Droits de douane : un accord UE-USA « déséquilibré », « source d’inquiétude majeure » pour les filières agricoles
L’Union européenne est parvenue, par un accord, à éviter les taxes exorbitantes promises par Donald Trump, pour autant les dispositions sont dénoncées par beaucoup d’acteurs du milieu agricole, qui constatent des concessions importantes faites à l’administration Trump.
L’Union européenne est parvenue, par un accord, à éviter les taxes exorbitantes promises par Donald Trump, pour autant les dispositions sont dénoncées par beaucoup d’acteurs du milieu agricole, qui constatent des concessions importantes faites à l’administration Trump.

Avec Agra
15 %, c’est le montant des droits de douane que subiront les produits européens exportés vers les États-Unis, selon le cadre de l’accord commercial entre les deux parties du 21 août. Ils étaient en moyenne de 4,8 % auparavant, mais Donald Trump avait menacé de droits supérieurs ces dernières semaines. Les vins et spiritueux ne seront pas exemptés, malgré les espoirs de la filière. « Malheureusement, nous n'avons pas réussi à ce que ce secteur » soit inclus dans les exemptions, a déclaré le commissaire européen Maros Sefcovic lors d'une conférence de presse en présentant les détails et ajoutant que les discussions se poursuivraient et que « ces portes n'étaient pas fermées pour toujours ».
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Un coup pour les exportateurs de vins et spiritueux
La Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a fait part de son « immense déception » le 21 août après que l'UE a annoncé avoir échoué à obtenir une exemption pour le secteur, qui sera taxé à 15 % à son entrée aux États-Unis. Les opérateurs se disent doublement pénalisés par les droits de douane et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. L’effet combiné « pourrait aboutir à une réduction d'un quart de nos ventes aux États-Unis, soit une perte de 1 milliard d’euros » estimait en début de mois la FEVS. Même déception pour le CEEV (comité européen des entreprises des vins), qui rappelle qu'en 2024, les exportations communautaires de vins atteignaient 4,88 milliards d'euros. L'organisation insiste pour une poursuite des négociations.
Quels produits agricoles sont concernés par l’accord USA-UE ?
Faciliter l’accès des produits agricoles de États-Unis est un point clé de la déclaration conjointe pour un accord réciproque publiée par la Commission européenne. L’UE s’engage ainsi à supprimer les droits de douane sur les fruits à coque, les produits laitiers, les fruits et légumes frais et transformés, les produits alimentaires transformés, les semences, l’huile de soja, le porc et la viande de bison.
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13 % des exportations agricoles et agroalimentaires de l’Union européenne sont destinées aux États-Unis, ce qui en fait son deuxième débouché, derrière le Royaume-Uni. Les envois représentaient 31 milliards d’euros en 2024. Dans l’autre sens, les États-Unis sont le quatrième fournisseur de produits agricoles et alimentaires de l’UE, derrière le Brésil, le Royaume-Uni et l’Ukraine.
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Des concessions européennes sur les normes agricoles et environnementales
Un paragraphe de l’accord peut, particulièrement, faire tiquer les opérateurs européens des filières agricoles. L’UE s’est en effet engagée à travailler sur les barrières non-tarifaires sur le commerce agricole et alimentaire, notamment les certificats sanitaires requis pour la viande de porc et les produits laitiers. Elle semble aussi faire des concessions sur les règlements sur la déforestation importée, sur le devoir de vigilance et les publications sur la durabilité des entreprises.
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En échange, les industriels européens bénéficieront de droits de douane plus avantageux pour les médicaments, l’aviation et ultérieurement l’industrie automobile.
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Un accord pénalisant pour l'agriculture, selon la ministre
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard déplore sur X cet accord « déséquilibré » car « il impose des droits de douane de 15 % aux produits européens exportés vers les États-Unis, tout en offrant un accès accru aux produits américains sur le marché européen. C’est une source d’inquiétude majeure pour nos filières emblématiques ».
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« La défense de nos secteurs à l'export reste notre priorité. L'accord laisse ouverte la possibilité d'exemptions additionnelles, nous y travaillerons », a réagi pour sa part le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.