernier. « Mais il faut saluer la grande distribution, avec qui nous avons pourtant eu des discussions sur l’accord pour le financement de l’ovosexage, qui s’engage à mettre des œufs français en rayon », rajoute ce dernier. 

Lire aussi : Flambée des prix des œufs en France, est-ce la faute des États-Unis ?

Mais une consommation d'œufs galopante

« Si nous avons importé davantage, c’est que la production est insuffisante en France. Mais il faut le dire, un œuf qui n’est ni allemand ni français, c’est un œuf qui tue le poussin mâle », s’exclame Yves-Marie Beaudet.

« Un œuf qui n’est ni allemand ni français, c’est un œuf qui tue le poussin mâle »

 Production insuffisante pour nourrir la croissance du rayon qui fait figure d’exception dans un paysage de la grande consommation plombé par l’inflation. Les ventes d’œufs dans la GMS ont progressé de 4,2 % sur le premier trimestre 2025, confirmant la dynamique de 2024 (+4,7 %) déjà bien présente en 2023 (+3,9 %). Pour 2024, le taux d’auto-approvisionnement était de 98,6 %, en hausse après le plancher historique de 96 % en 2022. « Mais l’objectif est de 101 %, un taux qui permet de répondre à la consommation en tenant compte des variations saisonnières de la demande » précise Loïc Coulombel, membre du CNPO. 

Lire aussi : Grippe aviaire : 11 millions de volailles abattues en Pologne 

Des nouveaux poulaillers difficiles à installer

« Il faut produire 300 millions d’œufs supplémentaires chaque année pour répondre à cette demande. Ce qu’on demande à l’État, ce n’est pas de l’argent, mais d’alléger les procédures d’installation des élevages pour atteindre l’autonomie alimentaire » reprend ainsi Yves-Marie Beaudet. 

Lire aussi : Armor Œufs : « Nous avons pour objectif d’atteindre 7 millions de poules pondeuses pour 2030 »

Pas de surtransposition des normes européennes

L’éleveur demande à l’État de cesser la surtransposition des normes européennes. Ainsi la construction d’un poulailler de plus de 60 000 poules dans l’UE nécessite une évaluation environnementale, en France c’est dès 40 000 poules. Le CNPO demande aussi d’exclure l’élevage de la procédure d’autorisation environnementale issue de la loi Industrie verte.

« On ne demande pas moins d’environnement, ni moins de bien-être animal, juste qu’on nous facilite la vie ! »

 « L’enquête publique doit bien avoir lieu, mais il faut agir dans un périmètre raisonnable » juge le président. Dernière demande, et non des moindres, écarter l’élevage de la directive européenne IED, « le seuil passera de 40 000 poules à 21 500, il y aura donc 458 poulaillers supplémentaires concernés, or les éleveurs n’ont pas tous les moyens techniques ou financiers de faire les travaux ! » s’insurge Yves-Marie Beaudet, rappelant « la France est un des derniers pays à avoir des élevages de volailles aussi petits, elle est assez seule dans son combat ». Conclusion du président du CNPO « on ne demande pas moins d’environnement, ni moins de bien-être animal, juste qu’on nous facilite la vie ! ».   

Lire aussi : Œufs de poules élevées en cage : est-ce vraiment fini en 2025 ?

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