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Pourquoi le bœuf canadien n’est plus une menace pour l’UE actuellement

En pleine décapitalisation, la filière bovine canadienne est confrontée à des difficultés liées à la baisse de la consommation intérieure et au dérèglement climatique. Les exportations, qui restent toniques, sont avant tout destinées à l’Asie et l’UE n’est plus en ligne de mire, contrairement aux craintes lors de la signature du CETA. 

Le déficit hydrique et la hausse de l'aliment ont conduit certains éleveurs bovins canadiens à décapitaliser.
© Image générée par l'IA

En 2022, le Canada n’a pas été épargné par la flambée des prix des céréales, qui ont fortement renchérit les prix de l’aliment des bovins. Puis, courant 2023, les deux plus grandes régions de production de viande bovine au Canada, l’Alberta et le Sakatchewan, ont été les plus touchées par la sécheresse, qui a commencé dès le printemps. Les éleveurs ont été contraints de décapitaliser, car les réserves de fourrages étaient vides au regard des conditions météos de ces six dernières années. C’est pourquoi les abattages ont été dynamiques en 2022 comme en 2023. 

Lire l'article plus récent : Au Sénat, qui a défendu le CETA le 21 mars ?

Nouveau recul des abattages canadiens en 2024

En 2023, le nombre de vaches en Amérique du Nord a atteint son plus bas niveau depuis 1962 selon les données de l’USDA. Avec les tensions sur les disponibilités fourragères, et les prix élevés sur le marché, les éleveurs proches de la retraite étaient incités à vendre leurs animaux et arrêter leur activité, lit-on dans la presse agricole locale. 

La production de jeunes bovins est donc en chute libre, ce qui devrait se traduire sur les abattages de 2024, attendus en recul de près de 5 % par rapport à 2023. Si la météo s’améliore, notamment la pluviométrie et qu’un mouvement de recapitalisation arrive, il faudra attendre le second semestre 2025 pour voir l’offre augmenter. En parallèle, les importations de broutards américains, ainsi que de maïs pour les engraisser, ont augmenté. 

Lire aussi : Qui fait grimper la production mondiale de viande bovine ?

Les Canadiens consomment moins de bœuf 

Cette chute des disponibilités de taurillons s’est traduite par une flambée des prix à la consommation. Les Canadiens n’ont jamais consommé aussi peu de viande bovine ces dernières années qu’en 2023 (24,5 kg/hab, -6 %) et ce chiffre devrait passer sous la barre des 24 kg/habitant en 2024, selon l’USDA. 

Lire aussi : Après le Ceta, les importations de fromage ont augmenté au Canada

Des exportations tournées vers l’Asie 

Si la production a reculé, les exportations se sont à peu près maintenues avec la baisse de consommation. Mais elles sont surtout destinées vers l’Indo-Pacifique. 

Des barrières non tarifaires vers l’Union européenne

Alors que le bœuf canadien avait été perçu comme une menace à l’époque de la signature de l’accord de libre échange CETA, le pays d’Amérique du Nord n’a fourni que 0,4 % de la viande bovine importée par l’UE sur les 10 premiers mois de 2023, avec 1 264 tonnes, soit 34 % de moins qu’un an plus tôt. Les quotas autorisés dans le cadre du CETA sont de 65 000 tonnes sans droits de douane. Le lavage des carcasses pratiqué par de nombreux abattoirs au Canada n’est pas autorisé en Union européenne. Même si ces barrières se levaient, le Canada ne serait pas un fournisseur très pertinent pour l’Europe face à l’Australie, où la production est de nouveau dynamique, ou face au Brésil très compétitif. Les exportateurs canadiens espèrent néanmoins trouver une place sur le vieux continent, notamment en restauration hors domicile, comme la production en Europe chute plus vite que la consommation. A l’inverse, les importations canadiennes de viandes bovines européennes ont progressé. Il s’agit en réalité de viande de veau, qui a le même code douanier, à destination notamment du Québec. 

Une filière bovine canadienne soulagée de l’échec des négociations avec le Royaume-Uni

Les négociations entre Londres et Ottawa en vue de pérenniser un accord de libre-échange mis en place après le Brexit ont échoué en janvier, apprend-on par la presse britannique qui déplore le manque de poids des Anglais dans le commerce mondial. Une bonne nouvelle a priori pour les opérateurs de la viande bovine et porcine au Canada, qui s’y étaient vivement opposés au printemps dernier, faute d’avoir un vrai accès au marché britannique. Dans le cadre de l’accord intérimaire (Accord de continuité commerciale Canada–Royaume-Uni) qui reproduit l’Accord économique et commercial global (AECG), le Royaume-Uni a exporté au cours des deux dernières années plus de 7 000 tonnes de bœuf d’une valeur de près de 27 millions d'euros vers le Canada. En revanche, le Canada a exporté 657 tonnes de bœuf d’une valeur de 5,2 millions d'euros vers le Royaume-Uni en 2021 et aucune en 2022.

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