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Lapin : la France et la Chine se disputent le marché de la restauration

La Chine poursuit sa quête du marché cunicole. Ses envois se développent en France dans le secteur de la RHD. La France mise aussi sur ce débouché pour relancer la consommation de lapin, puisque depuis plusieurs années le pays rencontre des difficultés à valoriser ses ventes à domicile.

Dans le monde, une viande de lapin sur deux (48 %) était produite en Chine en 2021. La baisse de la production, de 535 000 à 497 000 tonnes équivalent carcasse (tec) entre 2016 et 2019, touche principalement les lapins élevés pour leurs fourrures. Des réformes structurelles et de politiques de protection de l’environnement ont fortement ralenti cette production. Par conséquent, en exportant 3 % de sa production de viande de lapin, soit 14 % du total mondial, le géant chinois est un acteur incontournable sur le marché international.

Certains industriels français sont friands de ce lapin. Les pièces qu’ils achètent « transitent par la Belgique avant d’être importées en France et dans d’autres pays d’Europe, surtout pour le marché de la RHD », atteste Simon Fourdin, directeur du pôle économique à l’Itavi. Néanmoins, les importations françaises de Belgique ont fortement reculé (-84 %) entre janvier et septembre 2022 par rapport à 2021. Elles sont passées de 1 240 tonnes à 610 tonnes. La Belgique a perdu sa place de premier fournisseur de viande de lapin en France. Le pays occupe désormais la troisième place.

Depuis la Chine, nos importations ont progressé de 200 %

D’autres pièces de viande de lapin sont directement achetées en Chine. Le pays s’est imposé comme le second fournisseur de viande de lapin en France. En un an (janvier-septembre 2022/2021), les importations en provenance de Chine ont progressé de 200 %, selon l’Itavi d’après DNSCE. Les achats depuis la Chine ont presque égalé ceux depuis l’Espagne, premier exportateur vers la France et le reste du monde de viande de lapin.

Aux neuf premiers mois de l’année 2022, la France avait acheté 850 tonnes de viande de lapin chinois, contre 255 tonnes une année auparavant. Un prix plus attractif a pu motiver le choix des industriels qui se sont tournés vers le lapin chinois. En septembre, le cours de la cuisse surgelée chinois était de 10,09 €/kg, contre 13,28 €/kg pour le français. Entre 2021 et 2022, ce cours a faiblement augmenté (+0,33 %) pour la Chine, un peu plus fortement pour la France (+6,76 %).

Cette hausse du cours français peut s’expliquer de différentes façons. Tout d’abord, la France, troisième producteur de viande de lapin dans l’Union européenne, est confrontée à un recul de l’offre. Au cours des neuf premiers mois de l’année 2022, la production nationale a chuté de 6,9 % (-20 000 tec) en comparaison à la même période l’année précédente. Elle était estimée à 21 000 tec. À la même période, cette tendance était commune à plusieurs grands bassins de production de l’Union européenne.

La baisse la plus marquante concerne le Portugal (-18,4 %). La production atteignait environ 3 040 tec. L’Espagne accuse également un recul important (-11 %) avec une production plus ou moins égale à 32 060 tec. L’essoufflement de la production est plus contenu en Italie (-3 %). Entre septembre 2022 et septembre 2021, 17 345 tec de viande de lapin avaient été produites. Par ailleurs, l’indice énergie a pris 7,4 % pour s’établir à 126 points entre septembre 2021 et septembre 2022. En l’espace de quelques mois (janvier-septembre 2022), la hausse est également remarquable (+4,4 %).

En l’espace d’un an, en juin, l’indice du coût de production agrégée sortie élevage cunicole de l’interprofession du lapin de chair (Clipp) est passé de 118,6 points à 147,7 points. Toujours en un an (septembre 2022/septembre 2021), l’Ipampa lapin a augmenté de 23,1 % pour atteindre 164,3 points.

Une campagne de communication ciblée pour les restaurateurs

Le Clipp parie en partie sur la RHD pour dynamiser sa filière. Depuis fin janvier 2023, une nouvelle campagne de communication avec des actions ciblées à destination de la RHD est consacrée à la filière cunicole. « En restaurant par exemple, la découverte d’une pièce de lapin peut inciter à reproduire le plat à domicile, notamment chez les jeunes générations », explique Frédéric Blot, président de la Fédération nationale des groupements de producteurs de lapins (Fenalap). Ces dernières consomment beaucoup moins de viande de lapin que les anciennes générations qui ne leur ont pas ou très peu transmis le goût de cette viande. Par conséquent, « la filière n’est pas confrontée à des réfractaires, mais rencontre plutôt des difficultés à trouver de nouveaux acheteurs », indique le président de la Fenalap.

Cependant, cette consommation est occasionnelle (tous les 3-4 ans). Alors que « 80 à 85 % des Français consomment de la viande de lapin », ajoute le président de la Fenalap.

En France, les achats des ménages sont en recul

Les achats des ménages pour leur consommation à domicile étaient en recul de 10,9 % en volume au cours des trois premiers mois de l’année 2022 sur un an (Itavi d’après Kantar Worldpanel pour France AgriMer). Ce repli s’explique par un recul du nombre d’acheteurs (-14,4 %) et du taux de pénétration (-15 %). Les baisses ont été observées principalement en lapin découpé (-21,2 %), en lapin demi (-19,5 %) et en lapin entier (-15,7 %). En revanche, les achats ont progressé de 10 % en gigolette et de 1,1 % en morceaux et en cuisse sur la même période. D’autre part, les prix moyens étaient en hausse de 3,5 % par rapport à la même période en 2021. Les consommateurs se détournent de plus en plus de cette viande pour différentes raisons. « Ce produit manque de visibilité et de présence en rayon, pour le président de la Fenalap. Le marché s’apparente à un marché de niche ». Dans les principaux bassins de production de viande de lapin, la consommation se tasse également. En Espagne, la consommation apparente a perdu 10 % entre 2019 et 2021 (38 800 tec). Elle a nettement moins fléchi en Italie (-5,3 %) et au Portugal (-0,4 %). Au total dans l’Union européenne, la consommation apparente a baissé (- 14,4 %). En 2021, elle était de 153 900 tec.

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