« Nous ne transposerons pas de la même manière le modèle de Mercadona »
Les Marchés Hebdo : Pourquoi avez-vous signé avec un Américain pour fabriquer les yaourts de la Marque U ?
Serge Papin : Nous voulons faire de la marque U la marque préférée de nos clients. Nous nous sommes fixé le cap de 2022 pour dépasser la part symbolique des 50 % de volume sous la marque U. Et pour ça, il faut qu’elle se singularise. Nous avons déjà communiqué sur un certain nombre d’engagements, notamment sur des produits controversés, sur des engagements environnementaux dans le respect des filières. Nous voulons répondre à un objectif précis : être capable de le communiquer à nos clients. Il faut donc que l’on puisse avoir le contrôle de l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation. C’est dans cet esprit-là que nous avons conclu ce contrat avec Schreiber. Alors pourquoi lui ? Parce que nous cherchions un partenaire avec une triple capacité : l’investissement, le savoir-faire et l’exclusivité avec Système U. Un Français ne pouvait pas accepter l’exclusivité, ils ont d’autres clients.
LMH : Souhaitez-vous reproduire le modèle de Mercadona (enseigne de supermarchés espagnole) en France ?
S. P. : J’ai visité Mercadona il y a une dizaine d’années. J’ai été impressionné par le modèle. Mais il faut que les choses se fassent au bon moment. Nous ne transposerons pas le modèle de la même manière. Je vais prendre un exemple hors alimentaire. Pour nos lessives, nous avons l’exclusivité avec le groupe Persan en France. Nous partageons les budgets de recherche et développement, etc. Aujourd’hui, elle représente 20 % de la marque U. Avec Schreiber, l’usine sera en France, le lait sera français. Nous allons pouvoir agir sur la transformation, construire les chaînes de production sur le site. L’usine aura des capacités fromagères. Avec 47 000 tonnes, le site peut être saturé. Et c’est un partenariat de long terme puisque le contrat sera signé sur huit ans.
LMH : Est-ce un contrat tripartite avec les éleveurs ? Et souhaitez-vous développer d’autres partenariats en ce sens, et notamment dans la filière bovine ?
S. P. : Oui, la production sera intégrée dans ce partenariat. Il y aura des engagements sur les prix. Maintenant, nous avons un pied dans la transformation du lait. Nous avons une vingtaine de contrats tripartites, dans la volaille, le porc, le lait, les légumes, les fruits. Nous poussons pour que cela soit le modèle. Dans la filière bovine, nous sommes engagés dans le cœur de gamme. Il y a une forte régionalisation dans le bœuf. Je ne dis pas que l’on ne le fera pas. Il faut un tronc commun. Cela avance.