Aller au contenu principal

L’avis d’un expert
« Il y a déjà une segmentation proposée par les chaînes de distribution »

Yves Le Morvan, responsable Filières et produits d’Agridées.
© S. C.

Les Marchés Hebdo : Vous êtes l’auteur de la note La résilience des filières bio, parue en mars 2018. La réflexion collective qui l’a alimentée va-t-elle se poursuivre ?

Yves Le Morvan : Les participants à cette réflexion sont demandeurs d’une reprise l’an prochain. Le bio est dans une success story avec deux fils conducteurs : l’appétit des consommateurs, qui tire l’offre, et la construction de valeur. Le cadre poursuit sa mutation : la grande distribution généraliste reprend la main après avoir été le fer de lance au début. Le bio devient un axe stratégique, il occupe le cœur des magasins. Le volontarisme politique se confirme avec le plan Ambition bio 2022. Enfin, un fait notable est le basculement de surfaces céréalières afin de répondre à la demande en alimentation humaine. Mais les grandes questions continuent de se poser : comment changer d’échelle ? Comment conserver la confiance des consommateurs ?

LMH : L’expansion de la grande distribution sur ce créneau bio porte-t-elle un risque de guerre des prix ? L’œuf bio ne serait-il pas l’exemple à venir d’une perte de valeur engendrée par une production excessive ?

Y. L. : Il est possible que la pression sur les prix exercée par tel ou tel distributeur affecte le marché. Pour autant, même les distributeurs les plus offensifs sur l’affichage des prix prêtent attention au développement des filières, aux PME locales, au sourcing territorial avec une image française. Globalement, le problème pourrait se poser du côté d’une forte demande des consommateurs qui ferait croître les importations, 31 % aujourd’hui. Quant à l’œuf bio, je ne suis pas sûr qu’il y ait surproduction, il y a des exploitations de tailles différentes et des comportements commerciaux variables. C’est plus une question d’organisation. Le risque de l’œuf, c’est d’être utilisé comme produit d’appel.

LMH : Votre note évoque la segmentation du marché bio. Comment l’imaginez-vous ?

Y. L. : Il y a déjà une segmentation proposée par les chaînes de distribution, avec une dimension territoriale ou sociétale importante. On voit par exemple que Biocoop construit son offre sur autre chose que le bio réglementaire. Au cœur : la proximité, la RSE, le commerce équitable… soit plus de 20 % de son chiffre d’affaires. Voyons aussi par filière. En vin bio, dont la consommation a bondi de 21 % entre 2016 et 2017, il y a plusieurs signes de qualité bio. La segmentation est en marche. Elle s’appuiera sur des contrats, une offre collective, la structuration de la chaîne alimentaire, l’émergence de leaders.

Propos recueillis par Sylvie Carriat

Les plus lus

au premier plan, tête de boeuf, dans un marché aux bestiaux
DNC : quel impact sur les prix des broutards, petits veaux, jeunes bovins et vaches ?

Alors que le marché des bovins dans son ensemble était dans une conjoncture très favorable et rarement vue, la dermatose…

Poulets standard européen
Poulet : plus de 300 €/100 kg, le marché européen s’emballe

Les prix européens du poulet s’envolent, car la production progresse moins vite que la consommation. Si l’Ukraine est un peu…

vaches laitières dans une prairie
Vaches laitières : après un an de flambée, les prix vont-ils vraiment baisser ?

Les prix des vaches laitières ont commencé leur escalade il y a un an. Si un mouvement de baisse automnale se fait sentir, les…

Poulets JA787 aux Pays-Bas. © Hubbard
Poulet standard : y-a-t-il une vraie bascule vers le poulet ECC ?

Alors que le poulet standard est le moteur de la croissance de la production en France, LDC et Galliance ont annoncé s’engager…

personnes sur une scène
Culture Viande : « Sans abattoir ni ateliers, il n’y a pas de valorisation de la production française »

Lors du congrès annuel de Culture viande, les industriels ont pointé leurs intérêts convergents avec ceux de l’élevage, en…

Jérôme Foucault
Négociations commerciales : « Ce qui est transformé en France, issu de l’agriculture française, doit être négocié en France ! »

À moins de deux mois du début des négociations commerciales, Jérôme Foucault, président de Pact’alim qui représente des PME et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio