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Prix des terres agricoles 2020 : la crise de la Covid-19 a fait grimper le foncier

La crise de la Covid-19 a ralenti le marché des terres et prés en 2020, selon le groupe Safer qui note un recul du nombre de transaction. Les prix repartent en revanche à la hausse pour atteindre en moyenne 6080 euros par hectares.

Prix des terres agricoles
© Pixabay

Mise à jour 22 juillet 2021 :

lire aussi dans Réussir Grandes Cultures « Terres agricoles : hausse de l’indice des fermages 2021 ».

 

La crise sanitaire a fortement influencé le marché du foncier agricole l’an dernier, selon le groupe Safer. En 2020, les transactions ont reculé en volume mais côté prix, les terres libres et louées ont augmenté respectivement de 1,3 % et 3,6 %.

Lire aussi : Marché foncier rural : le prix des maisons de campagne en hausse de 6,4% en 2020

Pour les terrains productifs, le volume des transactions a reculé de 8,5% à 86 820 affaires conclues pour 406 400 hectares (-4,5%) et 5,5 milliards d’euros (-2,3%). Les prix des terres et prés libres non bâtis ont crû de 1,3% à 6080 euros par hectare avec une hausse de 5,5% à 7690 euros/hectares dans les zones de grandes cultures et un recul de 1% dans les zones d’élevage bovin à 4630 euros par hectare, selon le groupe Safer.

Lire : La terre toujours objet de convoitise

Cette progression du prix moyen national des terres et prés libres non bâtis intervient en dépit du contexte d’incertitudes généré par la crise sanitaire et de la baisse des résultats bruts de la branche agricole (- 8,5 %). « Deux facteurs pourraient soutenir cette hausse, en influant sur le montant que les acquéreurs sont prêts à investir. Tout d’abord, la fermeture du marché liée à la crise réduit le nombre de biens proposés à la vente (- 8,5 %). Ensuite, les taux d’intérêt réels poursuivent leur chute dans les valeurs négatives, augmentant théoriquement la capacité d’emprunt des candidats à l’achat – sous réserve d’obtenir l’accord des banques, ce qui s’est révélé plus difficile en 2020 », explique le groupe Safer.

L’écart au plus haut entre grandes cultures et élevage

 

Résultat : le prix des terres et prés libres en zones de grandes cultures 66 % est plus élevé qu’en zones d’élevage bovin, un écart jamais enregistré auparavant. En 2020, deux grands ensembles géographiques affichent des valeurs foncières supérieures à 6 500 euros/ha, voire localement à 9 000 ou 10 000 euros/ha : le Bassin parisien, où dominent les grandes cultures ; et le pourtour méditerranéen, le Sud-Ouest et la vallée du Rhône, où les terres irrigables permettent des cultures à très forte valeur ajoutée à l’hectare et où la forte pression urbaine alimente la hausse des prix. A l’opposé, les plus faibles valeurs restent localisées dans les zones fortement spécialisées en élevage, au premier rang desquelles la Bourgogne-Franche-Comté et les Pays de la Loire qui affichent des prix régionaux inférieurs à 4 000 euros/ha.

Hausse des prix des terres et prés loués sur fond de renouvellement des générations

 

De leur côté les terres et prés loués non bâtis ont crû de 3,6% à 4930 euros/ha, prix soutenu par une forte demande des fermiers et par un intérêt accru de particuliers souhaitant investir dans un actif tangible.

 

Voir ici : Découvrez le prix de vente d'une terre ou d'une maison de campagne près de chez vous

 

« La progression du prix en 2020 est alimentée par une fermeture très nette du marché loué, ainsi que d’un contexte de dynamisme de la demande, constaté dans plusieurs zones des régions nord du territoire, en particulier en Grand Est, Hauts-de-France et Normandie », note le groupe Safer. Dans ces régions traditionnelles de fermage, les fermiers en place sont les premiers acquéreurs : de nombreux exploitants arrivant en fin de carrière cherchent à acquérir le foncier qu’ils exploitent en fermage dans la perspective de faciliter la transmission de leur exploitation. Autre catégorie d’acquéreurs soutenant les prix, les investisseurs, dont la présence, avérée de longue date, se renforce : ils recherchent un placement tangible, en cette année forte d’incertitudes.

Lire aussi : Objectif Terres : le boncoin de l’agriculture bio et paysanne

 

Comme sur le marché des terres et prés libres, de fortes disparités sont observées selon l’orientation technico-économique dominante du territoire. Ainsi, le prix des terres et prés loués en zones de grandes cultures atteint 6 210 euros/ha, en hausse de 3,6 %. Dans les zones de polyculture-élevage, le prix suit la même dynamique, avec une hausse plus forte encore (+ 5 %), pour atteindre 4 890 euros/ha. A l’inverse, le prix en zones d’élevage bovin est quasi stable (+ 0,2 %), à 3 630 euros/ha, reflétant les difficultés, localement très fortes, de la filière. Le prix en grandes cultures est désormais 71 % plus élevé que celui en élevage bovin, un écart inédit.

