Aller au contenu principal

Porc : en Chine, la Russie profite de la guerre commerciale

Depuis qu’elle a reçu l’agrément de Pékin, la Russie exporte activement viandes et abats de porc vers la Chine. Le pays pourrait tirer profit des tensions commerciales en cours pour renforcer ses ventes sur le marché chinois mais également sur le marché international.

viande de porc dans un abattoir russe. agroalimentaire.
La Russie compte augmenter de 30 % ses exportations de produits porcins.
© Claudine Gérard

Les exportations de porc et de sous-produits russes ont débuté en mars 2024, vers la Chine continentale. Depuis, celles-ci se développent activement. Dès la fin d’année dernière, la Chine s’est positionnée comme la troisième destination du porc russe. 

La Russie consolide ses exportations de porc vers la Chine 

Ce premier semestre 2025, 35 800 tonnes de produits porcins russes ont été exportés vers la Chine, soit 2,9 fois plus que l’an passé. Les envois d’abats ont, quant à eux, atteint 16 000 tonnes, un volume 4,4 fois supérieur à celui de l’an dernier.

Dans le cas d’un élargissement de la liste des entreprises russes certifiées pour exporter vers la Chine, les volumes pourraient croître de manière significative

Selon l’analyse de Ilya Ilyushin, directeur du Centre fédéral Agroexport, rapportés par le média russe AGROEXPORT « Les expéditions de porc et de sous-produits vers la Chine continuent de prendre de l’ampleur. En avril 2025, les envois ont dépassé pour la première fois 7 000 tonnes, et en mai ils atteignaient déjà 8 500 tonnes. Dans le cas d’un élargissement de la liste des entreprises russes certifiées pour exporter vers la Chine, les volumes pourraient croître de manière significative. »

Ce média rapporte également que, selon les prévisions préliminaires de Yuri Kovalev, directeur général de l’Union nationale des éleveurs de porcs, les expéditions russes de porc et sous-produits vers la Chine pourraient doubler cette année pour atteindre 80 000 tonnes. 

Lire aussi : Volaille : accord sur la réouverture du marché chinois pour les exportations polonaises 

Le porc russe avantagé par les taxes chinoises

En ce contexte de guerre commerciale, les exportations européennes et américaines de porc subissent de plein fouet le renchérissement des droits de douane chinois. Les deux zones économiques, en conflit avec la Chine, ont vu un relèvement des barrières tarifaires cette année par Pékin.

Depuis le 10 septembre, la majorité des envois européens de produits porcins supportent une taxe supplémentaire de 20 %, portant le total à 32 % de droits douaniers. Aux États-Unis, la facture est encore plus lourde, avec les expéditions de viandes et d’abats de porc qui sont taxées à 57 % malgré la trêve tarifaire entre les deux pays.
À l’inverse, la Russie conserve un avantage compétitif sur ses ventes vers la Chine, qui ne sont soumises qu’au tarif commun à tous les pays de 12 %.

Le porc russe concurrence l’Europe et les États-Unis 

Au cours des six premiers mois de cette année, la Russie a fourni près de 190 000 tonnes de porc et de sous-produits aux marchés étrangers pour une valeur de plus de 500 millions de dollars selon Agroexport, dont 137 800 tonnes de viandes porcines. Le volume des exportations a grimpé de 53 % par rapport à janvier-juin 2024. Le pays prévoit une hausse de 30 % de ses expéditions porcines par rapport à 2024. Les exportations pourraient ainsi dépasser 400 000 tonnes pour une valeur estimée à 849 millions d’euros. 

La Biélorussie reste le premier acheteur du porc russe avec 56 400 tonnes importées au premier semestre, suivie du Vietnam, deuxième destination avec 35 200 tonnes.
À ce jour, les exportateurs russes ont accès à plus de 100 marchés, avec des livraisons régulières dans environ 60 pays.

Lire aussi :Le porc européen plus compétitif que l’origine États-Unis, quel impact sur les exportations ? 

Les Philippines dans le viseur des Russes

La Russie ambitionne désormais de pénétrer d’autres marchés très concurrentiels, comme celui des Philippines. Ce pays représente un marché en croissance, encore fortement dépendant des importations américaines et européennes. Sergueï Iouchine, le président de l’Association nationale de la viande (NMA) a indiqué lors du salon alimentaire WOFEX-2025 à Manille, que des livraisons de porc russe pourraient débuter dès cette année dans le pays. 

Les plus lus

au premier plan, tête de boeuf, dans un marché aux bestiaux
DNC : quel impact sur les prix des broutards, petits veaux, jeunes bovins et vaches ?

Alors que le marché des bovins dans son ensemble était dans une conjoncture très favorable et rarement vue, la dermatose…

Poulets standard européen
Poulet : plus de 300 €/100 kg, le marché européen s’emballe

Les prix européens du poulet s’envolent, car la production progresse moins vite que la consommation. Si l’Ukraine est un peu…

Porc : « le choix de la Chine de cibler l’agriculture européenne n’est pas anodin »

Les Marchés ont échangé avec Simon Lacoume, économiste sectoriel chez Coface, expert mondial en assurance-crédit, pour…

personnes sur une scène
Culture Viande : « Sans abattoir ni ateliers, il n’y a pas de valorisation de la production française »

Lors du congrès annuel de Culture viande, les industriels ont pointé leurs intérêts convergents avec ceux de l’élevage, en…

Jérôme Foucault
Négociations commerciales : « Ce qui est transformé en France, issu de l’agriculture française, doit être négocié en France ! »

À moins de deux mois du début des négociations commerciales, Jérôme Foucault, président de Pact’alim qui représente des PME et…

poussins
Ovosexage : fin de l’accord de financement, qui va payer ?

Le CNPO annonce anticiper la fin de l’accord sur le financement de l’ovosexage, douloureusement négocié il y a huit mois, car…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio