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L’industrie agroalimentaire adopte différents modèles d’entrepôt intelligent

L’intralogistique robotisée répond à différents besoins. Découverte au sein d’entrepôts dits « intelligents » d’industriels français de l’agroalimentaire.

« La logistique du frais est un sujet extrêmement important, d’autant plus dans la situation actuelle de hausses des coûts », argumente Dominique Duprat, directeur général du pôle végétal de LSDH, au sujet de la nouvelle plateforme logistique du groupe à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret). Les premières palettes de salades Crudette, de lait et jus de fruits sont entrées en janvier 2022 sur cette plateforme ultramoderne. « Nous préparons nos commandes sur mesure avec des produits frais d’une DLC de 5 à 6 jours », précise Dominique Duprat. Cette plateforme est semi-automatisée : la préparation de commandes est manuelle et des transstockeurs à palette gèrent les stocks et constituent les palettes multiréférences. LSDH l’a dimensionnée (pour 15 000 emplacements de palettes) et imaginée avec Alstef, prestataire en automatisation de l’intralogistique. « À pleine puissance, nous serons à 85 000 colis par jour, cela va doubler notre capacité », indique le directeur général du pôle végétal. Investissement total estimé : 37 millions d’euros.

Chariots automatiques et robots palettiseurs

« Les biscuits restent en stock une vingtaine de jours. Entre la production et la livraison, il s’écoule couramment une trentaine de jours », indique Jessica Loiseil, manager du site GT Logistics de Montauban pour Biscuit International. Du fait de la faible rotation, des chariots automatisés sont, selon elle, plus faciles à amortir que des transstockeurs. L’industriel du biscuit s’est doté il y a cinq ans d’une plateforme logistique près de la biscuiterie Poult de Montauban. Celle-ci reçoit les boîtes de biscuits de l’usine voisine ainsi que des autres sites. Elle reçoit aussi les matières premières pour cette usine qui est à 60 mètres. Les palettes sont composées sur cette plateforme et expédiées vers les plateformes des distributeurs et le grand export. L’automatisation de l’intralogistique a été imposée par le fonctionnement 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 de l’usine Poult. En pratique, deux chariots automatiques (APM-Jungerich) vont prélever les cartons. Le code-article flèche un stockage à température ambiante ou sous température dirigée. Des robots palettiseurs placent les différents colis sur les palettes, les filment et apposent un code-barres. Au passage sous un portique, l’étiquette est lue, enregistrée en vue d’éditer l’ordre de mission, et la qualité de la palette vérifiée : le moindre débord ou défaut de pied est disqualifiant. Puis le cariste enfourche la palette qui dès lors est inscrite en transit. Un logiciel fait que les camions partent les plus complets possible. Le système informatique donne l’exact emplacement d’un produit depuis sa sortie de fabrication jusqu’à l’expédition. Investissement total : plus de 7,5 millions d’euros.

Utiliser des transstockeurs

Pour limiter l’emprise au sol d’un stock et limiter un volume réfrigéré, les transstockeurs sont une solution, affirme Franck Michel, responsable des systèmes automatisés Mecalux France. La productivité d’un tel système est de 2 à 5 fois supérieure à celle d’un système conventionnel, de telle sorte qu’on peut attendre un retour sur investissement de trois à sept ans, selon lui. L’investissement démarre à quelques centaines de milliers d’euros. « Avec 500 000 euros on peut être autonome en préparation de commande », avance-t-il. La limitation des ports de charges est aussi un autre but poursuivi par les industriels s’équipant en transstockeur. Mecalux automatise des entrepôts pour charges lourdes (des palettes 200 kg à 1,2 tonne) et installe aussi des transstockeurs à bacs où les opérateurs prélèvent les produits. Un client chocolatier industriel sous-traitant, et un groupement coopératif de restaurants se sont dotés d’un magasin automatisé pour charges légères ; plusieurs meuniers ont des transstockeurs à palette et des robots de picking associés, qui évitent aux opérateurs de porter des sacs lourds. Le logiciel de gestion « facile » d’entrepôt Easy WMS de Mecalux couvre tout le processus de la réception à l’expédition en passant par le stock.

« Difficile de trouver des gens pour travailler dans le froid », expliquait au salon Iffa 2022 le docteur Matthias Rumpelhardt devant le petit robot de « pick and place » du constructeur pour intralogistique GDI. « Sa diffusion commence dans l’industrie des viandes en Allemagne, chez les très grands industriels et aussi des industriels moyens, a-t-il informé. Grâce à l’intelligence artificielle, on apprend au robot à reconnaître les produits et leur position. Ce module d’IA ne demande pas de compétence spéciale. Par accompagnement manuel, on lui apprend aussi à remettre en place un produit mal positionné. »

Mutualiser l’intralogistique

À compter de 2023, LSDH va ouvrir sa plateforme du Loiret à d’autres fournisseurs extérieurs qui auraient des besoins similaires. Dans l’entrepôt GT Logistics de Biscuit International, la gestionnaire fait savoir qu’il reste 3 000 à 4 000 emplacements de palettes, le double si les palettes sont posées l’une sur l’autre. « Ces emplacements conviendraient à des produits d’épicerie destinés aux mêmes distributeurs que notre client », indique Jessica Loiseil.

Sabarot a internalisé stock et préparation de commandes

Après avoir déporté ses stocks chez ses clients, puis externalisé ses stocks, la société Sabarot Wassner, en croissance importante depuis dix ans, a choisi de stocker elle-même ses produits secs (légumineuses, champignons et céréales). Ces produits sont conditionnés en étuis, boîtes ou pots pour particuliers ou en sacs de 25 kg et cartons de 5 kg. Son directeur industriel, Thomas Morin, a expliqué pourquoi et comment.

Il y a quatre ans, l’industriel du légume sec Sabarot a décidé d’externaliser son stock et sa préparation de commandes, ne gardant que les flux pour le grand export et ses clients locaux. L’entrepôt de son prestataire était en région lyonnaise. Après un temps de réflexion, l’entreprise a fait le choix opposé d’internaliser l’ensemble de son stock et sa préparation de commandes. Trois motifs donnés : rester ancrée dans le Velay ; maîtriser pleinement la préparation de commande et de conserver de la flexibilité (« La réactivité fait notre force », justifie Thomas Morin) ; le calcul économique.

Sabarot a mis en service il y a six mois un magasin de grande hauteur automatisé, qui laisse des possibilités d’extension ultérieure et limite le recours à une main-d’œuvre en trois-huit. « Un premier bilan d’étape réalisé il y a un mois et demi montre que nous sommes dans les clous ; mais il est trop tôt pour calculer l’économie », indique Thomas Morin. La préparation de commande reste manuelle dans un premier temps (le but à terme étant d’automatiser au maximum). Mais comme le magasin de préparation est à distance des unités de production (jusqu’à plusieurs centaines de mètres), l’industriel a acquis cinq transpalettes automatisés. Ceux-ci font la navette entre les lignes de production, le magasin de stockage et le magasin de préparation manuelle. Cet équipement présente l’avantage de la sécurité et d’un moindre besoin de caristes en trois-huit. « Le retour sur investissement de ces AGV est relativement rapide », commente Thomas Morin.

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