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Souveraineté alimentaire
Protéines végétales : une filière bretonne est née

La Bretagne vient de se doter de la première filière française de protéines végétales à l’échelle d’un territoire pour réduire sa dépendance aux produits d’importation. Un projet pour renforcer la souveraineté alimentaire de la France.

Le groupe coopératif Eureden et les fabricants d’aliments du bétail Tromelin Nutrition et Valorex ont présenté à la presse, jeudi 17 septembre en Bretagne, le groupement d’intérêt économique Services de valorisation des protéines (SVP). Ce GIE représente l’amorce d’une filière végétale protéique de légumineuses à graines (pois, féverole, lupin) utilisables dans l’alimentation animale. SVP a pour objectif de développer la production de matières végétales riches en protéines pour réduire la dépendance des filières animales au soja d’importation. Libre à chaque acteur de proposer par la suite des gammes d’aliments spécifiques sur le marché.

Ce qui fait la force du GIE, c’est « la complémentarité des acteurs pour constituer un savoir-faire unique dans le cadre d’une stratégie inédite », explique le directeur général de Valorex, Stéphane Deleau. Évoluant depuis vingt-cinq ans dans la maîtrise de la cuisson des graines oléagineuses et protéagineuses, Valorex a développé, au prix d’un effort constant de recherche et développement, des processus qui assurent 80 % de la cuisson de ces graines en France. Tromelin Nutrition s’est engagé depuis 2015 dans la valorisation des matières premières locales. Eureden, lui, apporte un champ large de connaissances, de la terre (20 000 agriculteurs adhérents partout en Bretagne) à l’assiette avec des filières animales en ruminants, porcs et volailles.

Les premiers semis auront lieu cet automne

Opérationnel depuis juin et doté d’un budget annuel de 225 000 euros, SVP a d’ores et déjà ouvert plusieurs chantiers. En végétal, Eureden conduit différents essais « terrain » pour s’assurer des meilleures combinaisons possibles entre les différentes variétés de graines, les conditions pédoclimatiques, le travail du sol. Dans un second temps, il est prévu la constitution d’une plateforme numérique qui rassemblera toutes les données disponibles pour identifier les solutions les plus performantes. Un outil d’aide à la décision sera mis en place pour assister les agriculteurs. Enfin, le lancement des premières cultures de graines protéagineuses « fera l’objet d’une contractualisation, avec un prix garanti. Les premiers semis auront lieu cet automne sur 1 000 hectares, moitié en féveroles, moitié en pois », précise Yves Nicolas, directeur production, nutrition et santé animale d’Eureden.

Objectif : 8 000 t de protéagineux extrudés en 2021

Au niveau industriel, Tromelin s’est doté en décembre 2019 d’un outil d’extrusion (transfert de technologie Valorex) de 15 000 tonnes de capacité pour 3 millions d’euros. Valorex investit actuellement 2,1 millions dans un outil en amont de son unité de cuisson par extrusion. Les trois acteurs tablent sur une production locale dès l’an prochain de 8 000 tonnes de protéagineux extrudés, ce qui pourrait donner lieu à 80 000 tonnes d’aliments complets 100 % made in Breizh. Une goutte d’eau dans une région qui a fabriqué l’an passé 7,39 millions de tonnes d’aliments du bétail dans quarante-trois usines. Mais un point de départ qui pourrait faire des émules ailleurs en France, au moment où le gouvernement vient d’intégrer une ligne « protéines végétales » de 100 millions d’euros dans son plan de relance de 100 milliards.

Maîtriser l’accès aux protéines, un enjeu majeur

En matière de végétaux riches en protéines (plus de 16 % de matière azotée totale), la Bretagne part de rien ou presque. Cette grande terre d’élevage importe 95 % de ses besoins, en particulier du soja quand la France en dépend pour 40 %. C’est le résultat de l’histoire de l’économie mondiale qui a laissé au continent américain (États-Unis, Brésil, Argentine) la production de protéines et à l’Europe la culture de céréales. « En Bretagne par exemple, les cultures de protéagineux ne couvrent que 0,6 % de la surface agricole utile, les céréales 30 % », explique Yves Nicolas, directeur production, nutrition et santé animale d’Eureden. Le GIE inscrit son projet dans le renforcement de la souveraineté alimentaire de France (objectif de la loi Egalim de 2018) et la réduction de l’impact environnemental de ses acteurs dans leurs pratiques.

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