 

Hausse des placements dans le foncier

 

Du côté des acheteurs pour les terres et prés non bâtis libres et loués, le groupe Safer note un recul des achats par des agriculteurs en tant que personnes physiques (-13,2% en nombre et -10,7% en surface) et un arrêt de la progression sur le long terme des personnes morales agricoles (-5,6% en nombre et -0,4% en surface). A l’inverse, les achats par des personnes physiques non agricoles ont crû de 3,4% en nombre et de 8% en surface, traduisant un renforcement des placements dans le foncier.

 

Le prix des vignes AOP gagne des points

 

Du côté des vignes, la crise sanitaire a réduit vivement les échanges, l’impact sur les prix étant variable selon les appellations.

 

Lire aussi : Prix des vignes 2020 : 5 points à retenir

 

Sur un marché en nette contraction, le prix des vignes AOP gagne 1,3 % à 150 500 euros/ha, tiré par des appellations prestigieuses revêtant plus que jamais un caractère de valeur refuge. « Cette hausse ne doit toutefois pas occulter des baisses, amorcées en 2019 et précipitées par la crise : c’est le cas en Champagne, avec un recul historique de la commercialisation ; c’est aussi le cas pour les bordeaux génériques, boudés des consommateurs », commente le groupe Safer.

Le groupe souligne un nombre de transactions en recul de 10,9% à 8190 soit le niveau le plus bas depuis près de 30 ans, pour 14 600 hectares échangés et une valeur de 861 millions d’euros (-13.5%). Si les prix des vignes AOP progressent à +1,3% (150 500 euros/ha en moyenne), les vignes à eaux de vie AOP croissent de 6,9% à 55 400 euros/ha alors que les vignes hors AOP augmentent légèrement de 0,9% à 14 500 euros/ha, le groupe Safer soulignant une hausse en Languedoc-Roussillon et dans la Vallée du Rhône-Provence. Là aussi les achats réalisés par des personnes physiques agricoles reculent (de 30% en nombre et 41,4% en surface), ceux des personnes morales agricoles chutent (-14,6% en nombre, -26,3% en surface), alors que ceux des personnes physiques non agricoles baissent moins fortement (-2,5% en nombre, -1,4% en surface).

 

Lire aussi : Foncier agricole et parts sociales : une proposition de loi pour encadrer les transactions

 

L’artificialisation des terres continue

 

En 2019, 22 900 ha ont été artificialisés soit l’équivalent de la surface agricole d’un département tous les 14 ans, selon l’observatoire de l’artificialisation. Et selon les Safer, 27 200 ha vendues sur le marché foncier en 2020 sont destinés à être urbanisées dans les 3 ans. Des surfaces se situant à proximité des aires urbaines mais aussi en zones rurales. 24 900 ha ont été soustraites à leur usage agricole productif en 2020 en faveur du marché des espaces résidentiels et de loisirs non bâtis, dans le but d’améliorer le cadre de vie de ruraux non agriculteurs.

 

Lire aussi : Artificialisation des terres agricoles en France : les 5 chiffres à retenir

 

« La terre, le foncier, est le support de tous nos besoins. L’eau, en qualité et en quantité. La nourriture. L’air. La biodiversité. Le logement. L’activité économique. Le paysage. Les loisirs…Elle est pourtant une ressource non renouvelable, qu’il faut utiliser avec bon sens. Nous devons penser à l’avenir de nos enfants, à leur possibilité de s’adapter, de vivre sur le territoire que nous leur laisserons. Malgré tout, nous continuons à artificialiser, à consommer ce foncier si précieux et non renouvelable. », dénonce Emmanuel Hyest, président de la fédération nationale des Safer. « Alors que la crise sanitaire confère un nouvel attrait aux territoires ruraux, il serait dangereux que cette chance se convertisse en une pression supplémentaire incontrôlée sur le foncier », poursuit-il.

 

Les prix par marché foncier en 2020

 

Terres et prés libres : + 1,3 % à 6 080 euros/ha

 

Terres et prés loués : + 3,6 % à 4 930 euros/ha

 

Vignes AOP : + 1,3 % à 150 500 euros/ha

 

Vignes à eaux-de-vie AOP : + 6,9 % à 55 400 euros/ha

 

Vignes hors AOP : + 0,9 % à 14 500 euros/ha

 

Forêts : + 2,3 % à 4 280 euros/ha

 

Maisons à la campagne : + 6,4 % à 182 000 euros le lot

 

Terrains constructibles de moins de 1 ha acquis par des particuliers : – 1,3 % à 71 800 euros le lot

 

Espaces résidentiels et de loisirs : – 3,8 % à 36 800 euros/ha

 

Source : groupe Safer

 

 

 

 

 

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