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Pourquoi Armor Œuf veut renégocier ses contrats ?

Face à la hausse des coûts de production des œufs, notamment de l’énergie, l’amont de la filière œuf est sous tension. Entretien avec Fréderic Chartier, président du groupement de producteurs Armor Œuf.

Frédéric Chartier, président du groupement de producteurs Armor œufs depuis avril 2022.
Frédéric Chartier, président du groupement de producteurs Armor œufs depuis avril 2022.
© Armor Oeufs

Les syndicats de producteurs d’œufs tirent la sonnette d’alarme les uns après les autres, pour les éleveurs, 2023 pourrait bien être une année noire, les contrats ne prenant pas en compte les hausses de coûts de production autres que alimentaires. « Les éleveurs ne pourront pas tout payer ! Soit on augmente les contrats, soit on ferme les bâtiments », s’inquiète Frédéric Chartier, producteur d’œufs bio et plein-air à Saint-Juvat (Côtes d’Armor) et président du groupement de producteurs Armor œufs depuis avril 2022.

Flambée des coûts de production

L’éleveur déplore « des hausses de prix en cascade. Tout commence par le prix des poussins, qui ont pris 20 centimes en deux ans et approchent les 1 € ». Ce qui contribue à la hausse des prix des poulettes « dont les hausses, pourtant incomplètes, n’ont pas été répercutées sur le prix des œufs ». Mais tous les postes augmentent, notamment l’énergie. « Dans mon exploitation, 40 000 poules plein air, je payais 20 000 €/an d’électricité », notamment pour la ventilation, l’alimentation des poules, des systèmes qu’on ne peut pas éteindre, « cette année, ma facture aurait été multipliée par trois ! ». L’exploitation avicole de Frédéric Chartier a malheureusement été frappée par l’influenza aviaire et il ne pourra pas remettre en place avant mai, entre les difficultés logistiques liées à la grippe aviaire et le manque de poulettes plein-air.

Des hausses de prix sur de nombreux postes

Les exemples de hausses de prix s’enchaînent. « La main d’œuvre, pour les mises en place et les enlèvements, les assurances, les frais bancaires, le matériel, j’ai dû changer une courroie de ventilation, son prix a doublé ! », énumère l’éleveur, qui précise « on subit ces hausses depuis des années mais là c’est la rupture, on ne peut plus payer ».

Des négociations cruciales

Pour chaque groupement de producteur, le calcul est différent. Au sein d’Armor œufs, les producteurs ont été interrogés dans le cadre d’une enquête interne, afin d’évaluer précisément les surcoûts enregistrés ces derniers mois. Ce qui a permis de déterminer précisément les besoins de ses membres, en poulettes comme en pondeuses, « ce surcoût doit être pris en compte par la filière », assène Frédéric Chartier, qui « soutient les demandes de revalorisation de la CFA ».

La pérennité de la filière en question

Alors que le manque d’œufs à cause de la grippe aviaire bouleverse le marché français et européen, Frédéric Chartier craint pour la pérennité de la filière : « Avec la hausse du prix du matériel et des devis, la rénovation, la construction et la transmission des bâtiments devient très compliqué, je suis très inquiet, sans renouvellement immédiat, c’est toute une filière qui est mise en danger ».

 

Le groupement Armor œufs en chiffres :

  • 170 adhérents répartis dans le Grand Ouest, éleveurs de poulettes et poules pondeuses

  • 5,5 à 6 millions de poules, élevées dans tous les codes

  • 11 % du marché français de l’œuf

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