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Poulet importé d’Ukraine : « Il est difficile de nous accuser de déstabiliser le marché »

De passage à Vienne (Autriche) à l’occasion du Feed Info Summit où il intervenait le 22 septembre pour dresser un panorama de l’impact de la guerre sur l’agriculture et l’agroalimentaire ukrainiens, John Rich, directeur exécutif de MHP, est revenu pour Les Marchés sur la stratégie du groupe volailler, et se défend de perturber le marché européen de la volaille.

John Rich, directeur exécutif de MHP
John Rich, directeur exécutif de MHP
© Yanne Boloh

Les Marchés : Vous êtes pointés du doigt comme fragilisant la production européenne de volailles ?

John Rich : Il est difficile de nous accuser de déstabiliser un tel marché car la capacité de production de l’Ukraine est impactée fortement par la guerre qui perturbe aussi la logistique, l’accès aux capitaux et même aux assurances, il est très improbable que l’Ukraine excède ou même atteigne les 2% du marché de l’UE.

Vous avez cependant fortement progressé dans l’UE ces deux dernières années?

John Rich : L’Ukraine a effectivement développé ses ventes de volaille dans l’UE, passant de 124 000 t en 2019 qui étaient à l’époque réalisés à 100% par notre entreprise, à 246 000 t prévues sur 2023 dont 70% par MHP (soit 172 000 t ndlr).  

Il faut d’abord noter qu’une part importante de ces flux est destinée à la réexportation vers le Royaume-Uni dans le cadre des accords de libre échange notamment via les Pays Bas. Je tiens aussi à indiquer que la Commission européenne multiplie les tonnages par 1,4 quand il s’agit, comme nous, d’exportation de filets de poulet ce qui naturellement gonfle les chiffres. Ensuite, comme nous avons pu indiquer à la Commission européenne, l’UE a accueilli 5 millions d’Ukrainiens qui consomment en moyenne 25 kg par personne ce qui représente environ 100 000 t.

Vous êtes leader de la production et de l’exportation ukrainiennes

John Rich : Effectivement, nous sommes le principal producteur du pays, mais notre part de marché s’est réduit car l’Ukraine possède désormais 4 autres entreprises avicoles exportatrices. Notre stratégie est d’accompagner l’évolution des modes de consommation. Dans 5 ans, nous estimons que 70% des ventes se feront sur des produits transformés et non des commodités. Le fait de posséder un réseau de près de 200 magasins de détail nous permet de suivre les tendances.

Comment voyez-vous votre développement ?

John Rich : Face aux challenges géopolitiques, l’entreprise veut développer ses implantations à l’international dans trois zones prioritaires : l’Union Européenne et, surtout, le Royaume-Uni, ainsi que le Moyen-Orient, notamment l’Arabie Saoudite où nous venons de nouer un premier accord en génétique aviaire (parentaux et accouvage).

Nous allons naturellement accroître nos activités dans les différents pays où nous sommes déjà présent, notamment la Croatie. Nous sommes surtout positionnés vers le food service, les ventes au détail étant moins rémunératrices.


MHP, leader de la volaille ukrainienne

Fondé en 2002 en attirant des acteurs de la finance internationale (présence sur le London stock exchange depuis 2008), MHP a connu une croissance rapide en s’appuyant sur le modèle d’intégration. L’entreprise emploie 3500 personnes dont 2700 en Ukraine. A l’amont, elle y exploite 348 300 hectares, loués à 1700 fermiers (contrats de locations de 5 à 25 ans). Parmi les principaux producteurs de céréales du pays, MHP possède trois usines d’aliments pour animaux, trois usines de trituration de tournesol (dont il consomme les tourteaux), deux usines de trituration de soja et deux complexes de biogaz. L’exportation a réellement démarré dans les années 2012-2014 et, en 2019, MHP passe un cap en rachetant la société slovène Perutnina Ptuj. Egalement intégrée verticalement, elle opère en Slovénie, en Croatie, en Bosnie et en Serbie et elle exporte principalement en Suisse, en Australie et en Roumanie.

Retour à la croissance en 2023

Le 25 septembre, MHP a communiqué ses résultats pour le second trimestre et le premier semestre qui se terminaient le 30 juin 2023. Il indique que les opérations ont pu se poursuivre quasiment à pleine capacité et n’ont pas subit de dommages directs significatifs. Après une année 2022 très difficile, la production de volailles en Ukraine a progressé de 4% sur le premier semestre 2023 (à 359 332 t) et la production de ses filiales en UE de 9% à 65 087 t. L’exportation toutes destinations à partir de l’Ukraine a progressé de 34% à 212 165 t.

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