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Lait bio : « C’est encore pire que prévu »

Alors que la consommation de produits laitiers bio a plongé de nouveau cette année, les opérateurs de la filière s’inquiètent pour la production des années à venir. 

collecte lait bio
Au niveau national, le Cniel estime à 5 % les déconversions cette année en lait bio.
© Virginie Pinson

Les produits laitiers bio ont perdu 1 million d’acheteurs entre 2020 et 2023, selon des données Kantar relayées par le Cniel. « Tout se passe comme on l’avait prévu, les achats des ménages ont baissé de 12 % sur les huit premiers mois de l’année, la baisse est de 23 % sur deux ans. Ce qu’on craignait l’an dernier se vérifie, l’inflation mine la consommation » déplore Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel, qui veut se montrer un peu optimiste en constatant le net ralentissement de la hausse des prix en magasins ces dernières semaines, mais aussi le petit rebond de la consommation des produits bios en Allemagne. 

Ce qu’on craignait l’an dernier se vérifie, l’inflation mine la consommation

Autre petit motif de réjouissance, « on gagne du terrain dans la restauration hors foyer, on est passé de 6 % des achats en valeur à 7 % cette année, on sent un frémissement », commente l’éleveur laitier, regrettant que « la loi ne soit pas plus restrictive, avec un contrôle de l’application de l’incorporation des 20 % de bio, comme nous l’avait promis le ministère ». 

Une forte disparité des prix du lait bio

Du côté des éleveurs, « le moral n’est pas bon », soupire Yves Sauvaget, rapportant « des départs à la retraite non remplacés, des cessations totales d’activité, l’arrêt du lait, des déconversions » en région Auvergne-Rhône Alpes, « la plus touchée ». Dans le grand ouest, si la production a baissé cette année, « c’est surtout dû aux aléas climatiques, à la mauvaise qualité des fourrages ». Au niveau national, le Cniel estime à 5 % les déconversions cette année. 

 « le moral n’est pas bon »

Pour les éleveurs, la tension est palpable, certains sont incité à la déconversion pour optimiser les coûts de collecte. Il y a de grandes disparités sur les prix du lait « en moyenne, lissé sur l’année, on a des différences de près de 50 €/1000 litres » explique Yves Sauvaget. Tout dépend de la laiterie. Ceux pour qui les volumes bio sont minimes sur l’ensemble de la collecte « tiennent les prix, ils compensent grâce aux résultats du conventionnel, c’est tout à leur honneur », explique le producteur, mais « ça se dégrade pour ceux dont le ration bio/conventionnel est plus important, quant aux collecteurs 100 % bio, ils sont à la merci du marché ». 

Un enjeu pour toute la filière laitière

« La production diminue plus que prévue, on table sur une remontée de la consommation d’ici 2026, entre la fin de l’inflation et l’effet Egalim, mais il n’y aura plus assez de lait », alerte de nouveau le président de la commission bio du Cniel. Alors que la filière laitière fait face au vieillissement de ses producteurs, c’est pourtant une question vitale juge l’éleveur, « le bio attirait des jeunes, des forces vives pas toujours issues du milieu agricole, ces gens dont on a besoin pour notre souveraineté alimentaire ! Parce que quand les vaches partent, elles ne reviennent plus ». La filière attend un soutien du gouvernement, avec un plan de communication massif et des aides directes aux éleveurs jusqu’en 2026, regrettant amèrement la suppression par voie de 49.3 de l’amendement déposé par la députée de la majorité Sandrine Le Feur, appuyée par 46 parlementaires de 7 groupes politiques différents.

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