Porc : Quel bilan pour le Royaume-Uni cinq ans après le Brexit ?
Les cinq dernières années ont été une période mouvementée pour l'industrie porcine britannique. Le commerce et la production de porcs ont été affectés par le Brexit, la crise sanitaire du COVID-19 et les pressions économiques et géopolitiques mondiales.
Les cinq dernières années ont été une période mouvementée pour l'industrie porcine britannique. Le commerce et la production de porcs ont été affectés par le Brexit, la crise sanitaire du COVID-19 et les pressions économiques et géopolitiques mondiales.

L’industrie de la viande britannique a connu une pénurie de main-d‘œuvre et notamment de bouchers entre 2019 et 2024, rapporte ADHB. Le Brexit a entraîné un départ des travailleurs européens, qui occupaient des rôles clés dans le secteur agricole et industriel. Les restrictions imposées par le COVID-19 ont aggravé la situation, mais également ralenti la production dans le secteur porcin.
Le Royaume-Uni a fait évoluer ses importations post-Brexit
En 2019, dernière année avant l'entrée en vigueur du Brexit, le Royaume-Uni a importé 232 000 tonnes de pièces de porc avec os. En 2024, ces importations sont tombées à 141 000 tec, soit une baisse de 39 %. Tandis que les importations de pièces désossées ont progressé de 3% sur la même période, face au manque de main d’œuvre.
Des exportations britanniques de porcs en berne
Depuis le Brexit, le commerce du porc a ralenti du Royaume-Uni vers l’UE, en cause : une circulation plus difficile et plus coûteuse des marchandises aux frontières britanniques et des retards et des exigences accrues en matière de formalités administratives. Ainsi, l’UE a réduit ses importations de viande britannique de 51%. En 2024, l’UE comptait pour 42% des 298 100 tonnes de viandes porcines exportées par le Royaume Uni.
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Exporter vers les pays hors UE ne semble pas très rémunérateur pour la Grande Bretagne
Le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne a permis au pays de négocier des accords de libre-échange et de rejoindre des blocs commerciaux internationaux, comme le CPTPP, qui prévoit une suppression des droits de douane pouvant atteindre 20 % sur les exportations de porc vers le Mexique. Ainsi, les envois britanniques vers les marchés non européens sont en progression.
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Mais les exportations de porc britannique, d’une valeur de 505 millions de livres sterling (soit 599 millions d’euros), restent modestes comparées aux importations, qui atteignent plus de 2,95 milliards de livres sterling (soit 3,50 milliards d’euros). En effet, les exportations de porc comprennent moins de pièces nobles que les importations.
La Chine, un partenaire stratégique mais instable durant la pandémie Covid 19
Durant ces cinq années, l’apparition de la peste porcine africaine en Asie, en particulier en Chine, a entraîné une augmentation des exportations britanniques de viande de porc dans un premier temps. Toutefois, à mesure que la production nationale chinoise se redressait et que les effets économiques de la pandémie de COVID-19 se faisaient sentir, les importations chinoises ont chuté. Durant la pandémie, plusieurs usines de transformation du porc britanniques ont perdu leur agrément sur le marché chinois, ce qui a fortement limité leur accès au marché chinois qui est très important pour les ventes d’abats et de coproduits de porc.
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La production de porc britannique s’est fragilisée
Au cours des cinq dernières années, le nombre de porcs au Royaume-Uni a considérablement diminué. Le cheptel de femelles reproductrices s'élevait à 327 000 têtes en juin 2024, contre 413 000 têtes en 2019.
Des coûts de production en hausse
La production porcine britannique a été confrontée à une forte augmentation des coûts de production au cours des cinq dernières années. Outre le manque de main-d’œuvre et l’inflation, la guerre en Ukraine a provoqué une flambée des prix mondiaux des aliments pour animaux. Or l’alimentation représente environ 65 % du coût de production des porcs dans le pays.
Par ailleurs, l'accumulation de stock de porcs en 2021, causé par des pénuries de main-d’œuvre et des retards dans la transformation, a engendré une offre excédentaire sur le marché intérieur. Cette situation a entraîné une forte baisse des prix, aggravant ainsi les difficultés financières des producteurs.
La combinaison de ces facteurs a exercé une pression financière considérable sur les producteurs britanniques, dont les marges nettes ont été réduites d’environ 58 livres sterling (68,74 €) par tête.
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