L’industrie de la volaille croit à la négociation

La plupart des aviculteurs sont en contrat de production et les GMS réalisent une confortable marge nette sur la viande de volaille. Mais pour l’heure, les industriels souffrent de la contractualisation. Ils paient les éleveurs à des prix indexés sur les coûts de production, principalement celui de l’aliment. Gilles Huttepain, directeur du pôle amont de LDC et président de la FIA (Fédération des industries avicoles), était à la table ronde interministérielle du 21 novembre sur les relations commerciales.
Marges fortes, prix faibles
Il avait peut-être sur lui le tableau des hausses présenté le même jour par LDC à la presse et aux analystes financiers. Celui-ci montrait qu’entre janvier et novembre 2012, le prix de revient du poulet vif a gagné 23 % (du fait de l’augmentation de l’aliment et des poussins), ce qui implique la nécessité pour l’industriel de passer 14 % de hausse auprès de ses clients. Selon Gilles Huttepain, le cas de l’industrie de la volaille prouve « que le maillon qui supporte la contractualisation doit pouvoir répercuter les hausses ». L’industrie de la volaille fournit aussi aux grandes surfaces des produits prêts à implanter au rayon libre-service. Celles-ci offrent aux ménages un maximum de variété et de services en engageant relativement peu de frais. L’Observatoire de la formation des prix et des marges fait apparaître pour le rayon volailles les coûts de personnel les plus faibles de tous les rayons frais et des coûts d’approvisionnement stockables négligeables.
La volaille est aussi une des viandes les moins chères. Un niveau qui ne changerait pas fondamentalement en cas de hausse des prix au consommateur, selon les industriels. Véronique Elgosi, déléguée générale de la FIA, se dit scandalisée de « l’argument fallacieux » des représentants de GMS à la table ronde, selon lesquels une hausse des prix allait faire refluer la consommation.
Les industriels ne souhaitent pas l’indexation
La marge nette du rayon volailles, même si elle varie beaucoup d’une enseigne à l’autre, donne confiance aux industriels dans le potentiel de négociation à la hausse au cours des prochains mois. « La négociation reste la négociation », commente Gilles Huttepain en faisant part de sa crainte d’une éventuelle indexation des prix conclus avec la grande distribution. Une indexation du prix du poulet semblait pourtant moins absurde à Philippe Chalmin qu’une indexation de la viande bovine ou porcine. Le président de l’Observatoire, osant exprimer son opinion personnelle, avait constaté l’absence de prix représentatif de la volaille et en revanche un marché connecté avec celui des grains. Le président de la FIA explique le climat de suspicion des relations commerciales par la nouveauté de la conjoncture. Il insiste pour que l’on parle de « variation » des prix et non de « hausse ». Il a toute confiance dans le bon usage qui sera fait des indicateurs en grande distribution mais souhaite aussi débloquer les tarifs en restauration collective. Sans quoi, il n’exclut pas que LDC demande à son tour une participation aux éleveurs, Gastronome ayant déjà prélevé 2 euros par mètre carré sur les siens.