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Nutrition animale européenne : la Fefac inquiète face à l'application du règlement sur la non déforestation importée

Si les experts de la Fédération européenne des fabricants d'aliments composés (Fefac) estiment que l’année 2025 sera assez stable en termes de volumes, les professionnels de la nutrition animales s’inquiètent de l’impact en 2026 du contexte géopolitique international et de l’incertitude quant à l'application du règlement européen sur la non déforestation importée (RDUE).

Les présidents de la Fefac (Pedro Cordero), à gauche, et d’Assalzoo (association de référence de l’industrie italienne de l’alimentation animale), Silvio Ferrai, à droite.
Les présidents de la Fefac (Pedro Cordero), à gauche, et d’Assalzoo (association de référence de l’industrie italienne de l’alimentation animale), Silvio Ferrai, ont souligné le besoin d’un travail en commun avec les structures professionnelles et la Commission européenne pour avancer sur les dossiers complexes de l’application du RDUE mais aussi la reconnaissance de l’importance de l’élevage européen dans l’autonomie de l'UE.
© Yanne Boloh

Les premières prévisions de volume pour la production européenne d’aliments pour animaux envisagent une légère baisse de 0,34 % à 146,1 Mt pour 2025, les contractions anticipées de 1,4 % en aliments ruminants et de 0,8 % en porc devant être compensées par la hausse de 1% en volailles. Les experts de la Fédération européenne des fabricants d'aliments composés (Fefac) sont donc assez optimistes malgré les incertitudes liées au contexte géopolitique.

Lire aussi : Alimentation animale - la Charte Duralim prolongée d’un an en raison du report de la RDUE

Inquiétude quant à la nouvelle donne mondiale en 2026

Lors de l’assemblée générale de leur fédération européenne, le 29 mai à Rome, les fabricants d’aliments pour animaux européens ont en effet souligné leurs inquiétudes face aux nouvelles donnes mondiales.

 Le règlement sur la non déforestation importée au cœur des discussions.

D’une part, le flou qui entoure les tarifs douaniers états-uniens et les mesures de rétorsion européennes ainsi que les modalités d’application du règlement sur la non déforestation importée (RDUE) et, d’autre part, la nouvelle "Vision" du commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen. 

Cette dernière ouvre toutefois des perspectives plus positives avec, notamment, la réaffirmation de l’importance de l’élevage, mais les fabricants d’aliments observent de près les négociations sur le budget européen, notamment le financement de la future Politique agricole commune (PAC).

Lancement de la « livestock workstream »

L’organisation de l’assemblée générale publique reflète bien ces deux grands sujets d’actualité. Elle a démarré avec Brigitte Misonne, directrice générale de l'Agriculture et du Développement rural au sein de la Commission européenne, sur la "Vision" de Christophe Hansen. 

Puis, elle a rappelé le lancement, le 8 mai dernier, du « livestock workstream », plateforme mobilisant les filières, les états membres et la société civile, dont la première réunion s’est tenue le 27 mai. « L’idée est de partager des bonnes pratiques qui peuvent inspirer pour s’ajuster à la diversité des territoires », pointe la responsable. 

« L’idée est de partager des bonnes pratiques qui peuvent inspirer pour s’ajuster à la diversité des territoires », indique Brigitte Misonne. 

Elle a précisé que trois Etats membres ont déjà des éco-schèmes* liés à la nutrition animale : le Portugal sur l’efficacité alimentaire et la réduction des émissions de méthanes, la Belgique sur les stratégies alimentaires en élevage, la Slovénie avec la promotion d’additifs pour réduire les émissions de méthane entérique.

Pour le président de Comité européen des organisations professionnelles agricoles (Copa), l’italien Massimiliano Giansanti qui a succédé fin 2024 à Christiane Lambert à sa tête  : « le budget de la PAC doit être séparé et renforcé ». 

Quid des droits de douane réciproques entre les Etats-Unis et l'Union européenne ?

L’impact du contexte géopolitique sur les matières premières a été souligné par Ted Swinkels, le président du Coceral, le syndicat européen des importateurs de grains et d’huiles, qui rappelle les trois principales sources d’incertitudes : la guerre en Ukraine, les tarifs douaniers américains et la règlementation européenne sur la non déforestation importée. 

« Les fermiers ukrainiens parviennent à produire malgré les conditions difficiles et à exporter, mais pourront-ils le faire encore longtemps quand leurs installations portuaires subissent à elles seules une centaine d’attaques russes chaque mois », se demande-t-il. 

Quels seront les impacts de la guerre commerciale internationale lancée par Donald Trump entre ses effets directs sur les mesures de rétorsion européennes et ses effets indirects : « la dispute américano-chinoise qui pourrait modifier profondément les flux, la Chine reportant ses achats vers nos fournisseurs traditionnels d’Amérique du Sud au risque de nous imposer des sojas américains ». 

Les fabricants d’aliments veulent retrouver de la visibilité pour anticiper leurs achats.

Le Coceral est également vent debout contre le RDUE et demande son report. « La seule manière d’avancer sera de travailler tous ensemble dans les filières au niveau européen et dans les Etats membres pour trouver des solutions harmonisées et durables », conclut le président de la Fefac, Pedro Cordero. Les fabricants d’aliments veulent retrouver de la visibilité pour anticiper leurs achats.

*Les éco-shèmes consistent à inciter les exploitants à investir dans des moyens et des méthodes plus écologiques, en y conditionnant l’accès à une partie des aides européennes.

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