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Loi Alimentation
Un nouveau débouché en vue pour les Siqo

Vendredi 4 octobre au Sommet de l’élevage, l’Inao a organisé une conférence sur l’application de l’article 24 de la loi Alimentation et ses effets sur les filières d’élevage et la restauration collective. Compte rendu.

André Barlier, directeur adjoint de l’Inao.
© C. J. /Apap

À partir de 2022 dans la restauration collective, les assiettes devront contenir au moins 50 % de produits sous signes officiels de qualité et 20 % de bio. Une aubaine pour les filières d’élevage ? L’Inao pense que la loi Alimentation constitue effectivement une opportunité. « L’article 24 représente un levier pour une montée en gamme des filières d’élevage », a indiqué André Barlier, directeur adjoint de l’Inao au Sommet de l’élevage le 4 octobre. Du côté de la restauration collective, la loi s’inscrit dans la mouvance actuelle de replacer le consommateur au cœur des préoccupations et d’améliorer la qualité des repas…, mais elle soulève bien des questions quant à sa mise en place.

Deux ans, c’est court ! « Le réseau de la restauration collective est très diversifié avec des pratiques d’achat très contrastées. La chaîne est longue et l’approvisionnement réglementé par le Code des marchés publics. Il va falloir que les produits existent et qu’ils soient dans les circuits de distribution ! » a souligné Marie-Cécile Rollin, directrice du réseau Restau'co.

Il va falloir travailler ensemble et échanger

« La clé, c’est le partenariat. Il va falloir travailler ensemble et échanger : les solutions se trouveront à l’échelle locale », a ajouté Béatrice Berthoux, vice-présidente aux lycées du conseil régional Aura. En Auvergne-Rhône-Alpes, le programme La Région dans mon assiette incite les lycées à introduire 60 % de produits locaux dans leurs menus. Une plateforme a été créée pour cadrer les marchés entre fournisseurs et acheteurs avec un parti pris « payer le juste prix ». Et c’est justement là que cela risque de coincer : le prix.

Pas de prix garanti aux éleveurs

« La loi Egalim crée une dynamique, mais il n’y a pas de prix garanti aux éleveurs. Si on veut atteindre l’objectif de créer de la plus-value, il faut une tarification qui tienne compte du coût de revient », ont souligné les représentants de la Sicaba-Adet * qui livre Sodexo et Elior. Et si surcoût il y a, qui va payer ? « En fonction des choix, ce surcoût plus ou moins important peut être compensé en partie. Il y a des économies à réaliser, notamment sur la lutte contre le gaspillage. Il faut aussi tirer parti des programmes de soutien existants, comme "lait et fruits dans les écoles " ou les programmes alimentaires territoriaux », a commenté Marie-Lise Molinier du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux.

L’autre contrainte des filières d’élevage, c’est l’équilibre matière. « On ne peut pas élever un poulet pour ne manger que le blanc ! » a relevé Pierre Cabrit, président de la Fédération label Rouge, IG et STG dans l’Aveyron. Les acteurs de la production le reconnaissent : ils ont jusqu’à présent peu investi ce secteur de la restauration collective. « Nous ne sommes pas assez présents. Il faut qu’on s’y intéresse, car il y a des enjeux, notamment celui de faire progresser nos éleveurs sous signe officiel de qualité et aussi celui d’éduquer les jeunes au goût, ce qui démarre dès l’école », a avoué Pierre Cabrit.

Les filières d’élevage ont aussi conscience que les modes de consommation évoluent et qu’elles devront « changer de braquet et être plus réactives en proposant notamment de l’élaboré sous signe officiel de qualité ».

* Viandes du Bourbonnais sous signes officiels de qualité (ODG et abattoir)

Se prémunir contre la concurrence étrangère

Selon les produits considérés, la production nationale pourrait ne pas suffire à fournir la demande, même si des marges de manœuvre existent sur la viande label Rouge et la certification environnementale. « Il faut travailler ensemble pour anticiper. Les restaurants doivent apporter l’assurance qu’ils vont acheter pour que les producteurs mettent en place les volumes et les conditionnements appropriés », a relevé Marie-Cécile Rollin. Si elles sont prêtes à faire des efforts pour s’organiser et pour s’équiper afin de répondre aux appels d’offres, les filières d’élevage se demandent dans le même temps comment elles vont se prémunir de la concurrence des importations, notamment concernant l’approvisionnement bio.
 

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