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Pourquoi le cheptel bovin a-t-il tant reculé dans l’Union européenne en 2024 ?

La baisse du cheptel bovin en 2024 est inédite. Une partie de ce recul est structurelle, alimentée par les départs en retraite, mais une autre est liée à la recrudescence des phénomènes climatiques défavorables à l’élevage. Tour d’horizon. 

Des silhouettes de vaches qui paturent dans une prairie, style illustré. Au premier plan, une fléche qui illustre une décroissance
Le cheptel européen de bovins a baissé de près de 3 % en 2024, un recul frappant
© Généré par l'IA

Le cheptel européen de bovins (laitiers et allaitants) a reculé de 2,6 % en 2024 (à 71,8 millions de têtes), selon la Commission européenne. 

« Une telle baisse est inédite, vraiment frappante »

« Une telle baisse est inédite, vraiment frappante. À l’échelle de l’UE, le cheptel est si gros que les mouvements sont peu importants d’habitude », réagit Ilona Blanquet Chef de projet Économie de l’Idele. Les années précédentes, les baisses enregistrées étaient de l’ordre de 1 %. 

 Lire aussi : Les vaches allaitantes passent toujours plus au hachoir

 

Un recul du cheptel bovin structurel

Un tel recul s’explique avant tout de manière structurelle, avec les départs en retraite des éleveurs. « C’est le cas en France et en Allemagne. Mais aussi en Espagne, où 70 % des éleveurs ont plus de 50 ans. Certes le pays a beaucoup recours à de la main d’œuvre salariée mais il y a une vraie problématique, car 26 % des éleveurs ont plus de 65 ans et même 5 % plus de 80 ans ! » décrypte Ilona Blanquet. 

« En Espagne (...) 26 % des éleveurs ont plus de 65 ans et même 5 % plus de 80 ans ! »

A cela s’ajoutent les contraintes environnementales, comme aux Pays-Bas et en Irlande. 

Lire aussi : Viande bovine : qu’importe et exporte la France ?

 

Les aléas climatiques pèsent sur les éleveurs bovins

« Un autre phénomène plus récent accélère la décapitalisation, ce sont les sécheresses et les phénomènes climatiques extrêmes » ajoute l’experte. Les éleveurs, pour être moins dépendants des achats de fourrage réduisent la taille des cheptels. Ce fut le cas en France, avec des sécheresses sur la période 2019/2022, mais aussi en Espagne, ce qui a pesé sur les éleveurs du Centre-Est du pays. 

« Un autre phénomène plus récent accélère la décapitalisation, ce sont les sécheresses et les phénomènes climatiques extrêmes »

« Sur l’année hydrique 2023/2024, le déficit hydrique y était de 72 % » illustre ainsi Ilona Blanquet. Le cheptel espagnol, qui a plafonné en 2021et 2022, devrait continuer de baisser (-1,9 % en 2024) car les abattages de vaches sont soutenus, comme ceux de génisses, qui bénéficient d’une forte demande à l’export, notamment vers l’Italie. 

Des pluies incessantes et des mutations en Irlande

En Irlande, au contraire, ce sont les pluies incessantes de novembre 2023 à mai 2024 qui ont posé des problèmes, avec un recours au pâturage compliqué par le manque de portance des sols et des disponibilités très limitées en fourrage dans un système très herbager. « On s’attendait à une stabilisation du cheptel allaitant ; il a baissé de 6 % l’an dernier » réagit Germain Milet, spécialiste du marché de la viande à Bord Bia. 

Lire aussi : Bovins : 3 facteurs à prendre en compte pour comprendre le marché irlandais

« Avec la hausse des prix des animaux, certains éleveurs ont anticipé les réformes d’autres ont arrêté leur activité plus tôt », explique-t-il, continuant « beaucoup d’éleveurs de bovins allaitants sont pluriactifs mais les habitudes changent ; le recul est plus fort dans les petits élevages ». Quant aux éleveurs allaitants professionnels, un certain nombre sont passés à l’élevage laitier ces dernières années. « On s’attend à une baisse des abattages en 2025, puisque certains ont été anticipés l’an dernier, et que les exportations de veaux en 2023 et de broutards en 2024 étaient très dynamiques » précise Germain Milet. 

En Allemagne, le potentiel de production de bovins s'érode

En Allemagne, la production de viande bovine a arrêté de baisser l’an dernier. « Mais quand on regarde le détail, il y a une baisse de 1,7 % des abattages de JB, donc un recul de l’engraissement, et une hausse de 4,7 % des abattages de génisses », précise Ilona Blanquet, ce qui ampute le potentiel à venir, une tendance qui s’est poursuivie en début d’année. 

La baisse de la production de viande bovine soutient les prix

A ces mouvements structurels et climatiques, s’ajoutent la situation sanitaire, avec la MHE et la FCO qui sévissent sur le continent. « Dans ce contexte, la production baisse plus vite que la demande, c’est ce qui fait grimper les cours », résume Ilona Blanquet. 

« La tension sur les prix ne devrait donc pas s’arrêter à court terme »

Partout en Europe, les prix des bovins ont ainsi dépassé des niveaux jamais atteints auparavant. La réduction de l’offre sur le marché de la viande bovine est d’autant plus forte que le contexte économique du marché laitier était incitatif au premier trimestre, avec peu de réformes. « La tension sur les prix ne devrait donc pas s’arrêter à court terme », conclut la spécialiste. 

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