Exportations viticoles : un bilan élitiste
Le bilan des exportations de vins et spiritueux que nous avons traité dans nos éditions de mardi et jeudi derniers fait ressortir la prédominance de la qualité dans ses résultats. Les deux locomotives qui ont tiré l’an dernier le train de l’export des vins et spiritueux, leur permettant de retrouver une évolution positive Dans l’analyse du bilan des exportations de vins et spiritueux parue dans notre numéro de jeudi, un titre ambigu : « le solde redevient positif », a pu créer une certaine confusion. C’est l’évolution des exportations qui redevient positive, le solde l’étant depuis bien longtemps et largement. En 2005 le solde du poste vins, Champagne, a été de 5,115 Mds d’euros et celui des eaux-de-vie et alcools, de 1,60 Md d’euros contre, respectivement de 5,094 et 1,468 Mds d’euros en 2004. (NDLR)., sont des fleurons du secteur : le champagne pour le vin (et aussi les grands crus bordelais), et le cognac. Leur succès est dû à l’image prestigieuse du produit soutenu par des marques de renommée mondiale et des organisations interprofessionnelles puissantes et soudées.
Pour ces boissons à connotation conviviale et festive, le prix n’est pas un barrage sur les marchés extérieurs où elles ne sont pas attaquées par des produits similaires en qualité et en image de marque. Ce qui n’est pas le cas pour les vins, même de qualité (autres que les grands crus), ne jouissant pas du même prestige et plus exposés à la concurrence étrangère. L’an dernier, le champagne a représenté 7 % en volume de nos exportations de vins, toutes catégories, mais près de 40 % en valeur et si la croissance de ses ventes extérieures en volume a affiché + 1,2 %, elle a atteint en valeur, plus de 6 %. Sa clientèle étrangère semble donc se déterminer en fonction de la réputation qualitative du produit plutôt que de son prix. La démonstration est aussi flagrante avec le cognac qui représente 26 % des exportations de spiritueux en volume, mais 62 % en valeur, sa progression ayant été dans le premier cas, de 5,2 %, et de 9, 3 % dans le second. Le cognac offre par ailleurs une gamme bien définie de qualités, VS dans le bas de la hiérarchie, VSOP en qualité supérieure et XO pour le très haut de gamme. Or, en 2005, les exportations de VS ont augmenté de 2 %, celles de VSOP de 10 % et celles de XO de 14 %. Le choix des importateurs est clair.
Le succès des vedettes ne doit cependant pas cacher les difficultés rencontrées par la majorité des autres vins pour préserver leur place sur les marchés extérieurs. C’est un sujet qui a fait l’objet de bien des rapports ces dernières années et qui continue de dominer les débats. Ce qui revient à dire qu’il n’est toujours pas réglé.