L’OMS préconise des politiques de prix
L’agence onusienne pour la santé somme les gouvernements d’orienter les régimes alimentaires par des taxes et subventions adaptées aux contextes nationaux.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé le 11 octobre dernier les gouvernements à taxer les boissons sucrées afin de combattre l’obésité, le diabète et la carie dentaire à travers le monde. Elle s’appuie sur un rapport qu’elle publie à l’issue d’une réunion d’experts mondiaux organisée à la mi-2015 à Genève (Suisse). Ce rapport, intitulé « fiscal policies for diet and prevention of non communicable diseases » (politiques fiscales d’alimentation et de prévention des maladies non transmissibles), synthétise les études réalisées sur onze politiques fiscales nationales. Les mesures fiscales que l’OMS recommande sont décrites dans le plan d’action mondiale pour la lutte contre les maladies non transmissibles 2013-2020. Le récent rapport apporte les « preuves » justifiant les outils économiques adaptés à leur contexte national, selon l’OMS : par le jeu de taxes et de subventions, un État est à même de décourager la consommation de produits mauvais pour la santé et encourager les aliments sains. Il est ainsi établi qu’on peut appliquer une taxation sur les boissons additionnées de sucre et obtenir une baisse proportionnelle de la consommation. L’élasticité de la demande en sodas est estimée entre 0,9 % ou de 1,3 % de la variation de prix. Cette élasticité est supérieure parmi les classes sociales à bas revenus, chez les jeunes et les personnes en surpoids. Les gros consommateurs de soda sont eux aussi susceptibles de réagir aux prix.
Expérience concluante au Mexique
L’exemple mexicain est édifiant. Une étude de l’Institut de santé publique du Mexique et de l’université de Caroline du Nord (États-Unis) montre qu’en un an de taxation des boissons sucrées à Mexico, à compter de janvier 2014, augmentant de 10 % leurs prix, les achats ont diminué de 6 %, avec une accélération de 12 % en décembre. Les catégories sociales les plus modestes ont diminué leurs achats de 9 % au cours de l’année et 17 % en décembre.
Fruits et légumes subventionnés aux États-Unis
L’OMS préconise à l’inverse de subventionner les aliments aux effets démontrés contre l’obésité. Elle met en avant l’expérience fédérale américaine : le Snap (supplemental nutrition assistance program) et l’expérience HIP (healthy incentive pilot), qui a montré qu’une subvention de 30 % des achats de fruits et légumes a fait augmenter la consommation de 26 % des participants. L’appel de l’OMS s’appuie aussi sur les expériences européennes, recensées dans un document publié en mars 2015 par l’OMS en Europe.
Un « défi majeur »
En 2014, 39 % des adultes étaient en surpoids au niveau mondial, estime l’OMS. La prévalence à l’obésité a presque doublé entre 1980 et 2014. Elle atteint 11 % des hommes et 15 % des femmes. En 2013, il était estimé que 42 millions d’enfants de moins de 5 ans (6,3 %) étaient en surpoids, contre 5 % en 2000. La plus forte progression concerne les continents asiatique et africain. La prévalence du diabète était estimée à 9 % en 2014. Facteurs incriminés : les aliments fortement caloriques, une consommation excessive de graisses saturées et d’acides gras trans, de sucre et de sel ajoutés. Pour l’OMS, les « maladies non transmissibles », que sont l’obésité et le diabète, constituent un « défi majeur », en particulier dans les pays en développement. Son plan d’action globale pour 2013 à 2020 comporte un ensemble d’actions comme les régimes sains, l’activité physique. Objectif : inverser les courbes de l’obésité et du diabète d’ici à 2025.