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Pénurie en France, tensions sur la planète

Les exportations européennes de beurre ont reculé de 19,5 % au premier semestre.
© Stéphane LEITENBERGER

La consommation mondiale de beurre a progressé de 11,7 % entre 2013 et 2017, selon les estimations de l’USDA, tandis que la production ne progressait que de 11 %. En 2015 et début 2016, plusieurs pays avaient ralenti leurs achats, certains par manque de devises à la suite de la baisse du pétrole, d’autres, comme la Chine, après le ralentissement de la croissance économique. Or, ils ont fait leur retour sur la scène internationale dès le second semestre 2016.

La Russie, principal importateur mondial de beurre, a vu ses achats bondir de 21 % sur les cinq premiers mois de 2017, selon Bruxelles. Le Mexique, deuxième sur le podium affiche des achats en hausse de 13 % au premier semestre. Seuls les États-Unis se sont mis en retrait (-21 % sur six mois), sur fond de progression de leur collecte laitière (+1,4 %). Les importations chinoises de beurre sont aussi en plein essor : +7 % au premier semestre.

L’Occident n’est pas en reste, les consommateurs sont revenus vers le beurre, qui n’est plus jugé néfaste pour la santé. Les achats des ménages comme les utilisations industrielles ont progressé.

Les fabrications européennes de beurre ont chuté de 6 % au premier semestre

Dans le même temps, les disponibilités sont limitées. Les fabrications européennes de beurre ont chuté de 6 % au premier semestre, les industriels privilégiant le fromage (+1,2 %) et la crème (+3 %), alors plus rentables. Les stocks de beurre ont été siphonnés. Le stockage privé concernait 143 587 tonnes fin 2016, selon Bruxelles, et seulement 227 tonnes fin juin 2017.

La collecte laitière européenne peine par ailleurs à se ressaisir après la crise du lait, et s’affichait en retrait de 1,4 % au premier semestre. La qualité du lait elle-même est en question, comme en France où en cumul sur le premier semestre, la teneur en matière grasse du lait était inférieure de 0,18 g/l à celle de l’an dernier, selon FranceAgriMer. Alors que l’heure est à la baisse saisonnière des volumes, les opérateurs s’avouent inquiets.

Où se situe le plafond ?

Certains opérateurs estiment que l’escalade des cours va s’essouffler. L’Europe n’est plus compétitive sur la scène internationale, avec un écart de prix qui se creuse avec les autres bassins. Sur le marché mondial, en dollar, fin août, le beurre européen était près de 10 % plus cher que l’origine Océanie et 14 % au-dessus du prix américain. La matière grasse européenne devrait par conséquent rester dans l’Union européenne. Les exportations sont d’ailleurs passées de 125 000 t au premier semestre 2016 à 100 600 t en 2017. Les acheteurs sont attentistes et le marché est au point mort depuis plusieurs semaines, avec seulement les achats nécessaires.

Les industriels qui le peuvent mettent en place des recettes de substitution. Néanmoins, le niveau élevé des prix devrait rester de mise à moyen terme. Car la flambée du beurre ne se traduit pas entièrement sur le prix du lait, puisque les cours des protéines laitières, sont, quant à eux, au plus bas. Les stocks européens de poudres sont pléthoriques et le réveil des exportations de l’Union européenne – +35 % pour la poudre maigre au premier semestre – n’est pas encore suffisant pour alléger le marché.

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