En octobre 2009, Lionel Bobot a publié un article sur les relations entre la grande distribution et les acteurs du commerce équitable. Sont-elles réellement coopératives ?
En étudiant le commerce équitable, Lionel Bobot a souhaité comprendre les règles qui régissent les relations entre les professionnels de ce marché et la grande distribution. L’objectif principal de cette étude était de vérifier si la négociation entre ces deux acteurs était bien coopérative. Comme le marché biologique, « le commerce équitable part d’une philosophie, puis se développe vers la GMS, même si le marché représente néanmoins des petites quantités. L’esprit de l’équitable finit par se perdre, les petits producteurs étant éloignés de la grande masse », explique Lionel Bobot. Avec l’installation récente (en avril dernier) de la tant attendue Commission nationale pour le commerce équitable (CNE), les acteurs de ce marché vont devoir repenser leurs relations avec la grande distribution.
Avec l’engouement de produits dits « responsables », les professionnels de l’équitable ont senti le besoin de toucher un plus large public. Or, pour Lionel Bobot, l’approche de négociation de prix utilisée par la grande distribution est en contradiction avec la philosophie même du commerce équitable, celle du prix « juste ». À l’instar du marché biologique, l’arrivée des marques de distributeur labellisées Max Havelaar a donné un pouvoir de négociation supplémentaire à la grande distribution. Certaines marques de distributeurs sont même labellisées « bio équitable », et viennent concurrencer les marques équitables. Selon Lionel Bobot, même si les négociations sont bien basées sur la coopération, les perspectives semblent inquiétantes, avec un rapport de force qui bascule du côté de la distribution. Les acteurs du commerce équitable vont devoir ainsi trouver de nouveaux moyens de contrebalancer ce pouvoir, les consommateurs ne comprenant pas toujours la présence de ces produits dans le circuit de la grande distribution.