Alternatives végétales : « la France pourrait éviter le retournement du marché »
Les ventes d’alternatives végétales à la viande et aux produits laitiers ont continué de croître en 2024 en volume comme en valeur. Leur prix reste néanmoins un frein à leur développement, mais une politique d’investissements publics et privés volontariste pourrait lever cet obstacle.
Les ventes d’alternatives végétales à la viande et aux produits laitiers ont continué de croître en 2024 en volume comme en valeur. Leur prix reste néanmoins un frein à leur développement, mais une politique d’investissements publics et privés volontariste pourrait lever cet obstacle.

Les ventes d’alternatives végétales à la viande au rayon frais, au lait, au fromage, au yaourt et à la crème ont atteint 537 millions d’euros en 2024, soit une hausse de 8,8 % sur un an et 20,5 % sur deux ans, selon le dernier rapport du Good Food Institute (GFI), un réseau associatif qui promeut les protéines végétales. Ces cinq catégories d’alternatives végétales ont connu des hausses en valeur comme en volume l’an dernier.
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Les alternatives végétales au fromage décollent
Les ventes, en valeur, d’alternatives végétales au fromage ont bondi de 59 % en deux ans. « Le marché explose, car il est parti de très bas », explique Hélène Grosshans, responsable des investissements en infrastructures au Good Food Institute Europe, qui juge que « le marché des alternatives au fromage devrait être porteur en France, car c’est un produit ancré dans la culture ».
Les marques de distributeurs se saisissent du végétal
Les produits alternatifs sous marque de distributeurs (MDD) ont tiré parti de la crise inflationniste ces dernières années, avec des ventes en volume en hausse de 9 % l’an dernier après une croissance de 22 % en 2023. « Les MDD portent les segments bien établis, notamment les laits végétaux, qui ont déjà acquis la confiance des consommateurs » explique Hélène Grosshans, tandis que « sur les alternatives à la viande, les consommateurs font davantage confiance aux marques, aux experts ». La tendance est similaire sur les alternatives aux yaourts. « Les MDD seraient les mieux placées pour innover » avance la spécialiste.
« sur les alternatives à la viande, les consommateurs font davantage confiance aux marques, aux experts »
Investir pour des économies d’échelles
« Le prix reste le frein majeur au développement des alternatives, il faut investir pour pouvoir produire à plus grande échelle » assène la responsable des investissements en infrastructures. Elle se félicite de l’activité de la Banque Publique d’Investissements (BPI) « quand cet acteur public investit, c’est un signal positif qui est donné aux investisseurs privés ». Les régions jouent aussi un rôle via les dispositifs de réindustrialisation.
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Si l’experte voudrait voir se développer « des mécanismes de financement innovants et des partenariats entre les investisseurs publics et privés », elle note que l’État peut aussi mettre en place des mesures de soutiens non financières, par des politiques de soutien sectoriel notamment, ou la communication auprès du grand public. De quoi instaurer la confiance tout au long de la chaîne de valeur et développer des filières françaises. « Il faut savoir accompagner le développement de la transition alimentaire à tous les niveaux, sans oublier les agriculteurs » précise-t-elle.
Le marché français pourrait éviter la déprime
Aux États-Unis comme au Royaume-Uni, le marché des alternatives végétales rencontre des difficultés ces derniers mois. Une récente étude de Xerfi juge que le marché français pourrait croître encore jusqu’en 2027, puis reculer d’ici 2030. « La France pourrait éviter le retournement du marché, car le secteur a démarré plus tardivement qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni, avec des produits plus qualitatifs », réplique Hélène Grosshans, qui juge que le recul est notamment lié à la déception de consommateurs qui ont essayé des produits mal aboutis. « La France bénéficie de la R&D au niveau mondial », complète-t-elle.
« on a constaté une nette tendance vers des compositions plus épurées et transparentes »
Alors que l’étude pointe aussi l’ultra-transformation des produits du secteur comme un point faible pour ces produits, la spécialiste nuance « on a constaté une nette tendance vers des compositions plus épurées et transparentes ». Elle continue, « le secteur a entendu les plaintes et demande des consommateurs, même si l’ultra-transformation n’est pas toujours négative puisqu’elle peut améliorer le profil nutritionnel de certains produits ».
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