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S’approvisionner en beurre est de plus en plus tendu

Une chose est claire, les disponibilités sur le marché du beurre vont rester très tendues dans les mois qui viennent. L’évolution des prix dépendra de la tenue de la demande, difficile à anticiper.

© Stéphane Leitenberger

Depuis le début de l’année, la collecte laitière française est continuellement restée sous son niveau de 2021 et sous celui de sa moyenne quinquennale. Même si les prix du lait étaient en nette progression, la baisse du cheptel et la hausse des coûts de production ont plombé la production. Vu la saison et alors que Météo France anticipe des nouvelles chaleurs cet été, aucun changement de ton n’est à anticiper. Face à des volumes en baisse, les industriels ont dû faire des choix pour leurs fabrications. La matière grasse a notamment été orientée vers la crème, très demandée, qui bénéficie de prix si élevés que cela n’encourage pas à la baratter. Ainsi, au premier trimestre, les fabrications françaises de beurre ont chuté de 1,1 % par rapport à une même période de 2021 déjà en repli, tandis que celles de crèmes progressaient de 5,4 %, selon FranceAgriMer. « Les stocks sont à des niveaux très bas. Or, normalement, on produit au premier semestre pour alimenter le second, la tension est extrême », s’inquiète Loïc Molères, responsable des affaires économiques à l’Atla.

Des utilisateurs dépendants du beurre français

Les utilisateurs français ont tardé à se couvrir, adoptant une stratégie de court terme. Les prix élevés, dès l’automne 2021, incitaient à la prudence et beaucoup ont attendu le printemps et le pic de collecte, espérant une détente. « Il est aussi difficile de se couvrir sur du long terme, car les vendeurs eux-mêmes ne sont pas sûrs de leurs disponibilités et hésitent à s’engager », ajoute Loïc Molères. Face aux prix élevés, les utilisateurs n’ont eu d’autres solutions que faire le dos rond pour le moment. Les prix des matières grasses végétales se sont envolés au premier semestre et les approvisionnements étaient aléatoires à cause de la guerre en Ukraine, ce qui n’encourageait pas à des changements de recettes.

Les importations n’étaient pas non plus une solution, puisque toute l’Europe est confrontée à la même situation, les fabrications communautaires de beurre se sont repliées de plus de 3 % au premier trimestre. De plus, « après l’envolée des cours de 2017, certains industriels ont fait le choix de reformuler les listes d’ingrédients pour s’appuyer davantage sur la matière grasse végétale. Ceux qui restent sont ceux qui mentionnent "pur beurre" ou "beurre origine France" sur leurs produits », explique Loïc Molères. Ils sont donc dépendants du beurre français et ont contribué à maintenir une bonne demande.

Les prix peuvent-ils encore progresser ?

« Ce qui est sûr, c’est que l’offre ne va pas reprendre sur le reste de 2022, mais la tenue de la demande est difficile à évaluer », constate Loïc Molères. Car l’inflation pèse sur le budget des consommateurs et les ventes alimentaires reculent nettement depuis le printemps. D’autant plus que les prix au détail devraient continuer de monter. « Les prix des produits transformés n’ont pas encore autant augmenté que ceux des matières premières, mais face aux marges très réduites, il est urgent de répercuter. Des alertes rouges se profilent », s’inquiète Loïc Molères. Il est donc bien possible que la demande recule dans les mois qui viennent, mais si elle recule moins vite que l’offre, de nouvelles hausses des prix du beurre sont à anticiper.

Évolution de la cotation spot du beurre cube

La cotation spot Atla du beurre cube a grimpé de près de 30 % entre janvier et juin 2022, et a dépassé en avril son précédent record de 2017, qui avait poussé de nombreux utilisateurs à faire évoluer leurs formulations. L’offre est limitée, dans un contexte de collecte molle, et va se réduire encore au second semestre.

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