Croissance ralentie des échanges mondiaux
Nombreuses sont les zones d’ombre entourant le marché mondial des produits laitiers cette année. Donald Trump et ses positions changeantes sur les accords commerciaux, la recrudescence des tensions dans les pays du Proche et Moyen-Orient, le Brexit ou encore la volatilité des taux de change se conjuguent pour limiter la visibilité sur la tenue du commerce.
En 2016, les échanges internationaux ont atteint 66,2 millions de tonnes équivalent lait selon l’Idele, soit 2 % de plus qu’en 2015, mais une croissance bien moindre qu’avant la crise de 2008. La consommation mondiale s’est néanmoins ressaisie et a progressé de 2 %, plus rapidement que la production, ce qui a permis d’absorber près de 2 millions de tonnes (Mt) de stocks, estimés à 5,5 Mt fin 2016. De quoi autoriser un redressement des cours.
Beurre et fromage recherchés
Les échanges de fromages ont bondi l’an dernier, progressant de 6 % à 2,35 Mt (50 % de plus qu’en 2006), pour 9,3 milliards d’euros. L’Union européenne est le leader du secteur, avec une part de marché de 33 %. Ce sont surtout les fromages ingrédients qui tirent les échanges, notamment grâce à la flambée de la consommation de pizzas et burgers dans le monde. Le Japon est le premier importateur mondial, devant la Russie qui se fournit depuis son embargo exclusivement en Biélorussie. Sur les quatre premiers mois de 2017, les exportations européennes ont encore crû de 7,4 %, à 273 000 t, selon GTIS.
En beurre, 1 Mt ont été échangées l’an dernier, soit 3 % de plus qu’en 2015 et 10 % de plus qu’en 2006. Le manque de disponibilités a limité la croissance des échanges, une pénurie encore plus sensible cette année : les envois communautaires ont reculé de 26 % sur quatre mois, à 63 000 tonnes. Les stocks mondiaux sont au plus bas et les prix au sommet.
Vers une reprise des poudres
À l’inverse, le marché des protéines laitières s’est compliqué en 2016. À 2,5 Mt, les échanges de poudre grasse ont reculé de 2 % sur un an, tout en affichant une hausse de 43 % en dix ans. La Nouvelle-Zélande détient plus de 50 % des parts de marché sur ce produit. En poudre de lait écrémé, 2,1 Mt ont été échangées l’an dernier, soit 5 % de moins qu’en 2015, mais plus du double du niveau de 2006.
L’Union européenne exporte 37 % de la poudre maigre. La demande se ressaisit en 2017, et les exportations européennes ont progressé de 13 % au premier quadrimestre, notamment vers l’Algérie, la Chine et le Mexique. Néanmoins, le poids des stocks reste considérable et la DG Agri estime qu’il faudrait une progression de 24 % des exportations communautaires en 2017 pour équilibrer le marché qui va subir la sortie du stockage privé aidé.
On peut, par ailleurs, noter l’exception des poudres de laits infantiles dont la demande se développe. Malgré des volumes encore faibles (163 000 t envoyées par l’UE sur quatre mois, +9,5 %), ces poudres pèsent lourd dans les échanges internationaux en valeur (1,35 milliard d’euros, +7,5 %) et se placent au premier rang des exportations européennes, devant les fromages.